D imanche 16 mars 2014, par ce bel après midi au golf du Palais Royal d'Agadir, à l'heure où LL. AA. RR le Prince Moulay Rachid et la Princesse Lalla Meryem remettaient les trophée et Coupe à l'Espagnol Canizares et à l'Anglaise Charley Hull, ils ont (peut être) été nombreux parmi la très dense assistance à se demander : mais pourquoi pas le Maroc ? La lauréate de la Coupe Lalla Meryem, une jeune fille de 18 ans et tout juste plus jeune que notre championne nationale, la gadirie Maha Haddioui qui, sans doute, écrasée de pression, s'est carrément effondrée lors d'une compétition où elle était particulièrement attendue. Elle se classa au-delà de la 100ème place en un rang indigne de son talent et en deçà des espoirs placés en elle. La pro marocaine nous doit une revanche qu'on souhaitera la plus éclatante possible, elle en a les moyens et l'ambition. Il lui manque ce petit quelque chose, qu'elle ne peut trouver qu'au fond d'elle-même, pour transcender ses angoisses et ce trac qui l'handicape encore. Oui pourquoi pas nous, s'est-on dit encore en voyant tous nos joueurs pros marocains, là dans le Trophée Hassan II, rater le « cut » souvent d'un rien et laisser les autres concurrents, pas forcément meilleurs qu'eux, se disputer la gloire. L'Espagnol Alejandro Canizares a reçu le Trophée Hassan II des mains de Moulay Rachid, président de l'ATH qui ne désire rien que de voir un jour, un champion Marocain venir à ses côtés à la tribune royale pour être déclaré vainqueur de l'édition. Canizarès est licencié au golf de Valderrama, dont le président, ô coïncidence, était l'un des participants aux 4èmes journées professionnelles du Tourisme qui se sont tenues en parallèle avec la compétition. Carton plein donc pour l'Espagne et la sujette de sa Majesté la Reine d'Angleterre... Quand notre rêve de dominer le golf méditerranéen, africain, européen ou mondial se réalisera-t-il ? La question n'est ni incongrue ni prématurée. Le golf se targue d'être centenaire au Maroc, c'est en 1914 que furent construits des parcours de golf à Tanger. L'autre semaine à Agadir, l'ATH organisait la 41ème édition (excusez du peu) du Trophée Hassan II et la 20ème de la Coupe Lalla Meryem. L'essor du golf est incontestable. Il est le fruit d'efforts soutenus et on le doit au sérieux du travail accompli et non aux moyens matériels dont beaucoup pensent, à tort mais vraiment à tort, qu'ils sont illimités quand il s'agit de golf. On se morfond en attendant ces champions et championnes qui, le jour (proche, inchaâ Allah) où ils écloront, le golf deviendra au Maroc le sport n° 1. Non, ne bondissez pas de surprise et ne ricanez pas en pensant que vous lisez un énième article laudateur sur le sport des clubs et des « green », car les chiffres sont têtus et pour le golf national, ils sont révélateurs. Leurs Altesses Royales, le Prince Moulay Rachid et la Princesse Lalla Meryem ont présidé, dimanche au golf du Palais Royal d'Agadir, la cérémonie de remise des prix aux vainqueurs de la 41ème édition du Trophée Hassan II et de la 20ème édition de la Coupe Lalla Meryem de golf. Le tourisme en attendant les podiums Aujourd'hui, on le sait, nos compétitions souveraines font partie de l'European Tours. Reste à nos pratiquants de saisir cette aubaine unique dans le paysage sportif continental, si l'on excepte l'Afrique du Sud. Le nombre de pratiquants s'en va décuplant d'année en année. Les 29 golfs, actuels, dont 22 de plus de 18 trous seront 40 à l'horizon 2020. Nos parcours sont de grande qualité et ils accueillent près de 100 000 golfeurs étrangers chaque saison. Notre pays propose une expérience golfique qui peut être vécue dans quatre destinations différentes (méditerranée avec Tanger et Saïdia, Culture avec El Jadida, Casa, Rabat et Fès, l'expérience Atlas avec