Par définition, un sondage peut autant faire plaisir que faire grincer des dents... Le palmarès des patrons et des entreprises de Challenge Hebdo, publié dans notre dernière édition, ne déroge pas à la règle. Dans le présent article, nous en donnons la quintessence avec, en prime, l'éclairage d'un professionnel en management stratégique. Le palmarès Challenge Hebdo des entreprises et des patrons les plus attractifs révèle bien des surprises. Ses conclusions vont à l'encontre de certaines idées reçues et contredisent des a priori ancrés dans l'imaginaire collectif. En effet, selon ces résultats, les multinationales ne sont plus cet eldorado que les cadres convoitaient avant de décrocher leurs diplômes. Certes, il n'aurait pas été insolite de trouver en tête du classement des enseignes internationales comme Nestlé, Procter & Gamble ou encore Unilever, classées respectivement 13ème, 15ème et 18ème. Ces multinationales quasi-séculaires dans le secteur de l'agro-industrie toutes gammes confondues ont toujours été considérées comme des figures de proue en termes d'évolution de carrière, d'organisation et de motivation. Leurs patrons incarnent la figure du manager parcourant les locaux, de l'administration aux usines de conditionnement, chemise blanche aux manches retroussées, suivi de sa « garde rapprochée » de cadres et de profils pointus dont les CV dénotent par l'extranéité de leurs expériences professionnelles. L'organisation horizontale et ses limites L'organisation horizontale dont se targuent les multinationales commence à montrer ses limites. Le tutoiement en vigueur dans ces sphères n'interpelle plus personne. Ils sont nombreux à souligner que : « ce ne sont que de pures apparences qui cachent bien des règles de travail extrêmement draconiennes ». Aujourd'hui, il semble que les cadres ne désirent s'investir que dans des structures « reconnaissant financièrement » leurs compétences et leurs engagements. Terminée l'époque où le fait d'appartenir à une entreprise de renom conditionnait l'intérêt du candidat-cadre. Les cadres veulent beaucoup plus et c'est du concret qu'ils revendiquent. Le raisonnement est des plus simples: « plus mon patron s'enrichit, plus je dois en profiter». Les entreprises publiques ont la cote Quoi de mieux qu'un système inspiré des stock-options, malgré les limites dont il a fait preuve outre Atlantique, puisque ce système d'intéressement s'avère sensible à la moindre secousse financière. Si en effet, Othmane Benjelloun détrône tous ses pairs, c'est grâce aux primes conséquentes qu'il a octroyées aux cadres de la BMCE il y a quelques semaines. «Dans un sondage, il ne faut pas oublier que les personnes questionnées intègrent dans leurs réponses les dernières actualités. Ces dernières les marquent toujours au moment du sondage», explique Essaïd Bellal, directeur général du cabinet Diorh. Désormais, il n'est un secret pour personne que les entreprises publiques ont la cote. La question se situe bien au-delà du débat sur les « diplômés-chômeurs» en quête de poste stable. Les cadres ne revendiquent pas uniquement le statut de fonctionnaire mais celui de contractuel auprès des établissements publics à caractère industriel et commercial dotés de l'autonomie financière. Les raisons sont notamment inhérentes aux «calibres» qui se trouvent à la tête de ces grosses entités. Que ce soit Mustapha Bakkoury pour la CDG, Mustapha Terrab pour l'OCP, Abdelhanine Benallou avec l'ONDA, Driss Benhima de la RAM ou Anas Alami à la Poste Maroc, ils incarnent tous des managers officiant avec autant d'efficacité dans le secteur privé que public. «Ils comptent tous une expérience probante dans l'entreprise qui leur a permis d'approcher l'entreprise publique qu'ils dirigent autrement, c'est-à-dire avec des objectifs et des visions», explique M. Bellal. Mais cette nouvelle préférence des cadres pour certaines entités publiques puise sa raison dans d'autres facteurs. «Elles présentent les avantages du secteur public et ceux de l'entreprise privée. Certaines filiales de ces entités ont davantage la cote. Cela dépend du métier de chacune et des caractéristiques des profils qu'il exige», conclut Essaïd Bellal. Et de cela, les cadres en sont plus que conscients. Des cadres de plus en plus en quête de patrons capables de faire preuve de qualités tant humaines que professionnelles.