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FERTILISANTS : La famille Kandil veut contrôler le marché des engrais
Publié dans Challenge le 29 - 03 - 2008

Charaf Corporation, N°2 de son secteur, a lancé une OPA sur Fertima, le N°1 ! L'entreprise de la famille Kandil n'attend que les autorisations nécessaires pour concrétiser l'affaire avec les principaux actionnaires de l'ex-filiale de distribution d'engrais de l'Office Chérifien des Phosphates (OCP).
La société Charaf Corporation n'a plus grand-chose à voir avec la petite entreprise fondée par le père d'Amine Kandil en 1989, qui importait des semences agricoles et des engrais. Cet ingénieur de 44 ans, titulaire d'un master du Florida Tech et d'un MBA de l'Université de Chicago, est sur le point de faire de son entreprise le n°1 de la distribution d'engrais. Jusque-là, deuxième opératrice du secteur avec une part de marché de 25%, la famille Kandil, qui a signé ce 14 mars des accords en vue du rachat de la société marocaine des fertilisants (Fertima), à hauteur de 86,5%, contrôlerait tout simplement le marché. Les trois actionnaires principaux de cette société, notamment le groupe Holmarcom (30%), le groupe portugais ADP international Adubos (25%) et MAMDA-MCMA (29%), ont en effet décidé de céder leur participation à Charaf Corporation. Encore faudrait-il que le Conseil de la concurrence n'oppose pas son veto à l'opération, au regard de la part de marché donnant lieu éventuellement à une position dominante. En effet, le marché des engrais présente une structure très oligopolistique. Fertima, Charaf Corporation et Hydro Agri Trade Maroc, réalisent plus de 80 % des ventes sectorielles. C'est dire que le président du Conseil de la concurrence qui sera nommé d'ici à la fin d'avril prochain trouvera déjà ce dossier sur son bureau. A en croire Charaf Corporation, «un dossier complet a été déposé auprès des ministères et des organismes concernés en vue de l'obtention des autorisations nécessaires». En attendant, Amine Kandil croise les doigts tout en espérant concrétiser l'opération. Les montages financiers, Amine Kandil les connaît sur le bout des doigts. Depuis qu'il a d'ailleurs pris en main l'entreprise familiale, il y a dix ans, il les a multipliés et variés dans le but de se donner les moyens d'investir. Ce n'est pas un hasard si Charaf a été la première entreprise marocaine non financière à émettre des billets de trésorerie, en janvier 2004, dans le cadre d'un programme de 50 millions de DH.
C'est ainsi qu'avec ses équipes rodées aux montages financiers, Amine Kandil sait déjà ce qu'il va dérouler une fois qu'il obtiendra les autorisations nécessaires. Selon Charaf Corporation, «en cas de réussite de cette opération suite à l'obtention des dites autorisations et selon la réglementation en vigueur, la société envisage de lancer ultérieurement une offre publique d'achat à un prix de 330 DH par action, sous réserve de l'accord du CDVM». Ce prix, dit-elle, «correspond au prix du marché au moment de l'accord».
Toujours est-il qu'une seule question revient depuis l'annonce du projet de prise de contrôle de Fertima par la société de la famille Kandil: pourquoi les actionnaires veulent-ils céder leurs participations ?
Bousculer l'opérateur
historique
Charaf n'a jamais caché sa prétention à bousculer l'opérateur historique. Amine Kandil a également souvent affirmé qu'il y avait de la place à prendre sur ce marché dont le monopole a été levé en 1990. A condition, dit-il, de s'en donner les moyens. L'ingénieur fait de la transparence financière et de l'éthique son premier combat. Car il ne perd pas de vue que ses futurs partenaires financiers sont très exigeants en la matière. Il s'attache ensuite les services de la banque d'affaires conseil, Financia.
