Vous pourrez découvrir sur votre magazine Challenge un dossier exhaustif sur le parc automobile de l'Etat. Il explose, prés de 185.000 véhicules avec leurs frais. Pourtant, il y a dix ans, on nous avait assuré que les responsables auraient des indemnités de transport mais qu'il n'était plus question de gérer un parc automobile gigantesque avec toutes les contraintes financières qu'il y a autour. Aujourd'hui, il y a un cumul entre la voiture, les voitures et l'indemnité. On nous a éhontément menti. Ce rapport, bien étayé le prouve. Sur les marchés publics, on nous a seriné que désormais sur les grands travaux, au moins 15% doivent revenir à des entreprises nationales. Or, que dit le texte le donneur d'ordre peut exiger que 15% reviennent à l'entreprise nationale. On ne nous ment pas uniquement, on nous prend pour des arriérés mentaux. Car, il suffit de trouver le document et de le lire pour se rendre compte de la supercherie. On peut multiplier les exemples, nos politiques confondent communication et propagande mensongère. Ils ne respectent pas les citoyens que nous sommes et croient pouvoir nous bluffer par des annonces qu'ils savent pertinemment fausses, puisqu'ils n'ont aucune intention de s'y conformer. Abdelilah Benkirane n'a-t-il pas renouvelé les voitures de tous ses ministres, deux mois après avoir proclamé, devant le Parlement, qu'il n'achètera « aucune voiture ? » C'est un vrai drame pour la construction démocratique. Les populistes croient qu'on peut y arriver avec des slogans mensongers, oublient que l'information circule à une vitesse folle et que les mensonges sont vite découverts. Il y a un chemin plus vertueux. Il consiste à dire la vérité, à livrer les données de tout problème et que chacun défende ses propositions. Alors et seulement alors, nous aurons un débat public rationnel qui pourrait éventuellement intéresser les électeurs. Seulement pour ce faire, il faudrait que les politiques soient honnêtes et compétents. Ils ne sont ni l'un, ni l'autre, les Islamistes encore moins que leurs opposants. Il était très populiste de laisser croire que pour restreindre le train de vie de l'Etat, il suffisait d'agir sur le parc de véhicules. Malgré son hypertrophie, celui-ci pèse peu lourd face à la masse salariale et à la mauvaise gestion de l'immobilier. Mais cela nous avait été présenté comme un grand symbole. L'arroseur est arrosé, les Marocains savent que même sur les symboles, ils nous mènent en bateau.