Accor vient de formaliser son ambition nouvelle de déployer au Maroc toutes ses enseignes. Risma, son principal instrument de financement, a signé dans ce sens ce 17 mars un mémorandum d'entente avec le gouvernement. Marc Thépot, PDG d'Accor Maroc, revient sur la nouvelle approche de son groupe. Challenge Hebdo : Après l'accord-cadre qu'Accor et l'Etat ont paraphé en octobre 2007, Risma vient de signer un mémorandum sur vos investissements au Maroc. Est-ce à dire que vous remettez tout à plat pour repartir avec une nouvelle convention d'investissement ? Marc Thépot : Yann Caillère, membre du Comité Exécutif d'Accor en charge de l'hôtellerie et membre du Conseil de Surveillance de Risma, a signé ce 17 mars avec Mohamed Boussaïd, ministre du Tourisme et de l'Artisanat, et aux côtés d'Azzedine Guessous, membre de Risma, un document majeur. Ce mémorandum vise seulement à formaliser l'engagement de Risma et d'Accor dans une politique d'investissement qui se veut volontariste malgré la conjoncture actuelle. Il ne s'agit pas d'une remise à plat, mais simplement de formaliser une ambition nouvelle avec un plan de développement qui concernera l'ensemble des enseignes hôtelières d'Accor, de l'économique au luxe. C.H : Qu'est-ce qui différencie cet accord de celui de 1996, qui a coïncidé avec l'établissement d'Accor au Maroc ? M.T : Cet accord marque une deuxième étape. La convention de 1997 constituait une première feuille de route, dont les engagements ont été, pour la plupart, respectés. En effet, le projet de Casa City Center est désormais une réalité. Le réseau Ibis Moussafir compte désormais 15 unités et 1800 chambres et dispose d'une vraie notoriété locale. Sofitel est en passe de devenir une référence non seulement locale mais mondiale, en particulier avec les projets actuels en construction, que ce soient les projets de Sofitel à Casablanca, Agadir et sur la nouvelle station de Mogador, mais surtout avec le futur Sofitel de Rabat, ex-Hilton, qui va constituer une adresse unique au Maghreb. Après avoir réalisé près de 3 milliards d'investissements en dehors des projets Sofitel en cours, et constitué un parc de 4500 chambres, il s'agit de tracer les lignes d'une nouvelle période avec l'ambition d'aller plus vite et de diversifier notre parc hôtelier. C'est une nouvelle ère qui s'annonce. C.H : Au Maroc, vous investissez beaucoup dans les murs alors que vous vous en séparez à l'international. À quoi tient cette double approche ? M.T : En fait, il ne s'agit pas d'une double approche. Avec Risma, qui porte les actifs hôteliers gérés par Accor, nous sommes bien dans la stratégie d'Assets light prônée par le groupe. Accor, opérateur industriel, est actionnaire de Risma à hauteur de 35 %. Cet engagement capitalistique est essentiel pour tenir le rythme des ambitions du tourisme. Les partenaires prestigieux du tour de table de Risma (Mamda Mcma, Finance.com, RMA Watanya, CFG) permettent de tenir nos engagements. L'implication capitalistique d'Accor n'est pas en contradiction avec la politique du groupe. C'est en outre la garantie d'une implication durable et stable d'Accor au Maroc. Cela est essentiel, surtout dans la période actuelle où Accor et ses partenaires de Risma doivent témoigner de l'attractivité du Maroc pour l'investissement touristique. C.H : Vous engagez une stratégie de repositionnement de vos marques comme le Sofitel et comptez investir massivement dans l'hôtellerie économique via l'introduction de nouvelles enseignes. Qu'est-ce qui justifie cette politique ? M.T : Nous cherchons à être présents dans toutes les gammes. En fait, comme l'a indiqué Yann Caillère lors de cette signature, le Maroc est le seul pays où toutes les enseignes du groupe seront déployées. Il n'y a pas d'autre exemple hors d'Europe. Cela tient au fait que le Maroc est un pays en plein développement, avec en plus une proximité avec la France qui n'est plus à démontrer. Nos produits collent parfaitement à toutes les couches de la population et disposent d'une forte notoriété auprès des Marocains résidant en Europe, qui constituent une clientèle majeure pour nous. Le Maroc, tout en revendiquant une culture spécifique, est tourné vers l'Europe et la modernité C.H : Les nuages s'amoncellent sur la conjoncture avec la récession économique dans les marchés émetteurs. Le pouvoir d'achat des ménages souffre. Maintenez-vous, malgré tout, vos objectifs de résultat ? M.T : Nous restons vigilants et bien sûr nous avons le souci de protéger nos résultats. Nous ne cherchons à faire des économies ni sur le dos des clients, ni sur le dos de nos salariés. Mais il est clair que nous devons revisiter nos modes de fonctionnement et simplifier notre organisation. Pour l'instant, on est dans l'action et la mobilisation et non dans la réactualisation de nos budgets ou prévisions de résultats. Nous restons à la fois vigilants, réalistes et mobilisés.