La jeunesse du PJD est en guerre contre Rachid Niny. Notre confrère est « coupable » d'avoir fait son travail de journaliste. Il a révélé que la réservation de l'hôtel pour les invités du symposium des Islamistes a été effectuée par le Conseil de la ville de Casablanca. Faux disent-ils, ils ont payé la facture. Or, les deux ne parlent pas de la même chose. Le Conseil de la ville est au service des citoyens, pas des partis qui composent le bureau. Au nom de quoi le PJD se permet-il d'utiliser l'administration pour une activité partisane ? Durant des années, les Islamistes ont dénoncé des agissements qu'ils reproduisent à grande échelle. A Casablanca, ils participent à la gestion depuis 10 ans. Face à l'opinion publique, ils tiennent un discours d'opposants alors même qu'ils ont les délégations les plus importantes. Il sont en charge, en particulier, de l'urbanisme et sont donc responsables, politiquement, de l'anarchie. La Cour des comptes a dénoncé plusieurs agissements dans les communes, où il ne s'agit pas d'enrichissement personnel mais de financement d'activités partisanes. Il suffit de contrôler le budget « Missions et réceptions » pour se rendre compte que les présidents offrent souvent des dîners à des militants en conclave. Aux frais du contribuable, c'est du vol. La jeunesse du PJD a payé sa facture, le jour même de la publication de l'article de Niny. Il n'y a donc aucune suspicion de financement public d'une activité partisane. Dont acte. Seulement c'est le protocole du Conseil de la ville qui a effectué la réservation. En admettant qu'il était convenu que c'est le PJD qui va payer, il y a un problème éthique. Les élus ne doivent recourir aux services de l'administration des collectivités locales que pour la gestion de la commune. Il leur est interdit, de par la loi, de les utiliser à des fins personnelles ou partisanes. C'est ce que Niny a rappelé à juste raison. Les Islamistes ont construit leur discours sur une image de « pureté ». Ils doivent être irréprochables et ils ne le sont pas. Deux présidents de commune PJD ont été destitués pour prise illégale d'intérêts. Jamaâ El Moâtassim est toujours poursuivi. Au lieu d'agresser un journaliste, la jeunesse islamiste devrait s'engager dans la réflexion sur le contrôle des élus, par les partis, en vue de la moralisation de la vie publique. Cela concerne toutes les structures partisanes, sans exception, mais à des degrés divers. L'USFP a été balayé d'Oujda à cause du maire, élu en 1977 et dont la gestion a été catastrophique. Exclu par feu Bouâbid, il a marqué du sceau de l'infamie le Tihad dans tout l'Oriental. Ce genre d'exemples, multipliés, sont à la base de la désaffection des électeurs. Comme la femme de César, les élus ne doivent pas être soupçonnés. C'est une responsabilité collective que de militer dans ce sens et cela commence par le refus du mélange des genres même sans incidence financière.