Il y a une pensionnaire de la prison d'Oukacha qui n'a rien à y faire. Accusée de vol, elle attend depuis plusieurs semaines que le procureur organise une confrontation avec son accusatrice. Celle-ci notaire et fille de notaire n'est pas disponible. Le bâtonnier Abderrahim Jamaï, avocat de la jeune fille a pourtant effectué toutes les démarches nécessaires. L'aspect le plus inacceptable c'est l'intervention d'un gendarme, qui a procédé à l'arrestation, a torturé la jeune fille, parce que la notaire est son amie. Cet aspect est ignoré par la justice, alors que le conseil national des droits de l'Homme a saisi officiellement le procureur de Casablanca. Tout se passe comme si l'abus était la règle. Or, ce n'est pas le cas. Grâce à la lutte de la gauche marocaine, nous avons des acquis. Ce gendarme est une exception. Mais le couvrir, refuser de le mettre face à ses responsabilités est une erreur. Basta ! Nos services de sécurité ont le devoir de mettre au pas tout membre qui viole la loi. Il y a des cas de torture qui ne sont pas sanctionnés. C'est l'image du pays qui en pâtit. Vendredi dernier, la presse a titré sur un événement inacceptable. Un flic a menotté une jeune fille pour abuser d'elle. C'est un fait divers qui peut se passer dans n'importe quel pays. Mais nous sommes au Maroc, avec une mémoire collective où le souvenir de l'absolutisme reste vivace. Il faut des réactions fermes dans le respect de l'Etat de droit, pour sanctionner les abus et rassurer les citoyens. Pour en revenir à la jeune employée de maison, broyée par l'accusation de vol, il y a deux questions qui se posent naturellement. La première c'est pourquoi on emprisonne une jeune fille sans preuves, sur la foi d'une accusation alors que l'accusatrice ne prend pas la peine d'assister à une confrontation. La seconde c'est pourquoi est-ce qu'il n'y a aucune enquête sur les accusations de torture portées par la jeune fille. Une notaire peut sur une simple accusation envoyer en taule une jeune fille. Mais celle-ci, parce qu'elle n'est que bonne, affirme avoir été battue par un gendarme, sans intéresser le procureur. Ce n'est pas acceptable. La règle de droit doit s'imposer à tous. Dans ce cas précis, il y a deux poids, deux mesures. Heureusement que quelques consciences vives prennent la défense de cette jeune femme.