Durant les six premiers mois, l'activité de vente de ciments au Maroc connaît une forte baisse. On s'achemine vers la deuxième année de baisse consécutive. Néanmoins, les opérateurs mettent l'accent sur des produits dont les marges sont assez intéressantes pour atténuer la chute. D'un autre côté, ils misent tous sur l'export de clinker. Pour les entreprises du secteur du ciment, les mois se suivent et se ressemblent. En effet, les derniers chiffres rendus publics par l'Association des producteurs de Ciments (APC) font état d'un repli de 4,4% durant les 6 premiers mois de l'année. Ainsi, la première moitié de l'année a vu s'écouler quelque 7,435 millions de tonnes de ciments, soit quelque 342.000 tonnes de moins que pour la même période 2013. La plupart des observateurs craignent que l'année 2014 ne se termine sur une baisse, consécutive à celle déjà enregistrée l'exercice précédent. Car faut-il le rappeler, en 2013, les ventes de ciments avaient reculé de 6,3% par rapport à 2012. A ce rythme, en deux ans, le secteur du ciment aura perdu plus de 11% des ventes record de 2012. Personne ne s'attendait à une telle baisse et les conséquences sur les entreprises du secteur seront lourdes pour plusieurs raisons. D'abord, ce recul des ventes en volumes correspond à une nouvelle baisse du chiffre d'affaires des principaux opérateurs. Ensuite, l'impact sur les indicateurs financiers pourrait être plus marqué, dans la mesure où le secteur est en surcapacité. Un bref rappel des réalisations des principaux acteurs durant l'exercice 2013 permet peut-être d'avoir une idée sur ce qui les attend en 2014. Lafarge Ciments, par exemple, a vu ses ventes de ciment reculer de 6,1%. Mais grâce à une compensation des autres produits à plus forte valeur ajoutée, le groupe leader du secteur avait pu maintenir son chiffre d'affaires consolidé à 5,05 milliards de dirhams. Aujourd'hui, les entreprises du secteur misent beaucoup sur l'optimisation de leur outil industriel afin de maintenir le même niveau de profitabilité que durant les années fastes marquées par la forte croissance. C'est justement ce qui avait permis à Lafarge de dégager un résultat d'exploitation en très forte hausse, malgré la conjoncture commerciale difficile. Ainsi, le résultat opérationnel avait-il cru de 9,5% à 2,14 milliards de dirhams. Et plus important encore, sa capacité bénéficiaire s'était améliorée de quelque 10,6% à 1,4 milliard de dirhams. Aujourd'hui, l'heure est à la fusion entre Lafarge et ses deux principales filiales, à savoir Lafarge Bétons et Lafarge Granulats. Selon les analystes de BMCE Capital Bourse, «cette opération permet le déploiement d'une stratégie intégrée de développement d'offres de services et de solutions constructives et ce, à travers une plus forte coopération entre les différentes activités du Groupe». La fusion offre aussi la possibilité de «mettre en œuvre les synergies entre les différents pôles d'activité et d'améliorer le positionnement et la visibilité du groupe auprès de ses clients et ses partenaires», soulignent toujours les analystes. L'heure est à la poursuite des investissements pour le cimentier qui entend développer tant de nouveaux produits que de nouvelles solutions de constructions. De même, divers projets de valorisation de déchets ménagers et industriels sont à l'ordre du jour. Enfin, Lafarge compte aussi ouvrir des centrales à bétons afin de renforcer son offre à ce niveau. Concernant sont offre de ciment, le leader du secteur est toujours sur son projet de construction de l'unité d'Agadir. Pour Holcim, si la tendance de l'année dernière est maintenue, les réalisations en seront certainement très affectées. En effet, le groupe avait subi un repli important de son chiffre d'affaires consolidé qui est passé de 3,32 à 3,11 milliards de dirhams, soit une baisse de 6,3%. Et côté résultat opérationnel, c'est près de 50 millions de dirhams de moins qu'enregistre le cimentier du Centre et de l'Oriental avec quelque 823 millions de dirhams, contre 875 millions de dirhams en 2013. Mais c'est au niveau du résultat net part du groupe que la baisse s'est le plus fait sentir. Puisque le groupe Holcim a vu sa capacité bénéficiaire passer de 490 millions à 377 millions de dirhams, soit un repli de 23%. Côté perspectives, «le directoire table sur un tassement de l'activité de BTP en 2014 devant se traduire par un nouveau recul de la demande en ciment», rappellent les analystes de BMCE Capital Bourse. Selon eux, compte tenu de l'évolution défavorable de l'activité «et des excédents de production dont dispose la société, cette dernière a entrepris de chercher des débouchés à l'export, peut-être notamment l'Algérie ou la Libye». A cet effet, «la société a conclu un contrat d'exportation de clinker pour l'année 2014 devant permettre de saturer la production de l'usine d'Oujda», soulignent-ils. Néanmoins, l'année dernière, de tous les opérateurs cotés à la bourse de Casablanca, c'est Ciments du Maroc qui a été le moins affecté sur le plus commercial. Certes, pour ce qui concerne le ciment, il enregistre un repli de 6,4% des ventes. Mais, grâce à ses autres produits, le cimentier historique de Marrakech et d'Agadir a réussi à compenser ce recul. En effet, le béton prêt à l'emploi (BPE) a enregistré une croissance de 12,5%, alors que les granulats progressent également de 6,7%. De sorte, Ciments du Maroc a pu stabiliser son chiffre d'affaires autour de 3,62 milliards de dirhams. Alors que son résultat opérationnel a connu l'année dernière une croissance de 5,1% pour s'établir à quelque 1,13%. Alors que le résultat net consolidé a enregistré un bond de 23%, atteignant 820 millions de dirhams. Selon Attijari Intermédiation, l'export de clinker, un nouveau levier de croissance Selon Attijari Intermédiation, «la contre-performance du secteur du ciment qui s'est matérialisée par une baisse de 4,4% des ventes de ciment s'expliquerait en grande partie par la baisse significative des mises en chantier dans le secteur immobilier, particulièrement dans le segment économique». «Néanmoins, pensent les analystes de la société de bourse du groupe Attijariwafa bank, l'activité des opérateurs cotés devrait surperformer le marché domestique au terme du premier semestre 2014». En effet, la baisse de la consommation nationale du ciment au premier semestre 2014 serait a priori, compensée par le développement de l'activité d'exportation de clinker vers l'Afrique Centrale. Toujours selon les analystes d'Attijari Intermédiation, les opérateurs cotés, à savoir Lafarge, Holcim et Ciments du Maroc, ont signé courant 2014 des contrats d'exportations vers plusieurs pays africains. «Le développement effectif de ces activités s'est reflété en partie, sur les résultats trimestriels 2014 des cimentiers. Alors que la consommation du ciment au Maroc affiche une baisse de 3,2% sur le premier trimestre 2014, les réalisations à fin mars restent correctes. Ainsi, «Holcim Maroc annonce une hausse de ses volumes vendus sur le marché local. Ciments du Maroc afficherait un volume quasi stable comparé au premier trimestre 2013 et Lafarge Maroc enregistrerait une progression de son chiffre d'affaires de 0,9% fin mars 2014 due à un effet mix produit».