Une «notification de commercialisation des pastèques insalubres» a été envoyée par le chef du service du contrôle des produits végétaux et d'origine végétale, relevant de l'ONSSA, à Agadir, au directeur de l'établissement alimentaire «Marjane» Founty, à Agadir, pour l'informer, avec «regret» que le magasin a fait l'objet de prélèvement de pastèque, le 1er août 2023, pour analyse. Les résultats des analyses ont montré la présence de «matières actives non homologuées au Maroc». Plus exactement, il s'agit «des matières actives Flonicamid et Triadimenol, présentes dans la pastèque prélevée sous le numéro RS 225RR2335/Pastèque/GMS/DR6, dont l'origine est Laaouamra, El Gharb. Par conséquent, le directeur du magasin de distribution aux consommateurs a été invité « à arrêter la commercialisation de ladite pastèque (...)». Lire aussi | Alerte de l'ONSSA : des pastèques impropres à la consommation Le prélèvement a été fait le 1er août. Les résultats d'analyse ont été communiqués le 7 août. Entre les deux dates, presque une semaine s'est écoulée. Combien de pastèques achetées et consommées ? Par qui ? Cette pastèque suspecte a été vendue dans une grande surface commerciale à Agadir, mais certainement aussi dans d'autres villes, où les services de l'ONSSA n'ont pas effectué le même contrôle que le service de l'ONSSA situé à Agadir. Cette pastèque-là est révélatrice de tout un ensemble de dysfonctionnements inhérents à un système où règne en maitre absolu la loi du profit, et où la santé humaine passe au second plan. Est-ce uniquement le cas de la pastèque ? Lire aussi | Entreprises à l'export. L'AMDIE lance un programme d'accompagnement dédié Plusieurs produits agricoles «refoulés» aux frontières de l'Union Européenne sont facilement et impunément écoulés sur le territoire marocain. Trois principaux acteurs sont responsables de cette situation : aveuglés par leur cupidité, les producteurs-exportateurs et les distributeurs locaux des produits agricoles «refoulés» et reconnus comme étant nocifs à la santé humaine ; l'ONSSA, censée assurer le contrôle aussi bien pour les produits alimentaires importés ou exportés et «refoulés», et commercialisés à l'intérieur du Maroc ; l'administration des douanes dont le rôle ne se limite pas uniquement aux recettes fiscales indirectes. La victime de ces dysfonctionnements n'est autre que le citoyen marocain, en tant que consommateur, désarmé, car ne disposant guère d'informations, et déjà accablé par la hausse continue des prix. Il est juste heureux de trouver une pastèque toute rouge à l'intérieur et à bon prix, et de voir ses petits enfants dévorer les belles tranches équitablement coupées par leur maman. Lire aussi | Le surpeuplement carcéral, symptôme d'un mal profond Les effets nocifs du «Flonicamid» et du «Triadimenol» ne sont guère immédiats. Le cancer n'est pas une grippe virale. C'est un processus qui est déclenché discrètement dans le corps humain et qui ne se manifeste, en général, que plusieurs années après. Le médecin qui fait le diagnostic n'est pas habilité à rechercher les «origines historiques» de la maladie dans le corps atteint. Sa démarche est essentiellement descriptive et rarement explicative. Voilà donc à quoi mènent des politiques publiques agricoles, axées exclusivement vers la croissance de la production, des rendements et des profits. La santé humaine est le dernier souci de ces responsables politiques et de ces exploitants agricoles qui versent des salaires de misère aux travailleurs agricoles (moins de 100 dirhams par jour pour une durée de travail quotidien de 10 à 12 heures). Lire aussi | IDE Maroc : les USA surpassent la France... C'est aussi le cas de l'environnement et en particulier des ressources hydriques. Malgré la situation plus qu'alarmante des ressources hydriques disponibles, les cultures à consommation excessive d'eau sont maintenues, voire encouragées et subventionnées par l'argent du contribuable. Tout cela pour quelques devises de plus, qui vont servir avant tout à acheter des produits de luxe importés. Les Marocains connaissent bien l'expression : «faire exploser la pastèque ou la grenade !». Il est temps de revoir avec sérieux les politiques publiques agricoles qui, en asséchant les nappes phréatiques et en menaçant la santé des citoyens, font obstacle au développement durable et humain.