Une cinquantaine de grands navires de commerce (ils pourraient atteindre une soixantaine, fin 2008) de diverses nationalités sont immobilisés à quai, au port de Casablanca, condamnant des bâtiments à prolonger leur séjour en rade. Le montant global des créances est estimé à plus de 40 millions DH en garantie, sans les frais d'exploitation et autres. Ces navires ont fait l'objet de saisies conservatoires, obligeant des armateurs ou leurs représentants, affréteurs et capitaines, à abandonner le navire en livrant leurs équipages à la mendicité, à la contrebande, voire au vol de pièces de leur propre bateau pour subsister ! C'est le cas du cargo russe Baltiskiy-21, immobilisé au port depuis deux ans après que son armateur ait déclaré forfait en prenant la clé des champs. L'équipage de ce navire, dont deux femmes (qui s'adonneraient à la prostitution), nourrit les potins de la ville et les langues se délient pour agrémenter les discussions sur la voie publique. Le drame, c'est que le statu quo est étayé par le constat que personne ne veut rien faire pour démêler l'écheveau. Le commandant du port, M. Atmani, se montre tranchant : « les saisies de navires doivent cesser, surtout que nous mettons en œuvre une approche visant à neutraliser les facteurs à l'origine des montants surfacturés, comme les vols de marchandises par exemple. Si le port de la métropole économique se taille une part de près de 40% du volume des échanges extérieurs du Royaume, il est évident que le manque à gagner est considérable». Dont acte.