Conformément à l'article 47 de la loi organique des finances (LOF), le processus d'élaboration du projet de loi de finances (PLF), pour l'année 2025, a été entamé, avant le 31 juillet, avec une présentation du cadre général d'élaboration dudit PLF, devant les commissions parlementaires chargées des finances. L'objectif principal de cette « gymnastique budgétaire » du gouvernement est de concilier « équilibres macro-économiques » et continuité dans la mise en œuvre des grands chantiers de développement, en particulier ceux relatifs à la construction de l'Etat social. Il en est de même du renforcement des infrastructures de base et de l'appui au pouvoir d'achat. A cet égard, le contexte économique mondial est caractérisé par une stabilité de la croissance au cours du 1er semestre 2024, soit 3,2%, avec une relative amélioration dans la zone euro (principal partenaire du Maroc) qui est passée de 0,5% à 0,9%, en 2023. Pour la même année (2023), la croissance du commerce mondial est passée de 0,8% à 3,1%. Le taux d'inflation a légèrement baissé de 6,7% à 5,9%. A l'exception du pétrole dont le cours a connu une hausse de 5%, les prix des principales matières premières ont connu une tendance à la baisse. C'est notamment le cas du gaz butane (- 4,4%), du blé tendre (- 25,3%), et des phosphates (- 54,3%). Au niveau national, les activités non agricoles ont continué à enregistrer une dynamique de croissance. Ainsi le taux de croissance du PIB non agricole est passé à 3,7% au cours du 1er semestre 2024, contre 3,5%, pour la même période, en 2023. C'est ce qui a permis de compenser la baisse du PIB agricole. La production des céréales a enregistré une baisse de – 43%, pour l'année 2023-2024, par rapport à 2022-2023. Par contre, pour les phosphates, à fin mars 2024, la croissance a été de 32,1%, par rapport à la même période 2023. La production d'énergie électrique a connu une hausse de 1,8%, à fin mai 2024. Le secteur industriel s'est maintenu dans le trend haussier, avec une hausse de 78,4%, à fin mai 2024. Par contre, le tourisme a connu une hausse de 14%, à fin juin 2024, inférieure à celle enregistrée pour la même période, en 2023, soit 92%. C'est aussi le cas du transport aérien, avec une hausse de 19%, à fin mai 2024, contre 81%, à fin mai 2023. Quant au BTP, véritable locomotive de l'économie nationale, la croissance a connu une hausse symbolique de 1,1%, à fin juin 2024, après une baisse de – 4,6%, pour la même période, en 2023. Ainsi, si les activités tournées principalement vers l'export ont connu une nette amélioration, à l'exception du tourisme, les activités tournées vers le marché national ont enregistré une faible croissance, voire une stagnation. Cependant, le taux moyen d'inflation enregistré au cours du 1er semestre (S1) 2024, soit 1%, contre 7,9%, pour la même période, en 2023, permet d'être optimiste. Il en est de même du taux de croissance des emprunts consacrés à l'investissement qui est passé de 1,2% à 3,5% et de la promotion immobilière qui a enregistré une progression de 2,3%, grâce au nouveau programme d'appui direct au logement, contre une baisse de – 4,5%, en 2023. A cela s'ajoute l'augmentation relative des salaires de la fonction publique, récemment actée, qui devrait booster la demande locale. Le taux de chômage, point faible du gouvernement actuel, a enregistré une nouvelle hausse de 0,8%, pour atteindre 13,7%. Par contre, les échanges extérieurs ont enregistré une évolution positive qui a permis d'atténuer le déficit commercial. En effet, alors que les exportations ont connu une hausse de 4,4%, les importations ont enregistré une augmentation de 2,3%. D'où une baisse du déficit commercial de 1% (1,2 MMDH). Fin mai 2024, l'exportation de l'industrie automobile a enregistré un montant de 67,5 MMDH, contre 60,2 MMDH, pour la même période, en 2023. L'industrie aéronautique a aussi connu une hausse des exportations de 17,6%, en S1-2024, contre 10,7%, en S1-2023. Ce n'est pas le cas de l'industrie agroalimentaire qui a enregistré une baisse de – 0,7% et de l'électronique avec une baisse de – 6,7% (S1-2024). Le tourisme a progressé de 1,6%, et le transport international de 2,4%. Les investissements directs étrangers ont, par contre, enregistré une bonne performance, avec une hausse de 19,6% (S1-2024). Les réserves en devises connaissent la même moyenne, avec 5,5 mois d'importation. Pour ce qui est des recettes fiscales, le 1er semestre 2024 a enregistré un taux de réalisation de 56% des prévisions, avec une croissance de 10,9% (14,9 MMDH). Quant aux dépenses de fonctionnement, le taux de réalisation a atteint 50,3%. Celles relatives à l'investissement ont enregistré un taux de 46,7%, avec une hausse de 4,1%. Un excédent budgétaire a été enregistré d'un montant de 8,1 MMDH, ce qui a permis une baisse du déficit budgétaire de 0,4 MMDH, pour atteindre 27,5 MMDH. Ce déficit ne devrait pas dépasser 4%, à fin 2024. La promesse pourrait donc être bien tenue. La dette du Trésor a enregistré un taux de 69,5%, en 2023, contre 72,2%, en 2020. Aucun mot, par contre, sur la dette publique qui devrait dépasser les 100% du PIB. Avec un classement du Maroc « +B/BB », le Royaume est toujours un bon élève à l'international. Pour les années 2025-2027, trois axes ont été définis : continuité de la construction de l'Etat social ; continuité de la réalisation des grands chantiers d'infrastructures ; et maintien des équilibres macroéconomiques. Une acrobatie difficile mais possible. Pour l'année 2025, les prévisions indiquent une production de 75 millions de quintaux de céréales (si le ciel est clément). Le prix du baril de pétrole à 79 dollars (si les conflits géopolitiques ne s'intensifient pas). Le prix du gaz butane, en cours de décompensation, devrait tourner autour de 450 dollars. Le dollar pourrait équivaloir 9,8 DH, et le taux d'inflation ne devrait pas dépasser 2%. Le taux de croissance devrait atteindre 4,6%. Le déficit budgétaire ne devrait pas dépasser 3,5%, dans l'optique de s'orienter vers un taux de 3%, en 2026 et en 2027. L'endettement du Trésor devrait connaitre une baisse pour atteindre un taux de 66%, à fin 2027. Comme d'habitude, les prévisions dépendent fortement, bien sûr, de la double dépendance de l'économie marocaine, aussi bien vis-à-vis du marché international que des aléas climatiques. C'est dire que la « valeur ajoutée politique » demeure faible, voire absente.