L'ouverture des dossiers des candidats à la location des terres Sodea-Sogeta a débuté. Les premières informations révélées diffèrent de celles de la première tranche. Cette opération semble plus réussie. Des éléments préliminaires sont dévoilés. C 'est le 2 octobre que les plis relatifs à la cession de la deuxième tranche des terres de Sodea-Sogeta, quelque 38.000 hectares, ont été ouverts. Quelle est l'identité des candidats ? Quel est le tour de table des sociétés ? Combien vont-elles investir ? Il est encore prématuré de s'avancer pour donner des réponses exactes à ces questions, puisque l'opération d'ouverture des plis devra se prolonger jusqu'au 26 octobre prochain. Mais l'on sait d'ores et déjà qu'il y a eu une forte participation à l'appel d'offres lancé. 859 candidatures ont été présentées, contre 630 lors de la première opération. Cela signifie en d'autres termes que plus de sept candidats se présentent pour un seul et même projet. Lors de la première tranche, ce chiffre ne dépassait pas trois. L'engouement a ses raisons. «Nous avons beaucoup travaillé pour promouvoir cette opération, nous avons beaucoup communiqué sur le sujet», confie Ahmed Hajjaji, président du directoire de la Sodea. Une bonne communication Une communication qui a porté ses fruits puisque les chiffres provisoires montrent que 12% des candidats sont de onze nationalités étrangères. La France vient en tête de liste. Les autres pays intéressés sont l'Espagne, les Emirats Arabes Unis, le Canada, la Belgique, la Russie, les Etats-Unis, l'Italie, la Pologne, l'Angleterre… Sur les 107 candidatures, 60 ont été proposées dans le cadre de petits et moyens projets, 43 dans les projets à filières et 4 dans les projets de semences. Il faudra donc une vingtaine de jours pour obtenir de plus amples informations concernant l'opération de cession d'une deuxième tranche des terres Sodea-Sogeta. Trois commissions se chargeront durant cette période de vérifier les dossiers administratifs et juridiques des candidats. Après le 26 octobre, une phase cruciale débutera, celle de l'évaluation des offres techniques, économiques et financières. Une cinquantaine d'experts se partageront cette tâche. Une commission de partenariat présidée par le ministre de l'Agriculture devra vérifier et contrôler les travaux des experts. Par la suite, une commission interministérielle, présidée cette fois-ci par le Premier ministre, devra valider ce qui a été fait auparavant par les équipes en charge du dossier. Tout ceci va donc prendre du temps. Le président du directoire de Sodea table sur le début de l'année 2008 pour dévoiler les résultats de l'appel d'offres. «Malgré la forte mobilisation pour mener cette opération, il faudra compter entre deux mois et demi et trois mois pour la boucler». Valorisation et mise à niveau Dès lors, 38.731 hectares changeront de main, et ce, pour une durée allant jusqu'à quarante ans. Cinq grands projets de production de semences certifiées, étalés sur une superficie de 11.773 ha seront proposés. 19 grands projets filières (13.081 ha) et 92 petits et moyens projets filières (13.877 ha) devront aussi faire partie du lot. Pour ce qui est des filiales, les terres d'agrumes sont arrivées en tête des fermes convoitées lors de la première tranche, avec un total de 6.000 hectares, suivies de près par l'olivier qui totalise une superficie de 5.500 hectares. Les vignobles arrivent en troisième position avec près de 3.250 hectares. Les quatrième et cinquième positions sont occupées par le maraîchage et les terres forestières avec 2.600 hectares. En ce qui concerne cette deuxième opération, il faudra attendre encore quelques mois pour disposer de toutes les informations. Certains appréhendent les résultats. Des voix s'étaient élevées par le passé dénonçant l'existence de (trop) éminentes personnalités marocaines dans le cadre du partenariat public-privé, barrant ainsi le chemin à d'autres plus petits investisseurs. A l'époque, les responsables en charge du dossier n'avaient pas vu dans cette attribution un quelconque manquement ou privilège, puisque les procédures, dûment établies, ne permettent pas de favoriser telle ou telle personne du simple fait de son identité. Les projets présentés et sélectionnés répondaient aux critères que s'étaient fixés les Marocains pour valoriser les terres de la Sodea-Sogeta, mettre à niveau les principales filières agricoles et favoriser la création de complexes agro-industriels. Première opération : changement de vocation pour quelques opérateurs Globalement, la première opération, qui a concerné la location des terres de la Sodea-Sogeta, est positive. Cependant, quelques difficultés sont survenues pour quelques-uns des opérateurs. Elles ne sont pas liées directement aux investisseurs eux-mêmes mais à l'environnement. Par exemple, certains d'entre eux ont du faire face au manque de ressources (eau) pour exploiter les terres. « Nous avons essayé ensemble de trouver des solutions. Les contraintes d'ordre hydrique, climatique… dépassent tout le monde. Nous nous sommes alors mis d'accord sur le changement de leur vocation », indique le président du directoire de Sodea. 100.000 hectares à céder lors d'une troisième tranche ? Une réflexion est en cours pour étudier la faisabilité de lancement d'une troisième opération de cession de terres agricoles. « Nous sommes en train de voir si le traitement des terres Sodea-Sogeta ne peut pas s'extrapoler à d'autres catégories de terres », avance Ahmed Hajjaji, président du directoire de la Sodea. En fait, la réflexion porterait sur environ 100.000 hectares gérés directement par la direction des Domaines du ministère des Finances. Le constat est tel qu'aujourd'hui, certains lopins de terres sont loués pour des petites durées, trois ans environ. Ni les locataires ni l'Etat ne profitent pleinement de cette opération.