Impossible de rattraper le temps perdu par les grèves, soit plus d'un semestre. Les experts en matière d'éducation sont unanimes : l'année n'est pas du tout rattrapable, déduit L'Economiste dans son édition du mercredi 17 janvier. Rattraper 90 jours de classe en seulement une semaine supplémentaire est une aberration. « les enseignants qui ont repris les cours lundi dernier se retrouvent lâchés et perdus, et par-dessus le marché, démotivés. Comment doivent-ils s'organiser pour le rattrapage du programme scolaire ? Personne ne leur a donné de mode d'emploi. Certains ont imposé à leurs élèves des devoirs surveillés dès leur reprise, relève le quotidien économique. Lire aussi | Région chinoise de Taïwan : les résultats des élections soutiennent le principe d'une seule Chine Certains établissements qui ont pu gérer le temps perdu, malgré les grèves, vont pouvoir s'en sortir. Chaque école doit en principe s'organiser selon son état d'avancement. Si des établissements ont pu garder le cap malgré les grèves, d'autres sont sérieusement en retard. «Dans notre école, nous nous sommes dès le début concentrés sur les matières essentielles. Il ne reste plus qu'une unité à enseigner, nous avons choisi de la laisser pour le prochain semestre. Nous avons donc pu tenir l'examen normalisé de la 6e année du primaire, qui a démarré ce mardi 16 janvier. Les établissements en retard ont le choix de laisser l'examen au 22 février», a confié à L'Economiste la directrice d'une école primaire à Casablanca. Selon elle, les profs s'acquittent certes de leurs fonctions, mais en étant démotivés. Dans les collèges et les lycées, la situation est plus critique. «Les enseignants actuellement en place sont en majorité incapables d'assurer le service d'enseignement. Les élèves, eux, ont pris l'habitude du repos forcé. Au niveau du ministère, les têtes pensantes ne sont plus à la hauteur. Le ministre, pour sa part, communique très mal», déplore l'expert. Pendant les trois derniers mois de grève générale, les parents se sont débrouillés comme ils le pouvaient, notamment en payant à leurs enfants des cours de soutien. Une charge dont ils se seraient bien passés, surtout dans cette conjoncture difficile. Certains profs n'ont pas eu de complexe à proposer des séances payantes à leurs propres élèves, selon certains témoignages. Au final, les seuls lésés dans cette histoire sont les enfants issus de milieux défavorisés, complètement abandonnés depuis la rentrée scolaire. Lire aussi | Travailleurs non salariés : le régime de retraite facultatif sera généralisé Autres facteurs qui confirment cette orientation vers l'année blanche, un corps d'inspecteurs pédagogiques fragilisé et le cumul de retards et de lacunes engendré par les deux années covid. « Pour réussir à sauver l'année, un ingrédient essentiel manque à l'appel: les inspecteurs pédagogiques. Un corps fragilisé, qui a perdu ses meilleurs éléments en 2005, en raison des départs volontaires ».