Voici un geste symbolique, mais ô combien significatif de l'état catastrophique de l'état et du sens de la politique au Maroc, et dont l'image a circulé dans les réseaux sociaux à une « vitesse-éclair », pour nous plonger dans une obscurité extrême, celle d'une autre forme de l'ignorance, ou plutôt de l'inconscience de certains de nos chers gouvernants, laquelle ne peut être que désastreuse, voire calamiteuse pour notre pays bien aimé. De quoi s'agit-il ? Une image qui circule dans les réseaux sociaux et où l'on voit le nouveau ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, M. Azzedine El Midaoui, refuser une simple accolade de l'ex-ministre du même département, Abdellatif Miraoui. Un geste qui n'a pas été raté, a été filmé et lancé en spectacle à la « foule digitale », rappelant cette autre image virale qui a fait des ravages, il y a quelques mois, montrant un doyen sexagénaire refusant, lors d'une cérémonie, de remettre un prix à une étudiante parce qu'elle porte un keffieh Palestinien. Une scène, là aussi incompréhensible, politiquement exploitée, où l'on découvre spontanément la réalité de notre « élite nationale », celle qu'Etienne de La Boétie avait si bien décrite dans son œuvre célèbre : « De la servitude volontaire ». Aujourd'hui aussi, dans cette passation entre deux « confrères », A. El Midaoui et A. Miraoui, où le premier, fraichement nommé dans le gouvernement Akhennouch II, semble avoir totalement ignoré qu'en tant que « responsable politique et public », ce n'est plus une logique de rapports personnels conflictuels, d'esprit de rancune, de règlement de comptes (...) qui devrait prévaloir et régir son comportement, mais plutôt les valeurs de prudence, de sagesse, d'altruisme, de sacrifice et de pardon (...) qui auraient dû être exprimées dans ses moindres petits gestes. A elle seule, cette image résume l'état d'esprit de la plupart de nos chers gouvernants, consacrant ainsi une défiance quasi-collective vis-à-vis de la politique, et donc vis-à-vis des institutions nationales représentatives, en particulier le parlement et le gouvernement. L'image virale qui a circulé dans les réseaux sociaux a ainsi révélé un niveau tellement bas de ces « responsables politiques », appelés pourtant à s'élever et à contribuer à des décisions et à la gestion du « vivre ensemble ». Ces « responsables », en fait « irresponsables », au vu des réactions des citoyens, donnent, au contraire, l'impression de « tirer vers le bas ». En tout cas, leurs gestes et actes ne traduisent point cette « conscience morale et politique » d'être au service de l'intérêt général. Elles reflètent plutôt un certain degré d'infantilisme, voire d'égoïsme, qui fait obstacle à l'émergence de cette conscience, aussi bien au niveau individuel qu'au niveau collectif, pourtant si indispensable à l'instauration/restauration de la confiance des citoyens, sans laquelle la politique n'aurait plus de sens, dévorée par l'opportunisme à couleur religieuse ou mercantile. Et loin d'être une exception, cette image de la passation Miraou/Midaoui est malheureusement fréquente à travers les paroles, gestes et actes de nos parlementaires et/ou membres de l'exécutif, dont certains sont bien connus pour leur incivisme, notamment fiscal, et les égarements dans leurs déclarations officielles ou privées, avec l'odeur nauséabonde de chaussettes et autres sous-vêtements, révélant ainsi les bas-fonds d'un mode de pensée resté primaire. Si les marocains se sentent aujourd'hui si indignés, c'est tout simplement parce qu'ils espèrent mériter mieux, beaucoup mieux. C'est la promesse affichée lors des dernières élections, notamment dans la propagande/publicité d'un « parti de la colombe » ou d'un « parti du tracteur » qui se révèlent de plus en plus sous l'image de « vautours » et de « prédateurs ».