La capitale ismaélienne est en train de mobiliser toutes les compétences pour mettre en place son plan de développement. La démarche voulue par les Meknassis et leurs représentants, et conduite par le Wali de leur région est participative et multidimensionnelle. par Driss Al Andaloussi Révolus, sont les temps où les plans de développement sortaient de l'imagination de «génies de la planification» et s'incrustaient dans la réalité sans effets pervers. Le développement est une affaire de tous ceux qui vivent et animent l'action dans un territoire. Après avoir mis en place plusieurs commissions, le Wali de cette ville, qui impressionne par la grandeur de ses monuments et son passé en tant que capitale d'un empire, veut donner au processus de préparation du plan de développement du «Grand Meknès» un nouvel élan. La confection de ce plan pour la période 2015-2020 est qualifiée de cause locale par le Wali, M. Mohamed Kadri. Après deux rencontres le 19 mars et le 2 avril, une troisième réunion s'est tenue le 9 avril pour approfondir la réflexion autour de thématiques particulières. Cette rencontre a rassemblé autour du Wali, qui n'a été nommé à ce poste que depuis deux mois, des personnalités des secteurs privé et public, des journalistes et des cabinets représentant l'expertise internationale. Le benchmark était nécessaire pour enrichir la démarche de la recherche des meilleures solutions et des meilleurs montages institutionnels. C'était un bon départ pour une ville qui ambitionne de s'ouvrir sur le monde. Le pilotage est essentiel et les services extérieurs des ministères ne vont pas chômer avec le dynamisme du nouveau Wali. L'approche ne peut être que participative : c'est le cœur de la Constitution La Constitution marocaine ne permet plus une fermeture des portes devant les citoyens. Le citoyen et les acteurs de la société civile sont une force de propositions et leur rôle dans l'acte de légiférer n'est plus un vœu, mais un droit qui doit être transformé en réalité. Les dysfonctionnements sont connus et reconnus, tant par les autorités que par les citoyens et leurs solutions se trouvent, d'abord, dans la capacité d'écoute et la mise en place d'une vision en concertation avec l'ensemble des acteurs et dans l'élaboration des instruments de développement de l'espace et notamment, le schéma directeur d'aménagement urbain, les plans communaux de développement et les plans de développements urbains. A la recherche d'une nouvelle dimension pour Meknès Meknès devient la capitale du monde de l'innovation agricole chaque année et attire de plus en plus les responsables privés et publics. Les forums organisés lors du SIAM ont une dimension internationale et c'est à Meknès que l'économie solidaire dans le secteur agricole respire l'innovation et prend ses élans pour aller vers l'international. Entre temps, Meknès demeure une ville qui vit, presque, dans la normalité du quotidien. Le potentiel existe dans tous les secteurs, mais le départ vers la renaissance tarde à venir. Tourisme, agro-industrie, agriculture moderne, centre de recherche et d'innovation, centres de développement du sport et pôle du savoir... tous ces secteurs peuvent entrer dans une logique de rupture avec le « possible » apaisant et une logique de créativité et compétition, pour s'inscrire dans un 21ème siècle mondialisé et offrant autant d'opportunités que de défis à ceux qui veulent agir. C'est cet esprit qui semble se dégager du travail de préparation du plan de développement du Grand Meknès 2015-2020. C'est un travail de fond qui a été demandé à des commissions impliquant le secteur universitaire, celui de la recherche, le monde des affaires, les élus et d'un ensemble d'acteurs locaux. Ce travail va pouvoir s'approfondir pour donner lieu à des plans d'actions dans divers domaines et pouvoir constituer un ensemble cohérent de mesures et d'étapes pour développer le Grand Meknès. Rendre cette grande capitale attractive est une affaire de clarté des objectifs, comme elle est une affaire d'investissements en infrastructures et en moyens humains. Passer de la ville qui vit difficilement, à la métropole qui offre des conditions de vie convenables à ses habitants, aux investisseurs, aux visiteurs et qui ouvre grandement les portes de l'avenir, n'est pas qu'une question de mobilisation des budgets. Elle est surtout une question de mobilisation des énergies et d'une vision intégrée de l'ensemble des composantes du projet de développement. Défis et démarches de développement C'est dans cet esprit qu'il a été procédé à la création de sept commissions thématiques et de groupes de réflexion, pour que la force de frappe des acteurs soit au niveau des défis. Ces derniers sont grands et peuvent être résumés dans la faible dynamique économique et le peu de création d'emplois, dans la fragilité du tissu industriel, dans la sous-exploitation des potentialités touristiques et dans la prolifération de l'économie informelle. Au niveau urbain, l'habitat menaçant ruine est toujours important, les problèmes de la mobilité et de stationnement sont toujours grands et les valeurs de citoyenneté connaissent la même dégradation que celle constatée dans d'autres villes de notre pays. L'ensemble de ces défis a poussé les différents acteurs à proposer un plan d'action à deux compartiments. Un plan d'action prioritaire pour 2015 et un plan pour la période 2016-2020. Le premier plan, est le produit des propositions collectées auprès des élus, tandis que le deuxième, est le fruit du travail des commissions thématique et de réflexion. A court terme, il va falloir donner la priorité au «réaménagement des voiries, des espaces publics, des espaces verts, éclairage public, propreté, ravalement des façades, à l'accélération des programmes Habitat Menaçant Ruine, Villes Sans Bidonvilles, etc, et à l'amélioration du transport et de la mobilité». L'amélioration de la gouvernance et de l'environnement des affaires, est aussi une priorité et notamment, dans les domaines de la dématérialisation des procédures d'autorisation d'urbanisme, de l'accélération de la réalisation de l'investissement public (chantiers des collectivités territoriales, de l'Etat ou des entreprises publiques, etc.), de l'encouragement de l'investissement privé et accélération de la valorisation des zones industrielles notamment, le projet Agropoles. A moyen terme, Meknès doit viser des standards qui vont faire d'elle une ville de prospérité économique, du savoir, d'avant-garde, de lieu de ville pour tous, de ville de patrimoine, de culture et de loisirs, de sport. Bref, une ville qui fait rêver. Rêver et se doter de moyens Il faut rêver pour pouvoir imaginer l'avenir et se doter de moyens qui transforment le rêve en réalité. Les prochaines étapes de la réflexion sur l'avenir du Grand Meknès doivent aller vers plus de détails dans les plans d'action. L'accompagnement budgétaire est nécessaire pour combler les déficits et préparer le terrain aux investisseurs. Un projet de développement, a certes besoin de moyens financiers et humains, mais il a surtout besoin d'une adhésion de l'ensemble des acteurs, d'un pilotage de qualité et d'une évaluation continue de l'atteinte des objectifs. Bon démarrage pour le plan de développement du Grand Meknès.