Abdellatif Jouahri, le Wali de Bank Al Maghrib (BAM), a tenu sa traditionnelle conférence de presse ce mardi 24 septembre 2024, à l'issue de la réunion trimestrielle du Conseil de BAM. Divers sujets économiques importants ont été abordés, allant du chômage des jeunes à la gestion du cash en circulation, en passant par les créances en souffrance et les perspectives de croissance économique. Voici les points essentiels à retenir. Croissance économique et projections divergentes Interrogé sur les divergences de projections concernant la croissance économique entre différents organismes comme le HCP, le gouvernement et les institutions internationales, Jouahri a expliqué que ces différences résultent des hypothèses variées utilisées dans les modèles économiques de chaque entité. Il a rappelé que les prévisions de Bank Al Maghrib s'affinent à mesure que l'année avance et que les chiffres se rapprochent de la réalité. « Nous présentons à chaque fois les prévisions aux côtés des chiffres réels, afin de comprendre où les écarts se produisent et pourquoi », a-t-il précisé. Lire aussi | Saham-Société Générale: BAM se prononcera «avant la fin de l'année» Cash en circulation Le gouverneur a également abordé la question de la forte utilisation du cash au Maroc, qui représente un défi pour l'économie formelle. Il a indiqué que BAM est en train de mener une étude approfondie sur cette question pour mieux comprendre l'impact de cette habitude sur l'économie. Jouahri a comparé la situation marocaine avec d'autres pays comme l'Egypte et le Kenya, qui ont des niveaux d'économie informelle similaires mais des taux d'utilisation du cash très différents. « Il est temps de changer cette habitude, qui est aussi liée à des facteurs culturels », a-t-il affirmé, mettant en avant la nécessité de développer des solutions adaptées à la réalité marocaine. Créances en souffrance Un autre sujet crucial abordé lors de la conférence était celui des créances en souffrance, qui continuent d'augmenter, atteignant 94,8 milliards de dirhams en 2023, soit une hausse de 6,7 %. Cependant, Jouahri a annoncé une avancée importante : la question de la transférabilité automatique des créances en souffrance a été résolue. Ce projet, qui a mobilisé plusieurs ministères et parties prenantes pendant trois ans, est désormais prêt à être soumis au Chef du gouvernement pour inscription dans le circuit d'adoption. « Nous avons surmonté les derniers obstacles, et le projet sera bientôt transféré pour adoption », a-t-il confirmé. Lire aussi | Taux directeur, inflation, croissance... ce qu'il faut retenir du Conseil de Bank Al-Maghrib Chômage des jeunes Le chômage des jeunes au Maroc continue de susciter de vives préoccupations. Jouahri a souligné une nouvelle aggravation des taux de chômage parmi cette catégorie, particulièrement en milieu rural, où le taux a grimpé de 46,1 % à 48,8 % au deuxième trimestre 2024. En milieu urbain, il a également augmenté, passant de 33,6 % à 36,1 %. Cette situation est « alarmante » selon le gouverneur, et ne concerne pas seulement le Maroc, mais aussi d'autres pays à travers le monde. Il a insisté sur le fait que la clé pour lutter contre ce phénomène réside dans l'éducation. « Le point de départ est d'instaurer un système éducatif et de formation qui facilite l'intégration sur le marché du travail. Beaucoup de jeunes quittent l'école prématurément, et c'est là que réside le problème fondamental », a déclaré Jouahri, soulignant l'importance d'investir dans le capital humain pour stimuler l'emploi et la croissance économique. Politique monétaire Concernant la politique monétaire, Jouahri a justifié la décision de BAM de maintenir le taux directeur inchangé à 2,75 %, soulignant l'importance de la prudence dans le contexte actuel. « Il ne faut jamais agir dans la précipitation », a-t-il averti. La banque centrale continue de suivre de près l'évolution économique et sociale, tout en assurant que les demandes de liquidité des banques seront satisfaites. « Nous sommes prêts à répondre aux besoins des banques pour financer des investissements ou d'autres demandes du secteur privé », a-t-il affirmé, rappelant que BAM accorde actuellement 151 milliards de dirhams aux banques, avec la possibilité d'augmenter ce montant jusqu'à 400 milliards de dirhams en fonction des garanties proposées. Société Générale Enfin, Jouahri a également évoqué la procédure d'agrément de la Société Générale Maroc suite à son rachat par le groupe Saham. Il a assuré que le processus est en phase de finalisation et que tout sera « ficelé avant la fin de l'année ». Cette opération, d'un montant de 745 millions d'euros, attend encore l'accord final de Bank Al Maghrib après avoir obtenu le feu vert d'autres régulateurs comme le Conseil de la concurrence et l'AMMC.