Le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme est en train de réaliser une étude prospective sur le secteur. Tout en se voulant rassurante, la première étape a été de faire le diagnostic et l'autocritique du secteur. C'est pour rassurer sur le potentiel que continue à afficher le secteur de l'immobilier que nous présentons aujourd'hui les premiers constats exprimés par le cabinet d'étude en charge de réaliser une prospection du secteur à l'horizon 2020». Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme n'y est pas allé par quatre chemins pour démentir le scénario de la crise immobilière qui plane sur le Maroc, en présence d'un parterre de promoteurs immobiliers ayant fait le déplacement à Rabat pour écouter leur ministre de tutelle démentir les bruits de marché, qui soutiennent un tassement de l'activité constaté depuis quelques mois déjà sans la présence d'un indice annonçant une quelconque correction technique. La réunion de concertation censée préparer l'étude qui permettra à son tour d'élaborer une stratégie du secteur de l'habitat et de l'urbanisme d'ici à 2020 a aussi servi de réunion de recadrage de l'opinion publique. Les promoteurs immobiliers ont eu l'occasion de contester les dernières «révélations», confortés en cela par leur ministre de tutelle. Ils réfutent catégoriquement la thèse selon laquelle il y a un risque d'effondrement des prix de l'immobilier, notamment au niveau du segment haut de gamme. Projection sur une douzaine d'années Mais le fait est que les acheteurs potentiels sont dans l'attente, reportant volontairement la décision d'achat. Les promoteurs, eux, se retrouvent en possession de gros stocks qu'ils peinent à écouler et en veulent particulièrement à la presse qui, selon leurs dires, «véhicule un message erroné». Que révèlera donc cette étude de si particulier au point de désavouer la thèse selon laquelle le marché est en train de se tasser ? L'étude prospective sur le secteur de l'immobilier à l'horizon 2020 part d'abord de l'existant pour pouvoir se projeter sur une douzaine d'années. L'un des indices les plus édifiants qu'elle a mise en exergue renvoie à la demande en logement, notamment celui financé par recours au crédit bancaire. Chiffre à l'appui : au titre du premier semestre de l'année, l'encours des crédits à l'immobilier a dépassé les 128 milliards de DH. En 2007, ce chiffre a atteint les 107 milliards, ce qui a représenté à l'époque une évolution nette de 204% par rapport à 2002. Plus de 4 milliards ont été accordés via le programme du Fogarim, correspondant à plus de 40.000 dossiers. Cependant, le tableau n'est pas entièrement peint en rose. L'étude en question s'est aussi intéressée aux facteurs de blocage qui empêchent le secteur d'avancer à plus grands pas. Un diagnostic de l'environnement dans lequel évolue le secteur a été fait afin d'élaborer un benchmark international. Concernant la fiscalité, grand sujet de débat (et de contestation) entre les professionnels et la direction des Impôts, l'instabilité qui caractérise les acquis du secteur a été mise en exergue, référence faite notamment à l'article 19 de la loi des finances 99. Sa lourdeur pour les intervenants sur les segments de l'auto-construction et hors logement social n'a pas non plus été omise de la liste des contraintes. Aussi, la fiscalité du foncier serait à revoir pour accompagner l'équipement du foncier urbanisable, selon le cabinet Invest finance consulting, réalisateur de l'étude. Du côté des professionnels, l'étude n'a pas fait dans la langue de bois : manque de professionnalisation, importance de l'autoproduction et de l'informel, surcoûts de production, faible industrialisation, inadéquation entre l'offre et la demande… La promotion immobilière a un gros gap à rattraper pour pouvoir améliorer ses indicateurs, notamment devant la concurrence de nouveaux opérateurs étrangers de plus en plus intéressés par le marché national. ◆