Un vent nouveau est en train de souffler sur le segment de l'hôtellerie économique au Maroc. Seule chaîne sur le créneau, Accor Maroc, comme par hasard, lance une nouvelle marque plus économique que l'enseigne Ibis, qui devra bientôt partager cette niche avec de nouveaux opérateurs. Jusque-là parent pauvre des nombreux investissements hôteliers, l'hôtellerie économique est en train de prendre des couleurs au Maroc. Sur le créneau depuis plusieurs années à travers sa marque Ibis, le groupe Accor Maroc vient de présenter au ministre du Tourisme, Mohamed Boussaid, un plan de développement pour une nouvelle marque très économique. Il s'agit de son enseigne de la catégorie deux étoiles Etap Hotel. «Nous y travaillons depuis deux ans. Ce programme sera lancé avant fin avril 2009. D'ailleurs, nous avons même déjà une chambre témoin», confirme Marc Thépot, PDG d'Accor Maroc. En tout cas, d'ores et déjà, le leader de l'hôtellerie au Maroc prévoit une dizaine d'unités, soit 1.000 à 1.300 chambres d'ici 2012. Ce programme, à en croire le patron d'Accor Maroc, coûtera près de 400 millions de DH. Il est évident que cette nouvelle chaîne économique proposera des prix plus abordables qu'Ibis. «Les prix de vente seront compris entre 250 et 300 DH selon l'implantation de l'établissement», souligne Marc Thépot. Bien que s'adressant en partie à une clientèle d'étrangers, le cœur de cible d'Accor pour le segment économique est le consommateur national. En effet, depuis son implantation au Maroc, le groupe français voit en la consommation intérieure un relais de croissance pouvant compenser la baisse de la demande étrangère en temps de crise par exemple. La preuve en est la contribution de la chaîne Ibis aux 1,3 million de nuitées globales réalisées en 2008 par l'ensemble des hôtels du groupe, à hauteur d'un demi-million de nuitées. C'est pourquoi, en plus du lancement de la nouvelle marque Etap hotel, Accor Maroc, qui gère actuellement 15 hôtels Ibis (1.762 chambres), est en phase de lancement d'un nouveau programme pour cette enseigne économique. Neuf nouvelles unités sont prévues d'ici 2012 pour un montant d'investissement d'environ 400 millions de DH. «Elles seront implantées à la fois dans des villes où la marque est déjà présente et dans celles où elle est encore absente comme Laâyoune et Kenitra», précise Marc Thépot. Retour sur investissement Jusque-là seul groupe à s'inscrire dans une logique de réseau hôtelier de 2 et 3 étoiles, Accor Maroc partagera bientôt le marché avec de nouveaux opérateurs. Annoncée depuis deux ans, la venue du groupe «Louvres Hôtels» sur le créneau vient d'être confirmée. Depuis, on en sait beaucoup plus sur ses promoteurs. Outre «Louvres hôtels», groupe hôtelier présidé par Pierre Frédéric Roulot et propriété du fonds d'investissement américain Starwood capital, on note la présence de «Hotelim Maroc», dont le Président est Robert Azoulay et qui est une filiale de la société française Hotelim qui exerce ses activités d'investissement de développement et de gestion dans le domaine hôtelier au Maroc et en Afrique et gère quelque 22 établissements hôteliers. «H Partners» (Attijariwafa bank et du groupe Banques Populaires) figure également parmi les promoteurs. Tout compte fait, c'est une vingtaine d'hôtels classés de 2 à 3 étoiles qui seront réalisés d'ici 2015 au Maroc pour un investissement global de l'ordre de 844 millions de DH. Ils seront gérés par Louvres Hôtels, sous la marque Campanile. C'est ce qui ressort du mémorandum d'entente signé récemment entre le gouvernement marocain et les trois partenaires cités. Au terme de ce mémorandum, les partenaires s'engagent à réaliser cette chaîne à raison de cinq hôtels, de 100 à 120 chambres, par an. Le programme permettra la création de 4.200 lits. Un troisième grand opérateur est attendu également sur cette niche. Il s'agit de Dynamique Hôtels Management, filiale du groupe Dynamique Hôtels qui a noué, il y a quatre mois, un partenariat avec la société Morocco Hospitality Management (groupe MFADDEL), en vue de développer sa marque économique Balladins au Maroc dans le cadre d'une franchise exclusive. Ainsi, c'est une dizaine d'établissements 3 étoiles qui sont prévus dans les principales villes du Royaume. Est-ce à dire que ce segment économique est devenu d'un coup très rentable ? «Sur ce segment, la règle d'or reste celle du millième, qui veut que sur la base d'un taux d'occupation de 60 %, la nuitée soit commercialisée au millième du coût global d'une chambre pour un retour sur investissement dès la troisième année», renseigne Marc Thépot. Partant, pour un coût global d'une chambre clé en main (hôtel 3 étoiles) de 350.000 à 400.000 DH, la nuitée vendue entre 350 et 400 dirhams avec un taux d'occupation de 60 % en moyenne, le promoteur peut commencer à se frotter les mains. Encore faut-il qu'il dispose des deux clés du succès dans ce domaine : la notoriété et le management.