* Une OPA sera lancée pour les petits porteurs à raison de 330 DH /action. * Fertima pourrait être radiée si Charaf arrive à acquérir le flottant. Un leader du secteur des engrais et des fertilisants va naître après le rapprochements entre Charaf Corporation et Fertima. La première entreprise a signé un accord dans ce sens avec les principaux actionnaires de la seconde en vue de lacquisition de 86% du capital. Il sagit des trois groupes dactionnaires constitués de Adubos du Portugal, la MAMDA et la MCMA et quatre entités du groupe Homarcom (Sanad, FCP Sanad, Atlanta et le courtier CPA). Le montant de la transaction est de 400 MDH. «Le secteur des engrais a beaucoup de potentialité de développement. Lutilisation des fertilisants est très limitée, surtout par les petits exploitants. Fertima et Charaf Corporation sont complémentaires du fait que la première est spécialisée pour les petits agriculteurs alors que la seconde est tournée vers les grandes exploitations», a affirmé Amine Kandil, Directeur général de Charaf Corporation. En effet, le marché des engrais au Maroc ne dépasse pas un million de tonnes, par an alors que les besoins annuels sont estimés à 2,5 millions de tonnes, selon la FAO. La faible utilisation des fertilisants sexplique en partie par la faiblesse du rendement et de la productivité à lhectare. 70% des exploitations ont des tailles moyennes ou petites et pratiquent une agriculture traditionnelle et vivrière. Plus de la moitié de ces agriculteurs ne recourent pas à lutilisation des engrais. «La taille de notre groupe va nous permettre de faire des économies déchelle, dassurer une meilleure couverture territoriale et dunifier nos efforts en matière de recherche et développement. Nous sommes plus des entités complémentaires que concurrentielles», a expliqué Kandil. La création dun leader national permettra également de joindre les capacités dinvestissement des deux sociétés afin de développer à plus grande échelle les formulations des fertilisants sur- mesure selon les cultures, les sols par région. «Les engrais ne peuvent donner les effets escomptés sans des mesures daccompagnement des agriculteurs à travers les actions des agronomes et des techniciens ; notre force réside essentiellement dans la proposition de solutions de nutrition végétales complètes et sur- mesure pour améliorer les rendements», a souligné Kandil. La naissance de ce leader va-t-elle créer une situation de monopole ? La réponse du management de Charaf Corporation est catégorique : «Le marché est libre. Nous allons participer et animer la compétition dans le secteur. Nos clients sont assez connaisseurs pour faire les distinctions nécessaires. Aucune action de monopole ne peut survivre», a expliqué Kandil. Interrogé sur limpact de ce rapprochement sur les prix des fertilisants, le Directeur général de Charaf Corporation a estimé que «le secteur est très soutenu par lEtat et aussi surveillé; il est soumis à la loi de loffre et de la demande. La création dun groupe national permettra détoffer loffre et de maîtriser les cours». Concernant les droits des actionnaires minoritaires, Kandil a affirmé qu «une OPA sera lancée dans ce sens. Si les actionnaires minoritaires font confiance à notre programme de développement, ils pourraient garder leurs actions et Fertima sera toujours cotée en Bourse. Dans le cas contraire, il est fort probable que la société soit radiée de la cotation». Charaf a proposé un prix dachat par action de 330 DH. Pour ce qui est du management des deux entreprises, Kandil sest montré rassurant : «il n y aura pas de têtes qui sauteront, nous avons besoin de lexpérience des cadres, laquelle fait la force de Fertima ; au contraire, nous allons renforcer nos ressources humaines par de nouveaux profils ».