Le projet Xlinks illustre les enjeux complexes auxquels sont confrontés les grands projets d'infrastructure énergétique dans un contexte économique volatil et incertain. Concilier ambitions, contraintes financières et impératifs environnementaux constitue un défi de taille, qui nécessite une gestion rigoureuse et une capacité d'adaptation aux aléas économiques. Le mégaprojet de liaison électrique sous-marine reliant le Maroc au Royaume-Uni, porté par l'opérateur britannique Xlinks, vient de franchir une nouvelle étape significative. La filiale Xlinks First, chargée de la réalisation du projet, vient de réévaluer à la hausse le coût estimé, désormais situé entre 22 et 24 milliards de livres sterling, soit une augmentation d'environ 30% par rapport aux projections initiales de 18 milliards de livres. Lire aussi | Fettah appelle les assureurs à innover pour favoriser l'inclusion financière Cette révision intervient dans un contexte économique particulièrement tendu, marqué par une forte pression inflationniste sur les coûts des projets énergétiques. Les prix des matières premières, de l'énergie et de la main-d'œuvre ont grimpé, tandis que la demande reste soutenue et les taux d'intérêt ont augmenté, grevant les budgets d'investissement. Parallèlement, Xlinks revoit également à la hausse le prix de vente de l'électricité renouvelable dans le cadre du « Contract for Difference » (CFD) en cours de négociation avec le gouvernement britannique. Désormais, ce prix est estimé entre 70 et 80 livres sterling par mégawatt-heure (MWh), contre une fourchette initiale inférieure. Lire aussi | Le secteur automobile marocain prêt à une nouvelle phase avec le soutien de la Bourse Le mécanisme du CFD, ou « contrat d'écart compensatoire », est crucial pour sécuriser le modèle économique de Xlinks. Il permet de garantir un prix de vente de l'électricité convenu à l'avance, atténuant ainsi les risques liés aux fluctuations des prix de marché. Si le prix de marché est supérieur au prix convenu, Xlinks rembourse la différence. Inversement, si le prix de marché est inférieur, le gouvernement britannique compense l'écart. Une tendance haussière Cette réévaluation du coût et du prix de vente reflète les défis auxquels sont confrontés les grands projets d'infrastructures énergétiques dans le contexte économique actuel. Le gouvernement britannique lui-même a récemment relevé le prix maximum que les projets éoliens offshore et d'autres projets d'énergies renouvelables peuvent recevoir lors des prochaines enchères de contrats CFD, illustrant cette tendance haussière. Lire aussi | Avec ses 6 800 millionnaires, le Maroc confirme son statut de pôle économique clé Cependant, malgré ces ajustements substantiels, Xlinks reste déterminé à mener à bien ce projet ambitieux au cours de la prochaine décennie. L'objectif est de fournir 8% de la demande d'électricité du Royaume-Uni à partir d'une source d'énergie abordable, fiable et propre. La mobilisation des capitaux privés nécessaires à la réalisation du projet et le dialogue constructif avec les principales parties prenantes, notamment le ministère britannique de la Sécurité énergétique et du Net Zero, sont en cours. Cependant, les défis économiques et financiers restent considérables, mettant à l'épreuve la viabilité de ce projet d'envergure.