Le Musée de football de Sao Paulo, l'une des fiertés du Brésil, est une infrastructure de taille avec ses 15 salles d'expositions retraçant l'histoire du ballon rond carioca dans son contexte socioculturel. Par Abdelmoughite Sabyh Le Musée, inauguré en septembre 2008 au stade Paulo Machado de Carvalho "Pacaembu", dans l'ouest de la métropole brésilienne, est plus qu'une collection de trophées. De l'avis de ses nombreux visiteurs, c'est une "résidence à vie des gloires du football brésilien" et une œuvre historique d'avant-garde, qui retrace les exploits des stars du football et des grands moments des clubs et de la Seleçao. A l'entrée du musée, des centaines de posters, de photographies et d'articles de presse illustrent le parcours du football au Brésil, ainsi qu'un écran géant qui montre "O Rei do futebol" Pelé souhaitant la bienvenue aux visiteurs pour une longue promenade footballistique au Brésil du XXe siècle. La promenade commence à la "Salle des Anges" du jeu, où des projections retracent les exploits de 25 stars qui ont marqué l'histoire du football brésilien tels que Pelé, Rivelino, Leonidas da Silva, Didi, Garrincha, Roberto Carlos, Romario et Ronaldo. La même salle présente également des films muets, des commentaires originaux des buts de la Seleçao dans la Coupe du Monde, ainsi que des photos en noir et blanc, qui témoignent de l'originalité d'un sport vu par les brésiliens comme un art, voire une religion. A la "Salle des Origines", plus de 400 photographies évoquent l'histoire du football dès son introduction au Brésil vers la fin du XIXe siècle par un anglo-brésilien, Charles Miller, jusqu'à 1930, alors que la "Salle des Coupes" projette sur plusieurs écrans tous les buts inscrits lors des différentes Coupes du monde, dont ceux de la sélection marocaine. Ronaldinho a sa propre Salle, celle du Jeu du Corps, dans laquelle est projetée une vidéo en 3D qui montre la star brésilienne dominant le ballon et à son côté son squelette imitant les mêmes actions pour démontrer que le football est une magie brésilienne par excellence. Le football n'est pas tout dans le musée. La "Salle des Héros" présente des personnages qui ont marqué l'histoire du Brésil entre 1930 et 1940 pour lui donner une identité socioculturelle, notamment le compositeur Villa-Lobos, le poète Carlos Drummond et l'actrice Carmen Miranda. Le "Maracanazo", qui a "arrêté le cœur du Brésil". En 1950, la sélection brésilienne avait souffert le "Maracanazo" en s'inclinant face à l'Uruguay (1-2) en dernière journée d'un mini-championnat à quatre devant près de 200.000 spectateurs au stade mythique de Maracana, à Rio de Janeiro. Ce cruel souvenir est toujours revécu au sein du Musée. Dans une autre salle, obscure, celle du Passage du Rite, une vidéo en noir et blanc, sur fond de battements de cœur, résume en près de deux minutes cette défaite inattendue de la Seleçao : "Cette coupe était la nôtre... le plus grand stade du monde avait été construit pour cette victoire... un match nul suffisait... 2 à 1 pour l´Uruguay... le cœur du Brésil s'est arrêté". Depuis lors, le Brésil a remporté cinq coupes du monde: 1958, 1962, 1970, 1994 et 2002. Il est le seul pays à avoir disputé toutes les phases finales de l'épreuve. Parmi les curiosités du Musée, se distingue une salle qui présente des chiffres record dans l'histoire du football brésilien et mondial, tels que les 1.282 buts de Pelé, le record de 22 joueurs expulsés dans un match, la moindre assistance du public au Brésil (55 personnes), la plus grande assistance (183.341 spectateurs au Maracana), le plus grand score enregistré au match Botafogo-Mangueira (24-0), le plus grand public dans un match du championnat brésilien (Flamengo-Santos en 1983 : 155.523 personnes) ou le joueur le plus haut de taille dans l'histoire du championnat brésilien : Palmieri (2,01 m).
Plus de 500 mille visiteurs en 381 jours. La directrice exécutive du Musée, Clara Azevedo, souligne la position privilégiée du musée, situé à l'intérieur de l'un des espaces emblématiques de la ville de Sao Paulo, le stade de Pacaembu, classé au patrimoine mondial de l'humanité et l'une des références par excellence de la mémoire du football au Brésil. Dans une déclaration à la MAP, Mme Azevedo affirme que le Musée vise à provoquer ces visiteurs et les inciter à réfléchir à l'histoire du Brésil, car il aborde ce sport en tant que phénomène qui touche les différents aspects de la vie sociale des brésiliens et il est à la fois un sport, un jeu, une passion, une forme de sociabilité et un symbole de l'identité nationale. En un peu plus d'une année, le Musée a reçu quelque 516.582 visiteurs, un nombre significatif dans la scène muséologique brésilienne, a indiqué Mme Azevedo pour qui, visiter le Musée du football de Sao Paulo, c'est parcourir l'histoire du Brésil au XXe siècle et aussi percevoir comment les habitudes, les coutumes et les comportements des Brésiliens sont indissociables de la trajectoire de ce sport. Le football a aidé à forger l'identité brésilienne, comme la culture brésilienne a aidé au développement du football, a-t-elle souligné.