La bataille pour enrôler le maximum de clientèle «particuliers» chez les banques s'intensifie. À l'origine de cette recrudescence, la tendance baissière des taux des crédits immobiliers qui A abouti À un nouveau phénomène, le rachat de crédit. C'est l'agitation dans les départements «particuliers» des banques. La tendance baissière des taux des crédits immobiliers a fini par déboucher sur un nouveau phénomène : le rachat de crédit. Depuis, plusieurs banques se précipitent pour racheter à leurs clients les crédits contractés à l'époque des taux élevés pour leur proposer en remplacement de nouvelles offres aux conditions actuelles. Pourtant, ce sont les sociétés de crédit à la consommation qui ont été les premières à scruter ce nouvel horizon de financement. La première à se lancer dans ce genre de produit a été la petite société de crédit à la consommation, Acred. Mais très vite, pratiquement tous les organismes financiers s'y sont lancés avec des offres «exceptionnelles». Objectif du produit : pallier le surendettement des ménages. En effet, certains fonctionnaires ou employés du privé cumulent aujourd'hui plusieurs crédits, qui peuvent être de faibles montants chacun, mais dont la somme pèse énormément sur le budget familial. Le rachat des crédits consiste en l'octroi d'un seul crédit qui permet de rembourser les autres emprunts. De ce fait, le client se retrouve avec une seule mensualité à payer dont le montant est moins important et la durée plus longue que la durée moyenne des précédents crédits. Autrement dit, il s'agit de prendre le capital restant dû de chacun des prêts dont bénéficie le client, et la somme correspond au montant à solliciter. À condition, bien sûr, que le taux d'endettement global le permette. C'est ainsi que l'année dernière, le groupe Attijariwafa bank a pris sous sa bannière l'ensemble des crédits des salariés du groupe ONA en leur offrant des conditions plus avantageuses. Mais depuis un mois, la banque s'est attaquée au juteux marché des fonctionnaires, qui représente près de 800.000 salaires et que la banque ne couvre qu'à hauteur de 6,5 %. «Nous avons remarqué que ce segment fait défaut chez Attijariwafa bank, c'est le plus faible, alors que nous nous positionnons très bien sur les autres», explique Moulay Idriss Maghraoui, directeur du pôle distribution produits et marchés. Aussi, l'objectif de l'entreprise est d'atteindre dans les trois années à venir 20 % des parts de ce marché. Seulement, attirer cette clientèle dont les comptes sont domiciliés ailleurs n'est pas chose facile, mais les banques sont parvenues à trouver la formule. «Il a fallu pour les banques habiller le produit dans un package. C'est ainsi qu'elles proposent désormais des packages axés sur une panoplie d'avantages : délais de remboursement, différés de paiement, possibilités de remboursement anticipé… Et bien d'autres critères qui peuvent impacter la décision du demandeur. En France par exemple, ce sont des sociétés intermédiaires en opérations de banque et spécialisées le plus souvent dans le rachat de crédits qui se sont positionnées sur cette niche», fait constater un banquier. Pour le cas d'Attijariwafa bank, la banque propose en effet un pack, baptisé «Hissab Mourih», comprenant 5 produits, 6 services et un seul prix. Mais toujours est-il que l'argument phare du package reste l'accès aux crédits immobiliers et à la consommation à des taux compétitifs, auxquels s'ajoute le rachat des encours de crédits auprès d'autres banques à des conditions avantageuses. Le test terrain concluant Aujourd'hui, un simple coup de fil à une agence bancaire suffit pour se faire une idée de la rude bataille que se mènent les banques sur ce nouveau terreau du rachat de crédit immobilier. Pour s'en convaincre, nous avons contacté le service clientèle de Crédit du Maroc (CDM) en tant que client. «Puisque vous êtes rue x, nous vous conseillons d'appeler un conseiller commercial de notre agence la plus proche de votre lieu d'appel», nous dit-on auprès de CDM. Aussitôt fait, les premières questions relatives à l'encours, le salaire actuel, CDI ou CDD, tombent. Juste après, nous en profitons pour faire monter les enchères. «Une banque donnée nous propose un package qui accompagnera le rachat de crédit immobilier». La réplique ne se fera pas attendre : «rassurez-vous Monsieur, nous avons des offres sur mesure les plus attrayantes du marché. Je vous