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Avec la disparition du dramaturge Tayeb Saddiki : Le Théâtre arabe a perdu l'un de ses plus grands monuments
Publié dans L'opinion le 08 - 02 - 2016

La scène culturelle et artistique arabe a perdu l'un de ses plus grands monuments en la personne du doyen du Théâtre marocain Tayeb Saddiki qui s'est éteint vendredi soir à Casablanca à l'âge de 79 ans, des suites d'une longue maladie.
Artiste dans l'âme, Feu Tayeb Saddiki a passé les meilleurs moments de sa vie sur les planches, créant un univers dramatique qui lui est propre où se mêlent avec harmonie les formes traditionnelles et les exigences contemporaines, ce qui lui a permis de s'imposer comme l'un des grands dramaturges du monde arabe.
Que ce soit en sa qualité de dramaturge, de metteur en scène ou d'acteur, il a donné au théâtre national ses lettres de noblesse avec des œuvres qui resteront gravées à jamais dans la mémoire du public marocain.
Soucieux de transférer son savoir-faire et sa vision du monde, Feu Saddiki a formé tout au long de sa vie des générations de comédiens et de dramaturges, contribuant ainsi de manière significative à l'enrichissement et au développement du théâtre national.
Auteur de plusieurs dizaines d'adaptations de pièces étrangères, pièces originales ou écrites en collaboration, il met en scène aussi autant de pièces de théâtre, dont la plus célèbre, "Al Haraz", et remet au goût du jour certains des textes littéraires arabes, tels que le "Maqamat de Badii Ezzamen El Hamadani".
Natif d'Essaouira, Feu Saddiki a rejoint Casablanca pour y poursuivre ses études secondaires. Repéré très tôt par le dramaturge André Voisin qui en fera son assistant-interprète au milieu des années 1950, Saddiki ne tardera pas à se produire en France où son jeu séduit la critique de l'Hexagone. Ses prestations lui valent une recommandation auprès de Jean Vilar, alors directeur du théâtre national populaire (TNP) à Paris, chez qui il demeure de 1957 à 1959.
Cette expérience l'a aidé, par la suite, à développer une vision artistique originale dans ses débuts casablancais avec le théâtre travailliste (UMT), puis au niveau du Théâtre municipal.
Dans cet itinéraire artistique, Saddiki a aussi révélé ses talents de plasticien, de calligraphe, de cinéaste et de chroniqueur. Durant des décennies d'expérience, il a parcouru les registres du classique, de l'absurde notamment avec Ionescu et Beckett, avant de plonger dans les fresques historiques et la tradition dite aussi patrimoine avec Sidi Abderrahmane Al Mejdoub.
Il met en scène en arabe et en français, souvent simultanément, les grands textes de la littérature arabe. Il a été acteur, au cinéma, dans "Arrissala" de Mostafa Al Akkad (1976) et dans "La prière de l'absent" de Hamid Benani (1995). Il a aussi publié ses œuvres théâtrales "Le dîner de gala" (1990), "Les sept grains de beauté" (1991), "Molière ou l'amour de l'humanité" (1994), "Nous sommes faits pour nous entendre" (1997), "Eléphant et pantalons" (1997).
Avec la disparition de Tayeb Saddiki, le Maroc perd un grand homme qui a marqué de son empreinte le théâtre marocain et acquis une renommé qui a dépassé les frontières avec un style novateur et une touche artistique unique.
Un homme de théâtre engagé qui a marqué son époque
Plusieurs instances culturelles et syndicales ont déploré la disparition du dramaturge Tayeb Saddiki, décédé vendredi à Casablanca à l'âge de 79 ans.
Le bureau exécutif de l'alliance marocaine de propriété intellectuelle a fait part de sa profonde émotion et affliction suite au décès de cet intellectuel et grand homme de théâtre.
La disparition de Saddiki est une perte pour la famille artistique en général et du théâtre en particulier eu égard de la stature et au parcours singulier du défunt qui s'est investi des décennies durant dans la vie culturelle, et grâce auquel le théâtre marocain a connu un rayonnement et un bond qualitatif considérable, vu son expérience créative exceptionnelle, souligne un communiqué de l'Alliance, qui a présenté ses vives condoléances et ses sincères sentiments de consolation à la famille du défunt et à travers elle à la famille artistique.
Le Bureau marocain des droits d'auteur a pour sa part considéré que feu Tayeb Seddiki a été l'exemple de l'artiste talentueux et créatif, ce qui lui a valu la reconnaissance de tous au plan national et international.
