A l'Administration de la Douane et des Impôts indirects, des tests techniques sont en cours pour corriger le système Badr de dédouanement en ligne. Plus concrètement, un ensemble de tests est actuellement en cours, visant à améliorer davantage la capacité technique du système à absorber le plus grand nombre d'utilisateurs. «On procède à des simulations de connexion automatisées», explique M. Lakhdar. Autrement dit, «on stresse le système pour voir comment il se comporte, selon des techniques de tuning et profiling». L'objectif étant d'identifier les éventuels goulots d'étranglement au sein du système. Retour en arrière. Annoncé en fanfare, le déploiement du deuxième palier de Badr, cœur du système, a eu lieu mercredi 7 novembre. Au bout de quelques centaines de connexions (200 à 300), le système s'est saturé, bloquant ainsi la connexion aux usagers. Ils seraient 2000 utilisateurs à s'être connectés en même temps, une charge qui a mis à genoux le système. «L'anomalie a été détectée au niveau du code de l'application», nous confie M. Lakhdar, «on ne maîtrise pas la charge quand on est sur Internet». A noter que Badr s'adresse à une communauté de 3 000 déclarants en douane et près de 1 200 douaniers. Ce problème technique aura toutefois été solutionné trois jours après le démarrage, c'est-à-dire vendredi 9 novembre. L'Administration de la Douane a préféré néanmoins revenir à l'ancien système, Sadoc. «C'est une décision sage et intelligente. Il ne fallait surtout pas s'y entêter. On a préféré reculer pour mieux avancer», commente le chef du projet Badr. Un éventuel redéploiement de Badr - qui ne saurait être remis en cause - dépendra notamment des résultats des tests actuellement en cours, devant durer quatre à cinq semaines. «En plus des tests techniques, les aspects fonctionnels, déjà concluants lors du démarrage, sont également testés», explique M. Lakhdar. Une fois ces tests convaincants, il faudra compter une quinzaine de jours entre la date d'annonce et le re-démarrage effectif du système. Avant le lancement du 7 novembre, trois campagnes tests avaient été menées dans l'objectif de simuler la validation du service régulier (VSR). Ces tests, auxquels ont participé une cinquantaine d'opérateurs et 300 douaniers, consistaient en une double saisie, sur Sadoc et sur Badr. «Malheureusement, beaucoup d'opérateurs n'ont pas été très constructifs», regrette aujourd'hui M. Lakhdar, qui dit aussi assumer sa responsabilité. Badr aura coûté 100 millions de DH, sans compter les ressources internes de la Douane (ingénieurs, notamment). Ce projet, basé sur une architecture JEE et des applications Java (le côté ergonomie est garanti), aura également nécessité 30.000 jours/homme. Développé par une centaine d'informaticiens marocains, Badr est un système ouvert et évolutif. «C'est un projet d'une grande envergure, unique en son genre. Certains pays développés ne disposent pas encore d'un système douanier aussi sophistiqué et performant», fait remarquer le chef du projet, assurant, au passage, que 1 800 écrans applicatifs seraient mobilisés par ce système. En plus de la dématérialisation des procédures de dédouanement (autorisation d'enlèvement, paiement électronique, modification de la déclaration, etc), Badr permet également à l'opérateur d'anticiper la déclaration de sa marchandise, en procédant à son enregistrement avant même son arrivée. «C'est aussi un système intégré avec une seule base de données, offrant également une visibilité et une transparence permettant à l'opérateur d'accéder au système pour faire le suivi de ses opérations et en connaître l'état d'avancement», renchérit M. Lakhadar. Depuis la fin des années 90, lorsqu'Abderrazak El Mossadeq était à sa tête, l'ADII n'a jamais cessé d'être un pionnier en termes de projets informatiques. Aujourd'hui encore, la Douane marocaine donne l'exemple aux autres administrations et ministères, qui profitent de son apport et de son expérience dans le déploiement de leurs projets de e-adminitration.