* L'imposition du chiffre d'affaires au Maroc obéit au principe de la territorialité. Comment un commerçant, qui réalise son chiffre d'affaires via le Net, sera-t-il imposé à défaut d'une présence physique au Maroc ? * La fiscalisation des opérations électroniques nest pas une mince affaire, sachant que lAdministration fiscale na pas encore pris les dispositions nécessaires. En 2008, le e-commerce sera une réalité au Maroc. Cette année sera sans conteste celle du démarrage effectif du commerce électronique. Les opérateurs se targuent désormais de lexistence dune infrastructure de télécommunications moderne et efficace et des sociétés marocaines de prestation de services Internet à même dexporter leur savoir-faire à travers le monde. Et lun des facteurs de blocage au développement de ce type de commerce vient de sauter, à savoir la possibilité pour les internautes marocains porteurs de cartes locales de payer en ligne sans complications procédurales ni bancaires. Concrètement, la nouvelle plate-forme mise en place par le Centre monétique Interbancaire (CMI) a été certifiée Visa (Verified by Visa) et MasterCard (MasterCard SecureCode) pour permettre le traitement des opérations de paiement en ligne en toute sécurité, conformément aux standards internationaux. Daprès un responsable du CMI, «cette nouvelle opportunité offerte aux organismes publics et au secteur privé cible un marché potentiel de trois millions de porteurs de cartes bancaires au Royaume». La chaîne e-commerce comprend, outre la plate-forme du CMI (acquéreur paiement), les services de lopérateur historique Maroc Telecommerce (MTC) (prestataire internet). Ce dernier jouera le rôle de «terminal de paiement électronique» (TPE) virtuel entre les sites marchands, les cyber-acheteurs et le CMI. Le commerce électronique se veut ainsi un moyen de multiplier le volume des transactions. Des transactions qui donneront nécessairement lieu à des impositions. A cet effet, on sinterroge sur le comment de la fiscalisation dopérations «virtuelles». Résidence fiscale En décidant quun site web nest pas un établissement stable, lOCDE a précisé quun e-marchand sans présence physique dans un pays ne pouvait être imposé localement sur ses bénéfices. Une décision dimportance puisque cette notion sert de cadre aux négociations bilatérales entre Etats pour imposer les bénéfices des entreprises non résidentes. Il en découle ainsi que dans la mesure où une société na pas de présence physique dans un pays, elle ne peut être imposée sur ses bénéfices, même si elle y réalise une part importante de son chiffre daffaires. Pour plus de précisions, un site web hébergé dans un autre pays ne peut être considéré comme un établissement stable. Il sagit là dun facteur qui nest pas sous la responsabilité du e-commerçant. Il ne peut donc pas être imposé sur ses bénéfices dans le pays daccueil. Il en va de même pour un fournisseur de services. Par contre, un serveur dans un local où se trouvent des installations fixes jugées essentielles pour lactivité commerciale de lentreprise, peut théoriquement être considéré comme un établissement stable. Les bénéfices du site réalisés dans ce pays tombent alors sous le coup de sa fiscalité. Interrogé à cet égard, un fiscaliste annonce que pour un commerçant réalisant lessentiel de son chiffre daffaires via le Net, ce dernier est soumis au droit commun en matière de paiement dimpôts. Comment ? Le cyber-commerçant est appelé à déclarer ses recettes à la Direction des impôts. Faisant fi du principe de la territorialité de limpôt, le fiscaliste estime que toute prestation réalisée à létranger ne doit pas être soumise à la TVA, mais toute prestation effectuée à létranger et utilisée au Maroc devrait être passible de la TVA. Il donne ainsi lexemple dun architecte qui élabore un plan à létranger pour le compte dune société résidant au Maroc. En matière dIS, le fiscaliste fait le distinguo habituel entre la société ayant une existence juridique et celle qui ne la pas. Mais là encore, il y a le problème de la présence physique qui surgit. Tous ces scénarii mettent en évidence lutilité du contrôle. À défaut dun contrôle rigoureux, le commerçant peut déclarer ce quil veut à lAdministration, si jamais il le fait. «Tout le problème résiderait dans le contrôle de lAdministration fiscale», martèle notre fiscaliste, ajoutant que : «laffaire nest certes pas facile et lAdministration na pas encore pris les dispositions nécessaires». Un commerce plein de promesses A noter que lutilisation des NTIC dans le commerce international joue un rôle important en tant que moyen de promotion, de développement des exportations et de réduction du coût des importations. Cest dans cet état desprit que sinscrit la détermination du Maroc à faire des technologies de linformation un instrument de compétitivité de l'économie nationale, à travers la sensibilisation et la promotion de l'utilisation des technologies de l'information, l'incitation aux investissements dans ce secteur, ainsi que l'encadrement juridique et l'encouragement du commerce électronique. Dans les pays développés, le commerce électronique (e-commerce) recouvre tout ce qui touche à la vente et à l'achat de produits et de services sur Internet : catalogue de produits et de services en ligne, prise de commande, paiement en ligne sécurisé, gestion des transactions, service après-vente Après des débuts mouvementés, le e-commerce représente désormais un canal de vente à part entière, complémentaire des autres circuits de distribution, tant auprès du grand public (B-to-C) qu'auprès des entreprises (B-to-B). La rapide croissance du e-commerce s'explique par les avantages qu'il offre aux entreprises et à leurs clients : (service accessible 24h/24 et 7j/7, réactivité de la réponse au client, réduction des coûts de gestion, optimisation de la chaine fournisseur - société - distributeur - client, diminution des procédures papier, réduction des délais de traitement. Une chose est cependant sûre : pour la plupart des e-commerçants, limpératif est aujourdhui de dégager de leur activité des bénéfices. Mais la question de la fiscalité se posera avec acuité le jour où les sites marchands seraient bénéficiaires. Dans ce cas, il faudra certainement se poser la question de ladaptation des règles existantes au commerce électronique et surtout lépineuse question de la TVA qui frappe le chiffre daffaires.