Comme tous les mordus du monde, je suis capable de refaire un match ou de me glisser dans la peau d'un sélectionneur, autour d'une table puisque cela fait trente ans que je n'ai pas touché un ballon. Mais je suis sérieusement convaincu d'avoir une certaine compétence sur le foot. Najib Salmi et Omar Anouari me reconnaissent ma mémoire, je peux vous raconter des matchs de 1970, mais aussi mon coup d'œil. Tout cela pour vous dire qu'on nous prépare une catastrophe. La Coupe d'Afrique des Nations aura lieu chez nous en janvier prochain, c'est-à-dire dans neuf mois. Nous n'avons pas d'entraîneur national, ni de direction technique et encore moins d'équipe, puisque l'ère Taoussi était celle de la destruction. Il a utilisé près de 60 joueurs, n'a jamais reconduit la même équipe même après une victoire et laissé la presse faire les choix à sa place. Le nouveau président, Lakjaâ, puisqu'il est candidat unique, peut choisir l'entraîneur qu'il veut, il ne peut pas dépasser le problème des dates FIFA. Il y en a très peu d'ici la Coupe du Monde et encore moins après. En tout, le nouveau sélectionneur du Maroc aura la possibilité de jouer six matchs avant la CAN. Ces dates sont fixées en milieu de semaine, or on sait que les joueurs arrivent le lundi, font un décrassage le mardi et jouent le mercredi. Dans ces conditions, l'apport de l'entraîneur est très hypothétique. Surtout quand il faut reconstruire un collectif, ce qui est notre cas avec un objectif élevé dans une compétition où nous sommes ridicules depuis 10 ans. J'ai une suggestion à faire. Tous nos joueurs locaux et binationaux seront en vacances lors de la Coupe du Monde, puisqu'ils ont été éliminés honteusement au premier tour. L'idée c'est de pouvoir les réunir pendant ces deux semaines dans un stage convivial. On peut réunir trente joueurs, avec leur petite famille, dans une ville touristique dotée d'installations sportives de niveau. L'objectif n'est pas technique et encore moins physique, puisqu'à cette époque de l'année, ils sont cramés. L'objectif c'est de permettre au nouveau coach de créer un groupe, avec ses leaders, son unité, et de le laisser assumer ses choix. Depuis Zaki, nous avons un problème de riches, à chaque fois, on nous rabat les oreilles, parce qu'il y a un joueur d'origine marocaine qui a marqué un but quelque part en Europe. Si on veut arriver à un résultat, il faut que l'ossature de l'équipe qui jouera la CAN, sorte d'un tel stage qui sera coûteux, très coûteux, mais il ne faut pas que la FRMF cède au chantage populiste. En opérant ainsi, on envoie un message de mobilisation, faisant de la finale de la CAN un objectif. Une désillusion, sur nos terres, dans un contexte social difficile pourrait avoir des conséquences extra-sportives. Les nouveaux dirigeants doivent se donner tous les moyens d'éviter cela.