L'éditorial d'El Pais du 12 décembre 2020, intitulé «Le Sahara oublié: l'ONU devrait réactiver son effort diplomatique sur le territoire africain», n'est pas seulement plein d'erreurs mais d'omissions historiques majeures, ce qui le rapproche trop du récit «indépendantiste» algéro-polisarien, malgré son ton forcé, mais à peine caché, de neutralité. Le quotidien espagnol prétend que la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental est contraire à la légalité internationale, oubliant que la base de la légalité en matière de souveraineté est généralement basée sur la reconnaissance par les pays d'une façon individuelle. Si les différents pays avaient validé les accords de Madrid de 1976 et reconnu la souveraineté du Maroc sur le territoire, nous ne discuterions pas de ce problème 40 ans plus tard. Le fait qu'aucun président américain n'ait jamais fait ce que Donald Trump a fait ne signifie pas que ce n'est pas juridiquement et politiquement faisable. En fait, George Bush et Barak Obama et des centaines de membres du Congrès américain ont considéré le plan d'autonomie proposé par le Maroc comme «crédible et réaliste»; en outre, le même Congrès avait adopté un projet de loi en 2013, ratifié par le président Obama en 2014, qui permet pour la première fois d'utiliser l'aide américaine pour des initiatives de développement au Sahara occidental, reconnaissant ainsi tacitement la possible souveraineté du Maroc sur le territoire. La décision de Donald Trump était le point culminant d'un processus qui avait commencé avec Bill Clinton il y a plus de vingt ans. Ce qu'El Pais appelle la «monétisation» de la question du Sahara occidental par la Maison Blanche dans ses efforts pour normaliser les relations entre les pays arabes et Israël est donc au mieux une erreur de jugement. EL Pais ne semble pas comprendre que le Maroc pourrait jouer un rôle important dans le conflit au Moyen-Orient, compte tenu de l'évolution récente et des bonnes relations qu'il entretient et entretiendra avec les Israéliens et les Palestiniens. Mais pour que le Maroc joue ce rôle, qui pourrait être positif comme on l'a vu en Libye, au Sahel et en Afrique de l'Ouest, il ne peut pas rester à jamais tiré en arrière par un conflit artificiel qui n'est qu'un vestige de la guerre froide, soutenu par une Algérie obnubilée par ses desseins hégémoniques sur la région. Lire aussi | Sahara : Un séisme diplomatique El Pais oublie que le Sahara occidental est considéré par tous les Marocains comme une question existentielle aux ramifications nationales et historiques. À un moment où le peuple espagnol est très préoccupé par son unité en tant que nation au milieu de nationalismes régionaux croissants, on peut s'attendre à ce que le premier journal de l'Espagne soit sensible aux aspirations du peuple marocain quant à l'intégrité et l'unité de ses territoires. Pourtant, le double standard de nos amis d'El Pais est évident pour quiconque se soucie de lire entre les lignes. De plus, au lieu d'applaudir le Maroc pour son intervention militaire non combattante pour rétablir la légalité internationale et dégager le passage de Guerguerat et assurer la libre circulation des marchandises et des personnes entre l'Europe et l'Afrique, et ainsi assurer le libre accès aux africains de l'ouest des produits de base nécessaires, il décrit cet acte courageux en tant que cause de «la pire crise en trois décennies». Aveuglé par le récit du Polisario, il semble ne lire que les fakenews en provenance de Tindouf et d'Alger sur les batailles imaginaires et les échanges de tirs mensongers. En outre, El Pais n'émet aucun mot sur le fait que le Maroc dépense des milliards pour développer la région, ou qu'il a fait passer la région de la plus pauvre à l'une des régions les plus développées du Maroc; pas une phrase sur le fait que le Maroc dépense dix fois plus qu'il n'en extrait en termes de phosphates et de pêche; pas même une ligne sur le sort de milliers de Sahraouis séquestrés et entreposés dans les camps de Tindouf sans droits, sans voix et sans liberté de mouvement comme stipulé dans la Convention de Genève. Et bien sûr, rien sur le fait que le Maroc a libéré le Sahara du colonialisme espagnol en vertu d'un arrêt de la Cour internationale de justice (CIJ) en 1975 qui avait déclaré qu'il y existait des liens d'allégeance entre les sultans marocains et les tribus sahraouies depuis des siècles. Rien sur le fait que la Jemaa sahraouie (l'entité même promue par l'Espagne avant de quitter le territoire) ait été consultée, comme le prévoyait l'arrêt de la CIJ. C'est ça l'autre légalité internationale que EL Pais ne veut pas regarder. Pourquoi? J'imagine parce qu'il se délecte depuis si longtemps du récit fantasmagorique d'une saga de libération, faussement promue par l'Algérie et le Polisario. Lire aussi | Votre e-magazine Challenge du vendredi 11 décembre 2020 Et pour El Pais, le fait que seize pays aient ouvert des consulats au Sahara Occidental, signe de reconnaissance de la souveraineté marocaine, n'a rien à voir avec le droit international. Le quotidien espagnol semble réécrire les règles de ce que signifie la légalité internationale. Etonnant pour un journal respecté que je suis fier de lire tous les jours. Par Lahcen Haddad, Expert en Etudes Stratégiques