A quelques semaines de l'ouverture du Mondial du Brésil, le tiers des stades prévus n'est toujours pas prêt. Pourtant, le pays organisateur a eu 8 ans pour se préparer à l'événement le plus médiatisé du Monde. C'est aussi une puissance économique montante qui ne peut mettre ce retard au passif de la crise, puisque le Brésil a maintenu des taux de croissance importants ces dernières années. Certains voudraient mettre les difficultés sur le dos des conflits sociaux. Il y a peut être une influence, mais dans l'autre sens. Les Brésiliens contestent les milliards engloutis dans les stades alors que leurs besoins, en santé ne sont pas satisfaits. La bonne réflexion à mener, à mon avis est très différente. En augmentant le nombre de participants à 32, on a amplifié le coût de l'organisation. Cela a été fait au nom de l'universalité du football. Il est vrai que ce sport est la passion commune à des centaines de millions d'humains. Mais l'universalité doit concerner l'organisation au même titre que la compétition. C'est dans ce sens que l'Afrique a été inscrite dans le turn-over. L'Afrique du Sud ne s'en est pas mal sortie, le Maroc, potentiellement, a les moyens de l'organiser, mais combien d'autres pays africains le peuvent si le Brésil lui-même n'y arrive pas ? Le football est devenu un énorme business, un enjeu financier à l'échelle planétaire. La FIFA est une multinationale qui brasse des milliards de dollars, entre les droits-télés et le sponsoring. Cet aspect business a pris le dessus. Les Français ou les Anglais qui n'ont pas accès aux chaînes payantes sont privés des matchs de leur propre championnat national. Nous, on a derb Ghallef et donc l'accès à toutes les chaînes du monde, mais dans les petits pays, les chaînes nationales n'ont pas les moyens d'offrir aux téléspectateurs ne serait-ce que la finale, ce qui est une frustration énorme pour le public. Le foot business fossilise les championnats, les gros budgets écrasant les autres. Il y a souvent plus de vingt points entre le 1er et le troisième ! Cette mutation va faire disparaître le supporter, celui qui est attaché à des couleurs pour la vie, au profit du spectateur, du consommateur. Ce n'est pas nécessairement une mutation heureuse. Le public d'Anfield chantant "Never you walk alone", c'est un moment d'émotion que même le meilleur spectacle ne peut offrir. Les Brésiliens eux peuvent se consoler, leur équipe nationale est solide, même si la beauté du sport c'est que tout est possible. Ils en ont déjà fait l'expérience quand l'Uruguay les a battus au Maracana devant 200 mille spectateurs effondrés. Il faut espérer que la passion du foot ne soit pas éteinte pour l'argent Roi. Trop de gens n'ont que cette passion pour oublier les difficultés de la vie.