Selon les données de la Banque mondiale, le stock de la dette extérieure (publique et privée) des pays africains s'établissait, à fin 2023, à plus de 1 154 milliards de dollars. Dix pays du continent concentrent 70 % de ce fardeau, qui pèse lourd sur leurs économies. Pour de nombreux Etats, l'emprunt sur les marchés internationaux est devenu une alternative de financement pour leurs politiques publiques. Nombreux sont ceux qui optent pour des emprunts extérieurs afin de financer leur développement, malgré des coûts trois fois plus élevés que ceux des pays développés, selon l'OCDE. Bien que ces emprunts aient pour objectif le développement, ils placent souvent les pays africains dans une position financière inconfortable. Les prêts massifs, destinés principalement à des projets d'infrastructure, s'accompagnent de défis majeurs, notamment le poids croissant de la dette. Le dernier rapport de la Banque mondiale met en garde contre cette dynamique inquiétante. La dette extérieure du continent a augmenté de 7,84 % en 2023, atteignant 1 154 milliards de dollars. À titre de comparaison, la dette extérieure mondiale (hors pays de l'OCDE) s'élève à 8 837 milliards de dollars, dont 13,06 % proviennent du continent africain. Lire aussi | 250 millions $ de la Banque mondiale pour la gestion des déchets au Maroc Cette dette est majoritairement composée d'emprunts publics bilatéraux et multilatéraux, représentant plus de 62 % du total. La conjoncture économique mondiale, marquée par des crises comme la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, ainsi que la flambée des prix des matières premières, a poussé de nombreux pays africains à intensifier leur recours à l'endettement. Afrique : 864 milliards de dollars de dette extérieure En Afrique subsaharienne, la dette extérieure atteint 864 milliards de dollars, dont 59 % de dette publique et 41 % de dette privée. En Afrique du Nord, la dette publique représente environ 65 % du stock total, estimé à 290 milliards de dollars. Ce montant équivaut à 170 % des exportations en valeur et 44 % du revenu global brut (PIB additionné aux revenus nets reçus de l'étranger). Les principaux créanciers publics des pays africains incluent la Banque mondiale, le FMI, la Banque africaine de développement (BAD) et la Chine. Ces deux dernières décennies, la Chine s'est imposée comme un acteur clé de la dette africaine, accordant plus de 170 milliards de dollars de prêts à 49 pays africains entre 2000 et 2022. À noter que la dette publique totale en Afrique a atteint 1 800 milliards de dollars en 2022. Lire aussi | Tanger Med se renforce avec un financement de 400 millions d'euros du Groupe de la Banque mondiale En termes de classement, des pays comme l'Algérie affichent une dette extérieure relativement modérée (7,31 milliards de dollars). À l'inverse, des pays comme l'Ethiopie (33,30 milliards), la Tunisie (41,28 milliards) et le Sénégal (39,95 milliards) figurent parmi les plus endettés. Au Maroc, la dette publique représente 64 % de la dette extérieure, dominée par des emprunts multilatéraux (49 %), dont 20 % auprès de la Banque mondiale. En 2023, le service de la dette du pays a atteint 4,99 milliards de dollars, soit 4 % du revenu global net. L'épargne publique : une solution envisageable ? La Fondation Mo Ibrahim a récemment souligné que les dépenses domestiques et extérieures des Etats africains restent insuffisantes pour atteindre leurs objectifs de développement socio-économique. Avec un taux moyen d'épargne nationale de 20 %, l'Afrique peut s'inspirer des stratégies adoptées par les « dragons asiatiques » (Corée du Sud, Hong Kong, Singapour, Taïwan), où l'épargne publique a joué un rôle crucial dans la croissance économique. En finançant une part importante de leur capital public grâce à l'épargne, ces pays ont réduit leur dépendance à la dette extérieure. Dans un contexte africain marqué par des défis constants, l'épargne publique et une gestion plus efficiente des dépenses pourraient représenter des alternatives viables. Elles permettraient non seulement de financer le développement, mais aussi de limiter le poids croissant de la dette, tout en renforçant l'autonomie des Etats face aux pressions financières internationales.