Depuis quelques années, le Maroc a décidé de faire de la digitalisation un des piliers de son développement et un atout majeur pour améliorer la gouvernance. Selon la Banque mondiale, un projet de nation digitale réussi pourrait faire économiser au Maroc environ 718 millions d'heures de travail par an, soit 1 % du PIB ! C'est à la lumière de ces opportunités que les gouvernements successifs des deux dernières décennies ont lancé plusieurs stratégies. À travers le Gitex, les ambitions du Maroc sont claires : devenir un véritable pôle numérique régional. Depuis l'émergence du Covid, qui a démontré sans filtre la pertinence du digital, le Maroc s'est résolument engagé dans la construction de sa souveraineté numérique. Etats, institutions, associations, tous militent pour la cause de la transition numérique. Inscrite dans cette vision nationale, l'Apebi, par sa participation au GITEX, renouvelle son rôle catalyseur dans le chantier de l'économie numérique. « Libérer les énergies » est une expression du rapport sur le nouveau modèle de développement qui symbolise clairement la dynamique du Maroc dans son ambition, notamment de prendre le virage du numérique. Pas qu'au Maroc, le digital est un axe clé en termes d'objectifs de développement durable, et tous les pays ont fait de cette cause « un enjeu de gouvernance ». Entreprises, Etats, secteurs publics, secteurs privés, et au sens plus large la société, tout le système social a enclenché une marche vers ce nouveau monde. Impliquant une grande réinitialisation, l'émergence de cette nation digitale nécessite cependant plusieurs prérequis. Entre la promotion des usages numériques pour un changement de mindset, la formation des talents, les investissements, et la volonté politique, la construction d'une nation digitale est un chantier dantesque. Aujourd'hui, à travers le Gitex, le Maroc a décidé de marquer son empreinte et de faire le bilan de son ambition dans le chantier du numérique. Lire aussi | Trois startups marocaines prêtes à s'illustrer à l'international « Cette édition permettra au Maroc de faire le point sur toutes les dynamiques numériques lancées ces dernières années », nous confie Rachid Baarbi, Vice-président de l'AUSIM. Et d'ajouter : « Les attentes du Maroc pour le GITEX 2024 se concentrent sur la création de partenariats internationaux afin de promouvoir nos industries technologiques et de mettre en valeur nos capacités technologiques. L'objectif principal est d'explorer les opportunités sur le marché africain et international. Récemment, le ministère de la Transition Numérique a établi plusieurs accords de coopération (MOU) pour stimuler notre environnement favorable aux affaires dans le secteur des TIC. Ces accords mettent en lumière nos succès, nos innovations et les opportunités d'investissement dans le domaine, attirant ainsi de nouveaux investisseurs et d'autres acteurs majeurs de l'industrie. Cette initiative vise à positionner notre pays comme un important centre technologique, propice au développement et à la croissance économique. » Du retard à rattraper Du 29 au 31 mai, GITEX Africa, le plus grand forum africain dédié à la technologie et aux start-ups, pose ses valises à Marrakech pour sa deuxième édition. Après le succès de la première édition, l'événement, organisé conjointement par le ministère de la Transition Numérique et de la Réforme de l'Administration, l'Agence de Développement du Digital (ADD) et l'émirati KAOUN International, passe à une vitesse supérieure. Selon les organisateurs, le nombre d'exposants passera de 900 à 1 500, les startups présentes de 400 à 800, et le nombre de visiteurs attendus de 30 000 l'année dernière à 50 000 cette année, en provenance de près de 130 pays. Le ministère a, pour sa part, pris en charge 90 % des frais financiers pour la participation de 200 start-ups marocaines. En effet, à la lumière de la trajectoire de développement tout azimut portée par le mantra Royal, le Maroc ne cache pas son ambition à travers cette nouvelle édition du Gitex : se positionner comme un pôle numérique régional. Lire aussi | 5G: Ghita Mezzour annonce le lancement de plusieurs chantiers « En effet, cette nouvelle édition du Gitex Africa confirme davantage les ambitions du Maroc en tant que hub numérique régional. Elle met également en lumière que le Maroc est une place de la Tech, à l'image de son aura dans le tourisme », déclare Redouane Elhaloui, Président de l'Apebi. Et de poursuivre : « Durant cette édition, les chantiers que le Maroc doit adresser incluent la question des data centers, du cloud, des infrastructures, et des compétences tech pour atteindre cette ambition de hub régional. » Cependant, le chemin vers l'émergence numérique est encore long pour notre pays. Aujourd'hui, bien que les efforts du Maroc soient palpables dans certains secteurs, le pays accuse un certain retard. Faisant partie des 5 axes clés du nouveau modèle de développement du Maroc, le sujet du digital est une véritable priorité. La nouvelle stratégie Digitale 2030, en cours de préparation, témoigne de cette ambition. Cette nouvelle feuille de route, portée par le Ministère de la Transition numérique, vise à booster le potentiel du Maroc dans les domaines où il affiche un certain retard. Concrètement, par exemple dans le secteur de l'e-gov, le Maroc affiche un certain retard. Ce retard a été au cœur d'une des récentes études de l'AUSIM. « Et malgré les stratégies nationales successives, force est de constater que le niveau de digitalisation au Maroc ne progresse pas au rythme attendu, comme en témoigne son classement dans les nombreux index internationaux, notamment le « UN E-GOVERNMENT INDEX 2022 » (qui fait figure de référence internationale). Le Maroc a progressivement régressé comparativement aux autres pays dans le monde, passant de la position 30 en 2014, à 78 en 2019 et à 101 en 2022, sur 193 pays », explique le livre blanc. Et de poursuivre : « Il faut noter que le niveau de maturité et la qualité des services digitalisés restent globalement faibles avec seulement 23 % d'entre eux (cartographie 2019) considérés comme réellement dématérialisés, le reste (77 %) étant limité à des services informationnels ou ne proposant qu'une dématérialisation partielle, ne permettant pas ainsi de proposer un service de qualité aux citoyens et aux entreprises. »