Le e-commerce est naissant dans le Royaume et son potentiel est prometteur. Mais pour garantir son développement, il faudrait œuvrer dans le sens de la sécurisation des paiements en ligne. Bank Al Maghrib a posé le premier jalon sur le chemin de la sécurisation des paiements électroniques. En effet, il vient de mettre en place une convention multipartite pour dresser le cadre de la sécurité de ses paiements. Outre Bank Al Maghrib, cette convention a été ratifiée par le centre monétique interbancaire et Maroclear en qualité de dépositaire. Cette convention qui ratisse large crée entre autre un appel d'air vers le e-commerce. En effet, le commerce en ligne, qui en est à ses balbutiements au Maroc, souffre d'un déficit en termes de sécurisation des paiements. Ainsi, une étude menée par le site Maparama.ma montre que 54% des personnes ayant répondu au questionnaire préfèrent payer leurs achats à la livraison. C'est dire leur hantise de l'insécurité que présage le paiement électronique, même si cette interprétation est nuancée par un autre chiffre. 41% des internautes ne relient pas forcément le développement du e-commerce au développement du paiement par carte bancaire. Il n'en demeure pas moins que la fluidité que permet ce mode de paiement peut booster ce business naissant. «Les informations et références des cartes bancaires utilisées pour le paiement d'achats sur des sites commerciaux sont protégées par un cryptage selon les normes https», explique un spécialiste de sécurité électronique avant de tempérer son propos : «toutefois, rien ne peut protéger les e-consommateurs des sites frauduleux qui recueillent les données des cartes pour extorquer de l'argent». Ces cyber-arnaqueurs peuvent opérer en toute impunité pour l'instant. Pour y remédier, il ne faut pas compter seulement sur la sécurisation du paiement électronique, mais créer aussi une cyber-police qui surveille ce genre de débordements. Cela devient d'autant plus important et urgent lorsqu'on sait que le e-commerce est appelé à se développer de manière exacerbée dans les deux prochaines années, comme l'estiment 90% des internautes. Le chantier est donc ouvert et l'actualité de cette convention vient à point pour le lancer de manière officielle. Un terrain encore presque vierge De manière générale, le terrain est encore presque vierge, que ce soit pour la sécurité des moyens de paiement électronique ou pour le e-commerce lui-même. En effet, pour la première fois, des spécialistes affirment qu'à ce niveau, «on en est encore à l'âge de pierre». Il y a encore des failles béantes où peuvent s'immiscer les cybers-criminels. Notre pays ne compte pas plus d'une vingtaine de sites marchands sur Internet. Un marché juteux en perspective donc, si l'on se donne la peine et les moyens de l'investir de manière efficace. Car si ce mode de consommation n'est pas encore entré dans les habitudes des Marocains, ça ne saurait tarder. Notamment grâce au fait que les jeunes générations, qui constituent le gros du bataillon de nos concitoyens, sont très sensibles aux nouvelles technologies. Cette cible, que ne manqueront d'appâter les sites en place et ceux qui s'installeront dans le court, voire moyen terme, est attirée par le shopping via internet pour deux raisons en particulier. La première est d'ordre pratique, puisque l'internaute n'a pas à se déplacer pour effectuer ses achats. Il commande de chez lui et attend sagement qu'on le livre à domicile. La seconde est d'ordre pragmatique, car souvent les sites de vente en ligne pratiquent des prix inférieurs aux boutiques classiques. Toutefois, un autre facteur n'est cependant pas à négliger vu son impact direct sur la question. Le taux d'équipement en matériel informatique et l'accès à Internet restent limités au Maroc. Or, le décollage du e-commerce ne se fera pas sans le décollage des ventes d'ordinateurs et de solutions d'accès à la toile. Pour ces dernières, le développement des solutions en Modem et la concurrence acharnée entre les opérateurs dans ce domaine ne manqueront pas de multiplier le nombre d'internautes marocains. L'horizon semble donc dégagé. Reste à savoir si la frilosité des Marocains vis-à-vis du paiement en ligne trouvera son remède dans les dispositifs mis en place par les différentes institutions signataires de la convention.