Un Fonds d'Investissement de la Région de l'Oriental est né. Sa mission est de développer les capacités et les compétences économiques de la région. 300 MDH sont alloués aux promoteurs. Les détails d'une grande initiative. On le sait, on ne sait même que cela à l'Oriental : la jeunesse suffoque en silence dans le chômage et l'oubli », crie Saïd, ce jeune oujdi licencié. «Ce qui fait de nous des proies faciles pour la contrebande et le deal des psychotropes qui tuent la jeunesse marocaine», surenchérit M'Hamed, lauréat d'une école de commerce, au chômage depuis trois ans. La situation des deux jeunes ne sort pas de l'ordinaire dans cette région peu lointaine, mais trop oubliée, dans le passé, par les responsables économiques du pays. Aujourd'hui, la tempête s'est inclinée devant les efforts fournis par les responsables et les temps ont changé : un Fonds d'Investissement de la Région de l'Oriental a été crée dernièrement dans le cadre de l'initiative royale pour le développement de la région. Le FIRO est né d'une crise C ette initiative est pleine de moralité et de solutions définitives à la crise économique de la région suite à la fermeture des mines de Boukraa et de Jerada, d'usines et de sociétés et des frontières officielles algéro-marocaines. Ces mêmes frontières demeurent ouvertes aux produits de la contrebande et des narcotiques, à des prix incroyables : «une baguette de pain ne coûte que 50 centimes alors qu'un litre d'essence n'atteint que rarement les six dirhams», déclare un commerçant. La menace est sans limite, des milliers de jeunes travaillent dans l'illégalité pour assurer leur survie. «Ils n'ont pas le choix, la région ne connaît que des fermetures d'entreprises». Reste leur seul recours : la contrebande. Que faire ? «Attendre la réouverture des frontières de l'Est n'est pas une solution pour résoudre la crise», affirme Nourredine Omary, PDG du groupe Banque Populaire. Aux yeux du président, la solution est de remuer un peu la boussole de l'économie de l'Oriental vers les investissements capables de conquérir d'autres horizons, notamment le reste du Maroc et l'Europe. Il est donc temps de légaliser le commerce à l'Oriental. «Pour cela», précise M. Omary, «il faudrait renforcer l'économie de la région via la création de nouvelles entreprises et le soutien financier des autres en difficulté». Ainsi, et sur fond de crise, le FIRO est né pour jouer alors le rôle de développement attendu par des dizaines de chômeurs et d'investisseurs déçus de l'activité économique à l'Oriental. Deuxième contrée du Maroc en termes de superficie, la région constitue un important carrefour de communication et d'échanges, tant au niveau de l'espace maghrébin que de l'espace euroméditerranéen. L'appel de l'oriental est donc fructueux et alléchant, d'autant que cette dernière entre dans la vision stratégique globale pour le développement initié par le souverain. Les partenaires publics et privés ont donc répondu à l'appel. Des institutions publiques et privées ont participé au FIRO, en débloquant d'importants fonds. Et le capital global du Fonds, dont la durée de vie est de dix ans, a atteint les 300 millions de dirhams. Un montant auquel participent, respectivement, la Région de l'Oriental (60 MDH), le Fonds Hassan II (51 MDH), l'agence de l'Oriental (60 MDH), la BCP (21,5 MDH), Attijariwafa bank (21,5 MDH), BMCE bank (21,5 MDH), la Caisse de Dépôt et de Gestion (21,5 MDH), le Crédit agricole (21,5 MDH)et Holmarcom (21,5 MDH). FIROGEST gère le FIRO E t pour assurer la proximité et la transparence dans l'étude des dossiers des sociétés candidates pour bénéficier de l'argent du FIRO, une société de gestion, FIROGEST, a été également créée. Son siège est basé à Oujda. La société anonyme à conseil administratif, pour un capital de 2 MDH, a pour objectif principal «la mise en œuvre des principes généraux du business plan, l'identification et l'évaluation des opportunités d'investissements, la détermination des modalités de réalisation des actifs, la gestion administrative du FIRO et l'information du fonds et des investisseurs», explique un communiqué rendu public par les responsables. Concernant la nature des investissements, elle réside uniquement dans la détention de participations minoritaires assorties d'options de vente. Et ce, dans une fourchette variant entre 10 et 35%. Une mission un peu délicate pour le jeune directeur général, Mehdi Abdelkrim, à qui les partenaires ont confié la gestion. Selon M. Abdelkrim, «ses investissements se concentrent plus particulièrement sur des projets à impact structurant pour la région, notamment en matière de création ou de maintien de l'emploi (…).Ce qui engendrera, dans les plus brefs délais, l'éclosion d'une dynamique de croissance durable au niveau des secteurs porteurs de l'Oriental», conclut-il. Il est à préciser que les candidats bénéficiant de subventions des fonds n'auront aucune garantie à présenter. Le FIRO est un actionnaire à risque susceptible de disparaître à tout moment si toutefois l'entreprise financée se positionne bien sur le marché. A présent, le rêve des jeunes pourrait se réaliser grâce à la participation active du fonds dans la création, le soutien et la renaissance des nouvelles et anciennes sociétés en difficulté. Avoir un bon projet, c'est désormais posséder la clé de la réussite.