Depuis son adhésion au Bureau marocain des droits d'auteur en 1956, le défunt n'a eu de cesse d'enrichir la scène artistique avec des œuvres traitant divers sujets reflétant une richesse intellectuelle féconde et distinguée.
Le syndicat national des professionnels du théâtre a, de son côté, exprimé sa profonde tristesse pour la disparition de l'un des grands noms de la culture marocaine, un artiste dans l'âme attaché aux valeurs du modernisme artistique dans sa dimension universelle et humaine, connu pour ses riches connaissances en histoire et en culture populaire marocaine et arabe, son esprit critique et son grand amour du théâtre universel.
Feu Saddiki qui a été soucieux de transférer son savoir-faire et sa vision du monde, a formé tout au long de sa vie des générations de comédiens et de dramaturges, contribuant ainsi de manière significative à l'enrichissement et au développement du théâtre national, souligne le syndicat.
Le regretté a révolutionné le théâtre national
Auteur de plusieurs dizaines d'adaptations de pièces étrangères, pièces originales ou écrites en collaboration, il met en scène aussi autant de pièces de théâtre, dont la plus célèbre, "Al Haraz", et remet au goût du jour certains des textes littéraires arabes, tels que le "Maqamat de Badii Ezzamen El Hamadani".
Plusieurs artistes ont souligné qu'avec la disparition du dramaturge Tayeb Saddiki, le Maroc, le monde arabe et le monde de la culture perdent l'une de leurs figures emblématiques.
Dans des déclarations à l'occasion des obsèques samedi à Casablanca de feu Saddiki, le dramaturge Abdelkrim Berrechid a souligné que Saddiki est le fondateur du théâtre marocain contemporain, notant que le regretté a révolutionné le théâtre national en intégrant l'art de la Helqa, tout en préservant le caractère authentique du patrimoine populaire marocain.
Et de rappeler que feu Saddiki est allé en France pour apprendre auprès de grands dramaturges avant de mener diverses expériences théâtrales.
Il s'agit en fait d'un "maître" qui a dévoué sa vie à la culture, a-t-il affirmé, rappelant que le Maroc est connu pour sa richesse culturelle qui intègre les composantes amazighe, africaine et islamique.
Avec la disparition de Saddiki, on ne peut que tourner une page glorieuse du Maroc et saluer tous ceux qui ont contribué à l'enrichissement de la culture nationale.
De son côté, l'artiste Mohamed Hassan Al-Joundi a rappelé les grandes œuvres du défunt, notant que Saddiki, qui vouait une grande passion au théâtre, a su rester fidèle à ce genre dramatique et est même parvenu à développer cet art.
Et de relever que le regretté excellait aussi dans la calligraphie, le dessin et le décor. Saddiki était un "grand monsieur" et un grand patriote, a ajouté M. Al-Joundi.
Quant à Abdelhaq Zerouali, il a regretté la perte de cet artiste inimitable, estimant que la disparition de Saddiki est une grande perte non seulement pour le théâtre marocain et arabe mais pour le théâtre dans le monde entier.
Le défunt a rendu des services inestimables au théâtre depuis plus de 60 ans et a lancé une expérience théâtrale inédite saluée au niveau mondial.
En l'absence d'instituts de théâtre, le regretté a joué un rôle majeur en matière d'encadrement des artistes en herbe, a-t-il souligné.
Le défunt a accompli sa mission de la plus belle manière et sa famille a joué le rôle à la fois d'atelier, d'un institut voire d'une école en matière de créativité.
Pour sa part, l'artiste Chaibia Adraoui a souligné que le défunt fait partie des grands artistes qui ont dévoué leurs vies au théâtre et à son développement, ajoutant que feu Saddiki a tendu sa main à tous ceux qui étaient passionnés par le théâtre.
Quant au réalisateur Chafik Shimi, il a estimé qu'avec la disparition de Saddiki, le monde de la créativité marocaine perd l'un de ses monuments ainsi que le père spirituel de tous ceux qui pratiquent aujourd'hui le théâtre, ajoutant que le regretté était un modèle à suivre.
Quant à l'artiste Naima Lemcherki, elle a souligné que le défunt a énormément donné au monde du théâtre et de la culture en général et mis en relief la richesse du patrimoine populaire national.
Feu Saddiki a formé plusieurs artistes marocains dont moi-même, a-t-elle dit, ajoutant que le regretté a réussi à faire connaître le théâtre marocain à plusieurs niveaux.


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