Un hommage appuyé a été rendu, mercredi soir à Casablanca, à la mémoire du dramaturge et père du théâtre marocain, feu Tayeb Seddiki dans le cadre de la 22ème édition du Salon International de l'Edition et du Livre (SIEL) à l'initiative de la Fondation Tayeb Seddiki pour la Culture et la Création et le ministère de la Culture. Cette cérémonie solennelle, organisée en présence des membres de la famille du défunt et un grand nombre d'artistes marocains, a été ponctuée de lecture de poèmes et de scènes tirées des pièces de ce grand dramaturge connu par son génie et son apport au 4ème art national et arabe. Après la projection d'un film documentaire sur Tayeb Seddiki intitulé « Seddiki, conteur des temps contemporains », réalisé par Ayoub El Ayassi, le ministre du Tourisme, Lahcen Haddad a donné lecture à un poème dédié à ce grand monument du théâtre. Dramaturge, poète, romancier, cinéaste, calligraphe, peintre, Seddiki a emprunté différentes voies artistiques pour donner à voir et à entendre un univers et un imaginaire originaux qui ne laissent guère indifférent. Même en voulant se limiter au seul parcours théâtral de Tayeb Saddiki, la tâche s'avère ardue car encore une fois, l'artiste, depuis les années 1950, a multiplié les expériences et endossé plusieurs costumes : comédien, metteur en scène, chef de troupe, directeur de théâtre, traducteur, adaptateur et auteur. Un passeur car le dramaturge marocain a été l'un des premiers à faire découvrir à ses concitoyens les chefs-d'œuvre du théâtre mondial, d'abord en tant qu'adaptateur quand dès les années 1950, il met en scène plusieurs pièces étrangères puisées dans différents registres théâtraux allant du théâtre classique jusqu'au théâtre avant-gardiste : « Qisat al Hasna » d'après « La Légende de Lady Godiva » de Jean Carrole, « Mahjouba » d'après « L'Ecole des femmes » de Molière, « Fi Intidar Mabrouk » d'après « En attendant Godot » de Samuel Beckett, « Moummou Boukhorsa » d'après « Amédée ou comment s'en débarrasser » d'Eugène Ionesco. Il remplit son rôle de passeur aussi en tant qu'organisateur et directeur de théâtre. Durant les années pendant lesquelles il dirigea le théâtre municipal de Casablanca, il n'hésita pas à faire venir les troupes étrangères, arabes et occidentales pour se produire devant un public local habitué à un théâtre populaire qui n'a du théâtre que le nom, accomplissant ainsi une mission d'éducation artistique. Toutefois, l'adaptation ne représente qu'une phase du projet artistique de Tayeb Saddiki qui sera encore une fois l'un des premiers, mais cette fois-ci à l'échelle arabe, à proposer une nouvelle forme théâtrale, qualifié d' »authentique », puisqu'elle puise sa matière et sa fable dans le patrimoine culturel et artistique arabe en général et marocain en particulier, ce qui lui a valu le surnom de « maître expérimentateur ». Parmi ses pièces qui font aujourd'hui parties des classiques, il y a lieu de citer « Sidi Abbderahman al-Majdoub » (1967), « Al-Harraz » (1971) ou encore « Maqâmât Badi al-Zaman al-Hamadani » (1971).