fais tout de suite une simulation et vous verrez», affirme le conseiller commercial. A la Société Générale par exemple, si un client sollicite la banque pour racheter ses crédits, elle procède à une étude complète de financement, sans omettre de l'informer sur les frais que peut lui réclamer sa banque en vertu de son contrat de crédit (pénalités de remboursement anticipé, frais de main levée …). «Nous recherchons avec lui la meilleure solution au meilleur coût», dit-on. Il faut dire que toutes les banques ne disposent pas d'offres spécifiques en matière de rachat de crédit. La Société Générale marocaine de banques (SGMB) en est un exemple. Toutefois, elle entend répondre aux besoins de financement de ses clients pour ce type de produit. « La variabilité automatique des taux des prêts immobiliers, ainsi que le niveau de notre offre en matière de conditions, qui se situe au niveau le plus bas constaté sur le marché, permet à l'emprunteur d'opter pour un financement des plus compétitifs dans le cadre de solutions personnalisées», dit-on auprès de la SGMB. Quel intérêt pour les sociétés de financement de proposer de telles offres ? Il faut dire d'emblée que les raisons sont fondées. La première, c'est qu'en proposant un tel crédit, le client rembourse par anticipation les sociétés concurrentes pour ne rester qu'avec le créancier qui l'a aidé à racheter son emprunt. C'est donc un moyen certain de récupérer des clients de la concurrence. L'autre avantage est que cette même société augmente potentiellement son volume d'affaires en rendant le client plus solvable. Cependant, pour les analystes de BMCE Capital, cette vague d'offres proposées par les institutions financières en matière de rachat de crédit trouve son explication dans la «surliquidité» du système financier marocain. Reste quand même à savoir si à terme, on ne risque pas de revenir au surendettement des ménages. Il est clair que oui, dans la mesure où cette amélioration de la solvabilité n'est que fictive. Le crédit restant, les ménages qui ne gèrent pas convenablement leur budget et leur engagement continueront d'être noyés dans des crédits. Ménage Raisons de taux ou d'endettement Au Maroc, les soldes touchent également le crédit logement. Depuis que la SGMB a lancé en début d'année le taux variable de 5,15 % (hors taxe), plusieurs banques ont riposté en proposant des taux exceptionnels. «Nous étions cette année le premier établissement à communiquer et à offrir les taux réglementairement les plus bas du marché. Cette position démontre notre volonté d'accompagner nos clients, et futurs clients, pour leur financement», dit-on auprès de la SGMB. Cette guerre des taux, qui a repris depuis lors dans les crédits immobiliers, n'apparaît même plus aux yeux des banques de la place comme unique argument de vente. Ces dernières proposent désormais des packages axés sur une panoplie d'avantages, dont la toile de fond est de «voler» le client à la concurrence en lui tendant comme appât le rachat de crédit. D'ailleurs, à en croire un banquier, la grande majorité des bénéficiaires choisissent de racheter leurs prêts pour une raison de taux. En guise d'exemple, un client qui aura contracté un crédit immobilier il y a quelques années à un taux de 10 ou 11 %, sera certainement tenté de racheter son crédit au taux actuel d'environ 5 %. Mais attention, pour les prêts à amortissement dégressif, quand on a remboursé la grosse part d'intérêts, plus d'avantages à procéder au rachat. Le rachat est le plus souvent la solution automatique pour alléger les budgets. Cependant, dans la majorité des cas, la baisse des mensualités est accompagnée d'une rallonge de la durée des prêts. Dès lors, c'est toute une panoplie d'options qui accompagne chaque campagne de communication relative au rachat de crédit. L'argument clé, c'est la mise en valeur du gain que fera le client s'il décidait de racheter ses prêts, pourcentages, montants approximatifs… De ce fait, le rachat de crédit particulier peut se présenter sous trois formes : rachat de crédit consommation, rachat de crédit global, ou encore rachat de crédit immobilier. En tout état de cause, une simulation avant de conclure s'avère de mise. Par ailleurs, dans un marché marqué par la montée de la concurrence, cette option pourrait permettre tant la dynamisation de l'activité de distribution de crédit que l'accroissement de la consommation des ménages.