Marrakech et Essaouira et enfin l'expérience Soleil, en Agadir et partout sur le Royaume). Le plus beau de tout cela, c'est que personne des responsables du golf national ne se repose sur ses lauriers et ne déclare d'autosatisfaction. Très clairement, ils réfléchissent et travaillent tous à l'épanouissement du secteur. Tout au long des Journées Professionnelles du Tourisme ils ont mis le doigt là où ça fait mal. Si la légitimité du golf au Maroc est incontestable, personne ne nie les lacunes qui grèvent encore le vrai décollage. Le Maroc ne vise rien moins qu'à prendre une plus large part dans le gigantesque potentiel économique du golf dans le monde. Le tourisme ne peut se passer des golfeurs qui représentent des milliards d'euros en termes de recettes. Même la Turquie et ses 40 millions de touristes annuels est en train de se lancer sur le marché du golf. Ce pays où il y a moins de 20 parcours est en train de rattraper son retard sur le Maroc. Juste à coté de nous, l'Espagne et ses 310 parcours dont 100 pour la seule région de la Costa del Sol accueille 500 000 touristes golfeurs qui génèrent 2,4 milliards d'Euros de recettes, chaque année. Le marché européen, proche géographiquement de nous, est riche d'une clientèle golfique de 6 millions de personnes. La part actuelle du Maroc dans cette extraordinaire caverne d'Ali Baba est encore fort réduite. Il faut en trouver le sésame. Pas étonnant que la CNT (Confédération Nationale du Tourisme), l'ONMT (Office National du Tourisme) et bien sûr le ministère de tutelle avec le ministre Haddad qui n'a pas besoin qu'on lui fasse un dessin pour apprécier la mesure du défi golfique, aient souhaité durant toute la journée du vendredi 14 mars, exposer leurs expériences et souligner leurs visions et leurs ... déceptions. L'heure n'est pas aux satisfécits mais aux bouchées doubles. Il faut dynamiser et professionnaliser tous les métiers du golf. Avec la magnificence du Trophée Hassan II et de la Coupe Lalla Meryem, il faudrait mieux capitaliser sur ces évènements considérables. Un frémissement se voit à Agadir où beaucoup de jeunes s'intéressent à une discipline dont ils ignoraient tout, il y a moins de 5 ans. Et il n'y a pas que les pratiquants, il y a les caddies, les green-kepers qui eux aussi ont un rôle considérable à jouer auprès de nos visiteurs. Les clés du succès tiennent en sept mots magiques : Parcours – Prix du séjour – Qualité du transport – Facilité d'accès – Concentration (proximité des golfs, car le golfeur aime bien jouer dans des parcours différents) – Climat – Loisirs. La qualité d'accueil et la qualité de vie dans les villes golfiques sont aussi des critères importants. Il va falloir aussi s'atteler à la formation des compétences en nouvelles technologies. Le tourisme du golf peut offrir des débouchés aux lauréats d'instituts et d'écoles de commerce. Et last but not least, il faut peaufiner les détails, car, le sait-on assez, le diable se niche dans les détails. La révolution culturo-économico-sportive du golf est en marche. En attendant que nos pratiquants trouvent leur chemin de Damas et réussissent l'exploit que l'on espère tous, les opérateurs économiques, eux, sont appelés à franchir les paliers nécessaires pour que le Royaume prenne une plus grosse part dans le gâteau golfique mondial. Ambition résumée ainsi par l'impeccable Abderrafie Zouiten, directeur général du l'ONMT qui déclare : « Nous allons engager un plan d'actions sur la capacité aérienne, la promotion, mais également la formation et la qualité. Ce sont les leviers sur lesquels l'ensemble des acteurs vont se fédérer pour donner le niveau auquel peut prétendre le Maroc en termes de positionnement dans le domaine golfique ». La Marée Verte serait-elle en train de monter ? Acceptons-en l'augure.