Le projet immobilier touristique de Bouznika, annoncé en grande pompe en 2005, était tombé aux oubliettes. En cause : un litige entre les promoteurs espagnols et marocains. Mais depuis trois mois, la hache de guerre est enterrée. Le lancement des travaux est prévu pour le premier trimestre 2009. Le concept du projet de Marina Bay tel que présenté en 2005 se voulait révolutionnaire: «une marina au pied des habitations». Le complexe, situé entre l'hôtel du golf et l'hôtel de la plage, devait être constitué de 700 appartements et 150 appart-hôtels, et de plus de 8.500 m2 de galeries commerciales. Le tout sur une surface de plus 11 ha de terrain, et avec un investissement avoisinant les 1,5 milliard de dirhams. Seulement voilà, quelques mois après la présentation, le projet a connu un coup d'arrêt net. Les promoteurs avaient bel et bien obtenu l'autorisation de construire, mais un conflit interne entre les associés a complètement bloqué le projet. Marina Bay est un projet de la société «La cité du Lac», détenue au départ à 70% par Codesma, filiale du groupe espagnol de BTP Samaniego, et IBA –Investment Business Aménagement-, filiale du groupe marocain Emte & Co, un des groupes leaders dans le secteur de la construction et de l'énergie. «Le conflit entre les deux associés trouve son origine dans l'interprétation des statuts. La partie espagnole voulait que le financement de la construction soit proportionnel au tour de table», explique Alberto Breton Rodriguez, le nouveau directeur général de «La cité du Lac». «Nous voulions, comme prévu au départ, que les Espagnols apportent la garantie du financement pour la construction. J'estime qu'ils ne l'ont pas fait. C'est à cette condition que nous leur avions consenti la majorité. Car il faut le rappeler, le projet est marocain, et nous avons invité le groupe Samaniego en la personne de Jesus Amaniego à se joindre à cette aventure», affirme Mohamed Lamrini, administrateur de «La cité du Lac» et président de IBA et de Emte & Co. A l'époque, la presse a même rapporté qu'il y avait également un conflit au sujet du nombre de sièges au conseil d'administration. L'affaire a été portée devant la justice en janvier 2006. Un investissement de 2,75 milliards de DH Seulement aujourd'hui, qu'il s'agisse d'Alberto Breton Rodriquez ou de Mohamed Lamrini, les deux parties ne souhaitent plus vraiment s'étaler sur le conflit passé. «A vrai dire, au-delà des problèmes de financement ou du nombre de sièges au conseil d'administration, il s'agissait d'un problème d'incompatibilité de personnes. Les personnes détachées par le groupe Samaniego pour gérer ce projet n'étaient pas à la hauteur. Elles n'étaient tout simplement pas compétentes, car parfois, quand vous leur parliez de «fondations», elles ne savaient même pas ce que c'était!», s'insurge Mohamed Lamrini. Et d'ajouter: «pour sortir de cette impasse, nous avons demandé la nomination d'un nouveau directeur général». «J'ai pris mes fonctions à Casablanca en septembre 2007, avec la ferme conviction que la voie judiciaire ne constituait pas une solution pour faire avancer le projet. J'ai donc pris connaissance de l'ensemble des paramètres du projet pendant quelques mois, et puis en janvier 2008, nous avons réellement commencé les négociations avec nos associés marocains. Des négociations qui par ailleurs ont été très difficiles», se souvient Alberto Breton Rodriguez. Aujourd'hui, le contrat liant les deux parties a été revu pratiquement de fond en comble. Désormais, «La cité du Lac» est détenue à parts égales entre Codesma et IBA, et les taches sont clairement réparties entre la partie marocaine et espagnole. La gestion et la commercialisation sont confiées aux Espagnols, et la construction ainsi que la réalisation aux Marocains. «Tous les détails ont été scrupuleusement clarifiés: nous nous sommes mis d'accord sur le bureau d'ingénierie et même sur la façon de lancer les appels d'offres. Désormais, il y a une co-gestion parfaite entre les deux parties», insiste Mohamed Lamrini. Même le business-plan a été revu : aujourd'hui, l'investissement mobilisé sera de 2,75 milliards de DH, soit 250 millions d'euros. Situation de crise oblige. «Non seulement il y a le renchérissement des coûts des matières premières, mais nous avons également décidé de rehausser le standing de l'ensemble du projet. Ce sera plus que du haut standing», souligne Alberto Breton Rodriguez. «Ce sera même mieux que Puerto Banus –ndlr: marina de luxe de la ville de Marbella- en Espagne», renchérit Mohamed Lamrini. La Marina Bay de Bouznika sera financée par de l'autofinancement, des fonds propres, et aussi des crédits bancaires. D'ailleurs, les discussions avec les différentes banques partenaires devraient être bouclées dans les jours à venir. A noter que ce sont les mêmes banques qui ont de nouveau exprimé leur intérêt. La viabilisation du site et les travaux concernant la première tranche du projet entre autres seront lancés au premier trimestre 2009. «Il est vrai que dans un contexte de crise, nous nous inscrivons dans une politique prudentielle. C'est la raison pour laquelle le rythme de construction dépendra des ventes. Nous ne lancerons la construction d'une tranche qu'une fois que 40% des réservations seront atteints», conclut Lamrini. Mais théoriquement, la construction de l'ensemble du complexe devrait s'étaler sur 42 mois, soit jusqu'en mai 2012.