La bataille entre Wana (Otéo) et Maroc Télécom a atteint le summum, notamment au sujet de Casanearshore. Suite au déballage médiatique de Maroc Télécom, Wana donne sa version des faits. Challenge Hebdo : que vous reproche exactement Maroc Télécom dans l'affaire Casanearshore ? Mounir Qalam : comme convenu dans les accords entre Casanearshore/MedZ et Wana, Wana via sa filiale Otéo, a prévu de mettre ses infrastructures de la zone Casanearshore (et Technopolis) à la disposition des Opérateurs Autorisés (notamment les 3 ERPT nationaux), et ceci afin de garantir la neutralité de la zone et leur permettre de servir leurs clients installés dans la zone : c'est l'objet de l'offre de raccordement. Cette offre est disponible et d'ores et déjà opérationnelle pour raccorder certains clients n'ayant pas choisi Otéo comme fournisseur télécom. Maroc Télécom a pris connaissance de cette offre à son lancement et a demandé des aménagements, notamment en termes de granularité des débits et des prix. Malgré les efforts consentis par Oteo pour donner satisfaction à Maroc Télécom, et malgré l'invitation d'Otéo et Casashore à servir les clients ayant commandé des services au plus vite en parallèle des discussions, Maroc Télécom a refusé et a préféré instruire un dossier auprès de l'ANRT concernant cette offre et geler la mise en service des clients demandeurs en attendant que la procédure aboutisse à son terme. D'autre part, je rappelle que plusieurs zones au Maroc, et qui sont de fait l'exclusivité de Maroc Télécom, ne proposent aucune offre de raccordement et donc ne permettent à aucun autre opérateur ERPT ou FAI de servir leurs clients. Nous avons alerté l'ANRT sur cette situation d'inégalité d'accès à ces zones et sur le préjudice important que nous subissions. C. H. : quel est le rôle d'Otéo une part, et de Wana d'autre part, dans cette affaire, puisque souvent, il y a confusion entre l'un et l'autre ? M. Q. : Otéo est l'opérateur de services télécoms qui a en charge la gestion de l'infrastructure télécoms et la revente de services exclusivement sur les zones de Casanearshore et Technopolis. Wana est un opérateur ERPT licencié, à l'instar de Maroc Télécom et de Méditel. La confusion vient certainement du fait qu'Otéo est une filiale de Wana, mais le différend avec Maroc Télécom porte bien sur l'offre de raccordement d'Otéo, Wana étant signataire, comme Méditel, de ce contrat d'offre de raccordement, avec les mêmes conditions pour les deux opérateurs. C. H. : pouvez-vous nous rappeler à cette occasion dans quelles conditions vous avez remporté l'appel d'offres lancé par MedZ, et quelles en étaient les grandes lignes? M. Q. : le Casanearshore Park, premier pôle Offshore du Maroc, est le fer de lance du programme Emergence et le projet pilote du programme offshoring. D'ici 2016, il prévoit d'accueillir 150 entreprises, 20.000 employés, dans des secteurs-clés comme la finance, les hautes technologies, l'ingénierie, la santé, l'informatique… Comme le souligne le cabinet de Consulting McKinsey, dans ses recommandations au Ministère de l'Industrie et du Commerce dans le cadre du Plan Emergence, l'un des principaux facteurs clés de succès de la zone et l'un des principaux facteurs d'attractivité de ce genre de zone est la performance, la qualité et la compétitivité des solutions de télécommunication. C'est sur la base de cette recommandation que Casanearshore a lancé un appel d'offres à destination des trois opérateurs nationaux et d'opérateurs internationaux, et a choisi avec soin la proposition répondant le mieux à ces critères. L'importance de l'investissement proposé dans des infrastructures télécoms de pointe et dédié à l'offshoring était bien entendu déterminante. Après une étude approfondie des propositions techniques et financières de Maroc Télécom, Méditelecom et Wana, sachant qu'aucun opérateur international n'a répondu, Wana a été l'adjudicataire en janvier 2007 et a finalisé les négociations avec MedZ en juin 2007. Dès le 2ème semestre 2007, Wana a tenu ses engagements en créant une filiale dédiée à la gestion des parcs d'activité, Otéo, qui a investi 120 millions de DH dans la mise en place des infrastructures nécessaires pour assurer un niveau de qualité et de prix aux standards internationaux. Tel était en effet l'engagement d'Otéo : fournir des infrastructures et des services télécoms à la hauteur de l'offre Casanearshore pour attirer les investisseurs étrangers au Maroc. C. H. : où en est le litige au niveau de l'ANRT ? M. Q. : la saisine est instruite par l'ANRT et cette dernière a un maximum de 4 mois pour prendre une décision. C. H. : au-delà du conflit qui vous oppose à Maroc Télécom, vous avez parlé de contrevérités que l'opérateur historique aurait mises sur la place publique via les médias. Quelles sont-elles ? Vous dites même regretter la surenchère médiatique autour de ce dossier. M. Q. : jeter l'opprobre sur le déroulement de l'appel d'offres lancé par la CDG et MedZ, un an après l'adjudication, est d'une mauvaise fois flagrante. Pourquoi autant de temps pour réagir ? Je pense que Maroc Télécom n'a pas compris, à l'époque, l'enjeu que représentait le Park Casanearshore et n'a pas mis les moyens qui sont les siens pour y répondre favorablement. Dire que la politique de l'offshoring pourrait disparaître à cause de ce différend commercial est une contrevérité flagrante et qui ne se démontre pas sur le terrain. Bien au contraire, les premiers résultats de Casanearshore et Technopolis sont globalement très positifs. ◆