L'Algérie propose au Monde entier un spectacle unique, celui du plébiscite d'un homme invisible. Abdelaziz Bouteflika a nommé 6 représentants qui se partagent le territoire pour mener sa campagne. Lui est trop occupé à prendre ses médicaments, pour pouvoir être au contact des électeurs. L'Union Européenne a refusé d'envoyer des observateurs, prétextant un problème de temps, mais laissant penser que Bruxelles ne veut pas cautionner une bouffonnerie. Abdelaziz Bouteflika sera le premier président, élu dès le premier tour, sans se présenter aux électeurs. Sur Algérie 3, une représentante du clan Bouteflika a présenté son programme. Il n'y a pas une seule phrase sur le projet sociétal ou les mesures économiques. Tout le discours vante les mérites du diplomate chevronné, qui aurait porté la voix de l'Algérie dans le monde pendant des décennies. Et devinez par quel engagement elle commence ? « Le soutien au droit à l'autodétermination du peuple Sahraoui, restera la priorité du président Bouteflika s'il est réélu ». Je n'ai pas changé un seul mot, c'est la priorité avant le soutien aux Palestiniens. Quant à la Syrie, elle est citée comme « l'une des conséquences catastrophiques de ce que l'on a appelé le printemps arabe, qui a disloqué les Etats et créé des situations d'anarchie ». Les Algériens choisissent donc un diplomate et non pas un président. Pourtant, sur la même chaîne, dans un reportage les jeunes, pro-Bouteflika, les autres n'ayant pas accès à l'antenne, ont d'autres priorités. Ils parlent de chômage, de logement, de liberté. Comprenne qui pourra. Le représentant du Docteur Belaïd a fait son discours en berbère,celui de Louisa Hanoun dans un mélange de français et de kabyle. Tout ce que j'ai compris c'est qu'elle proposait une nouvelle constitution pour une deuxième république et qu'elle voulait faire du berbère une langue nationale. Il n'y avait rien d'intéressant sur les chaînes de Canal plus, je ne regrette pas mon escapade télévisuelle algérienne. Cela ne m'a pas amusé parce qu'il s'agit de l'avenir d'un peuple et de la stabilité d'un pays voisin. Mais cela m'a conforté dans mon analyse, le prochain pouvoir « arabe » qui va sauter, c'est celui de l'Algérie. Les dirigeants, autistes,sont en total décalage avec une population en majorité très jeune. Le mouvement de contestation reste embryonnaire, mais s'amplifie chaque jour. De la même manière que les élections de 2010, honteusement truquées ont sonné le glas pour Moubarak, les présidentielles du candidat fantôme ouvrent la voie à la nouvelle révolution algérienne. Ce n'est qu'une question de temps. Je prends tous les paris.