Outre en 2001, quand Charaf a réussi un coup d'éclat en devenant la première entreprise marocaine non financière à émettre des billets de trésorerie, dans le cadre d'un programme de 50 millions de DH , elle va récidiver avec un second coup de maître en ouvrant son capital à un fonds d'investissement américain, non des moindres, pour les besoins de l'augmentation de son capital. Il s'agit de Emerging Markets Partnership (EMP), le premier investisseur mondial en infrastructures, qui gère six fonds dotés de 5,7 milliards de dollars au total. En 2000 en effet, EMP a créé African Infrastructures Fund (AIF). Basé à Washington, l'AIF est devenu le plus important fonds d'investissement en Afrique, doté de 408 millions de dollars. Côté investisseurs, des géants américains comme AIG, numéro un mondial de l'assurance et le fournisseur de gaz naturel El Paso côtoient les agences de développement comme la SFI, la Banque Africaine de Développement, la BEI et Proparco. Depuis, le fonds AIF a investi dans tous les pays d'Afrique à l'exception de la Libye, de Madagascar et de l'Angola, profitant surtout des privatisations. Au Maroc, ce ne sont que Charaf et Veolia Maroc qui ont séduit les gestionnaires de ce fonds. Quoi qu'il en soit, le jackpot de millions de dirhams que l'entreprise familiale a levé en janvier 2004 dans cette opération financière a permis à Charaf de se désendetter à hauteur de 45 millions de DH. Ensuite, et surtout, elle lui a permis de consacrer 55 millions DH de à son programme d'investissement. C'est ainsi qu'Amine Kandil a commencé par s'attaquer au produit. Il a abandonné la formule unique d'engrais, empaquetée dans des sacs rouges, pour laisser la place à une gamme de produits adaptés aux spécificités de chaque sol et de chaque culture.
Une mise à plat
de la stratégie
Le conditionnement a aussi été concerné lors de cette remise à plat de la stratégie et des méthodes de travail de Charaf. L'entreprise familiale va investir dans des unités mobiles d'ensachage, acheminées dans les ports par camion et arrimées aux bateaux. Quant aux ressources humaines et aux équipements, Amine Kandil les inscrit dans une logique à même de permettre à Charaf de se concentrer sur son cœur de métier. Résultat de la course, l'entreprise recourt largement à l'intérim et sous-traite la logistique à des sociétés de transport. Aujourd'hui, le groupe Charaf dispose de quatre plateformes logistiques (Jorf Lasfar, Kénitra, Agadir et Nador) et sept sites à travers le Royaume, totalisant ainsi plus de 300.000 tonnes de capacité de stockage. Cette réorganisation menée tambour battant par Amine Kandil va même jusqu'à donner des ailes à la société qui pourtant, il n'y a pas longtemps, opérait uniquement dans le négoce des engrais, avant de se lancer dans la fabrication (plus de 100.OOO tonnes par an). Le groupe, qui s'est développé à partir de 2006 dans d'autres pays d'Afrique de l'Ouest à travers l'export, a nourri subitement en juin dernier l'ambition de reprendre les ICS (Industries chimiques du Sénégal), ex-fleuron de l'industrie sénégalaise et pendante de l'OCP, en proie à des difficultés financières. Se sentant certainement soutenu financièrement par ses partenaires institutionnels du fonds d'investissement, l'opérateur marocain a même été jusqu'à proposer de mettre quelque 200 millions de dollars sur la table, soit trois fois plus que les Indiens déjà dans le tour de table. Un intérêt sans cesse renouvelé par Charaf à travers des visites sur place, mais aussi des correspondances adressées aux autorités sénégalaises en charge du dossier. Mais son offre n'a pas abouti. Pendant ce temps, Fertima se trouve de plus en plus confrontée au durcissement de son environnement concurrentiel, notamment par la montée en puissance de Charaf Corporation, dont l'offre ne peut qu'enchanter les principaux actionnaires du N°1 qui perd du terrain, sans compter que la santé financière d'Adubos, l'opérateur stratégique portugais, serait précaire.
Quoi qu'il en soit pour Charaf, qui n'a pas réussi à reprendre l'ex-fleuron de l'industrie sénégalaise, son entrée dans le capital de Fertima devrait lui permettre de se positionner en tant que leader incontesté sur le marché des engrais, histoire de mieux répondre à son ambition de déploiement sur le marché international. Encore faudrait-il que l'histoire se répète pour Fertima, ex-filiale de distribution d'engrais de l'Office Chérifien des Phosphates, qui avait été cédée à travers sa privatisation.


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