Après avoir occasionné les pires déficits que les Etats-Unis n'aient jamais connus, Georges Bush a annoncé gauchement un plan de relance devenu synonyme de récession. Le monde s'effondre, et avec lui a failli s'effondrer Casablanca. Mais le Maroc a plus de chances de s'en sortir que beaucoup de pays asiatiques trop dépendants des investissements étrangers sur leurs marchés boursiers. Il y a une date à l'évocation de laquelle tous les agents économiques frémissent, qu'il s'agisse de politiques, d'hommes d'affaires, de financiers, d'économistes ou de simples ménages. C'est celle de 1929, année d'un krach boursier marquant le début d'une crise sans précédent dans l'histoire de l'économie mondiale. Pour la première fois depuis la crise asiatique de 1998, l'ampleur et les conséquences désastreuses n'ont jamais été aussi présentes dans l'esprit des décideurs. Pour le moment, on est loin de ce fameux krach qui pousserait à tout rebâtir, mais tout le monde appréhende la récession éventuelle de l'économie américaine, que le reste du monde pourrait subir par effet domino. Les trois premières séances de la semaine n'ont pas été de tout repos pour les places financières internationales, même celles jugées très stables. L'indice de référence de la Bourse parisienne a enregistré une très forte baisse lundi et mercredi en cédant respectivement 6,83% et 4,25%. Scénario identique Sur les autres places européennes, le scénario a été identique. Lundi, Londres connaissait sa pire journée depuis les attentats du 11 septembre 2001, en se dépréciant de 5,48%. Mercredi, la Bourse de Londres a terminé en nette baisse. L'indice Footsie-100 des principales valeurs a terminé en baisse de 2,28% par rapport à la clôture de mardi. De même, à Francfort, le Dax a terminé mercredi sur une baisse de 4,88%, après s'être écrasé lundi en reculant de 7,2%. Sur les bourses asiatiques également, on a eu droit à un véritable lundi noir, avec des baisses allant de 7,5 à 9% pour les principales places que sont Hongkong, Shengen, Tokyo ou encore Bombay. Comment, après tous les efforts consentis pour stabiliser les marchés financiers internationaux, peut-on en arriver à une telle cavalcade ? On ne peut pas ne pas accuser les Etats-Unis d'avoir été à l'origine de ce krach bousier. En effet, depuis le début de la guerre en Irak, le Trésor Public Américain vit largement au dessus de ses moyens en finançant la guerre avec un énorme déficit budgétaire, ce qui a eu les conséquences que l'on connaît sur la balance des paiements et sur le dollar. A coté de cela, la vraie raison de la débandade sur les places internationales est venue de l'immobilier et des marchés des crédits hypothécaires qui servaient à la financer. Malgré les déficits américains générés par l'administration Bush, l'économie continue de fonctionner avec l'un des taux de chômage les plus faibles, autour de 4 à 5%, une croissance forte tirée surtout par l'immobilier. Or depuis un an pratiquement, la hausse continue des taux d'intérêt, inévitable du fait des déficits budgétaires et de la balance des paiements, a impacté les taux variables. Cette situation a fini par déteindre sur le marché de l'immobilier, principal pilier sur lequel reposait encore l'économie américaine. Ainsi est née la crise des subprimes ou des taux variables, qui coûte actuellement plusieurs points de croissance, des milliers d'emplois et surtout ce que l'Amérique a de plus cher, sa légendaire stabilité économique. Car, en s'effondrant, l'immobilier a entrainé le reste de l'économie. De grands groupes financiers américains, mais également européens et asiatiques, sont au bord du dépôt de bilan. Nouvelle dépréciation Après avoir constaté une provision d'actifs de 3 milliards de dollars au troisième trimestre 2007, la banque américaine Citigroup a procédé à une nouvelle dépréciation de 18 milliards de dollars au quatrième trimestre, générant une perte annuelle de 9,7 milliards de dollars en 2007, la première de son histoire. De même, Merrill Lynch, un autre géant bancaire américain, n'a pas pu se refaire, après avoir annoncé des pertes énormes au troisième trimestre. En effet, sur l'année 2007, la banque accuse une perte comptable de 7,8 milliards de dollars, ce qui a conduit à une dépréciation de sa valorisation de plus de 11 milliards de dollars. Clairement, pour ces deux géants américains, si rien n'est fait, la faillite est annoncée. Ailleurs, sans occasionner les mêmes dégâts, le bénéfice de la Commerzbank a été fortement érodé par la crise des subprimes. La Société générale a également annoncé une perte, due en partie à ces mêmes crédits hypothécaires à taux variables. En Chine aussi, le scénario est le même. Comme si cela ne suffisait pas, Georges Bush annonce une subvention de 150 milliards de dollars, la première de cette importance dans l'histoire américaine, afin d'éviter une récession. Même si le président américain a pris le soin d'éviter de prononcer ce terme fatidique, les places financières ont pris son plan de relance comme un véritable aveu de la récession qui devrait frapper les Etats-Unis. En dépit du fait que le reste du monde est aujourd'hui moins dépendant des Etats-Unis, la situation aux Etats-Unis a créé un véritable mouvement de panique sur toutes les places financières. Au Maroc, après trois semaines marquées par une forte croissance, où les gains cumulés ont même atteint 9,4% par rapport au début de l'année, le MASI a également subi les affres de la crise à l'international. Il a perdu 1,83% lundi, puis 1,59% mardi. Mais dès le mercredi, on a assisté à un retour à la normale. Quand il se passe un tsunami financier comme celui qui a secoué les principales places dans le monde, le Maroc ne peut y échapper. Cependant, la bourse de Casablanca est moins exposée que celle de la plupart des places financières internationales. En Asie, le moindre doute crée un vent de panique et occasionne des désinvestissements des fonds occidentaux, qui préfèrent se réfugier sur des marchés plus stables. C'est parce que plus de la moitié des actifs sont détenus par des investisseurs étrangers. Au Maroc, on est très loin de cette proportion. La bourse de Casablanca attire, certes, de plus en plus d'investisseurs étrangers, mais ce sont toujours les investisseurs institutionnels marocains qui animent le marché. C'est d'ailleurs ce qui explique la reprise de 1,63% enregistrée mercredi par le MASI.