Les projets à impact social ont souvent du mal à trouver un financement adéquat. De même, ceux qui désirent investir, placer leurs ressources dans ce type de projets n'ont pas toujours les véhicules adéquats. Le Conseil du développement et de la solidarité (CDS) et la Bourse de Casablanca ont organisé une journée de réflexion pour non seulement identifier les secteurs bénéficiaires potentiels, mais également les sources de financement. Le Conseil du développement et de la solidarité (CDS) et la Bourse de Casablanca ont mis le paquet en conviant, mardi 10 décembre 2013, l'Ambassadeur de Grande Bretagne à Rabat aux côtés d'une bonne douzaine de patrons de banques ou d'institutions financières de la place, ainsi que des experts étrangers et marocains autour du thème «Finance solidaire: levier du développement social». Parmi les orateurs qui se sont succédé, on note notamment Brahim Benjelloun Touimi, directeur général de BMCE Bank, Ahmed Rahhou, PDG du CIH, Amani Abou Zeid, représentante de la BAD au Maroc, Badr Alioua directeur général de Wafa Gestion ou encore Najib Mikou, directeur général de l'OCE. Outre le partage de l'expérience britannique et française, l'objectif était d'identifier les secteurs bénéficiaires potentiels, mais également les sources de financement. Cette journée de débat et d'échange a montré que même si les termes «finance» et «solidaire» pouvaient paraître antinomiques, il y a quelques années, ce n'est plus le cas. Et c'est d'emblée que Mohamed Benamour, président du CDS l'a souligné. «Ce sujet illustre que le profit et la solidarité peuvent faire bon ménage, car à côté de la finance de l'ombre des hedge funds, des tradings à haute fréquence ou des bonus aussi élevés qu'extravagants, il existe une finance moins médiatique et pourtant infiniment plus vertueuse», a-t-il expliqué. Cette rencontre du CDS a regroupé le ghota de la finance marocaine, notamment les banquiers, la bourse et les pricnipaux bailleurs de fonds Comme l'ont souligné Peter Nicholas et Jonathan Flory, de la Social Finance UK, «la finance solidaire est un mode de financement innovant qui permet aux investisseurs privés, banques, gestionnaires d'actifs et particuliers, de soutenir des projets à fort impact social et environnemental portés soit par des gouvernements, soit par des entreprises ou organismes à but non lucratif». Et l'expérience britannique est assez édifiante à travers Social Finance, une organisation non gouvernementale qui met en relation d'une part, les investisseurs et d'autre part les gouvernements ou la société civile porteurs de projet à fort impact social. Social Finance qui a été créé en 2007, gère désormais plusieurs fonds couvrant différents besoins de financement. Cette ONG offre ainsi un accompagnement en matière d'amorçage, mais également concernant le financement proprement dit avec divers produits ou services. Non seulement ils ont des fonds d'investissement sociaux, mais ils gèrent également les «social impact bonds», ou obligations à impact social. Dans le premier cas, il s'agit clairement de fonds d'investissement en capital risque, mais dont l'objectif principal n'est pas lucratif, mais plutôt social. Ainsi, ils sont orientés vers des projets d'entrepreneuriat social et des projets associatifs à fort impact social et environnemental. Il peut notamment s'agir de projets innovants ou bien relatifs à la santé, à l'éducation, au développement durable ou des services à la personne. L'une des premières expériences a démarré au Royaume-Uni en 2002 avec Bridges Ventures un fonds de capital-risque dédié aux projets de développement social ou durable qui a été créé par Sir Ronald Cohen, fondateur d'Apax, le plus grand fonds de capital risque au monde, avec 40 milliards de dollars d'actifs sous gestion. Bridges ventures a financé au cours des dix dernières années des projets à caractère social, offrant néanmoins un rendement aux investisseurs, pour un montant global d'un milliard de livres, soit l'équivalent de 15 milliards de dirhams. A côté des fonds d'investissement sociaux, il existe les produits d'épargne solidaire qui peuvent être collectés par les banques, les compagnies d'assurances, les mutuelles mais également les gestionnaires de fonds. «C'est le modèle le plus fréquent adopté en France», explique Cyrille Langendorff, du Crédit Coopératif français. Selon lui, en 2012, l'organisme dont il est le directeur à l'international a versé 500.000 euros à des projets à impact social. Et depuis 1983, cette somme, qui représente une partie du rendement des fonds sociaux qu'il gère, est en croissance régulière. En France, les investisseurs dans de tels fonds bénéficient d'avantages fiscaux pouvant compenser partiellement l'effort de dons consentis.