On en sait un peu plus sur les conclusions du CESE concernant la sécurité sanitaire des aliments au Maroc. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a, en effet, présenté le 17 juin ses recommandations sur la question. Intitulées « Pour une véritable politique publique de sécurité sanitaire des aliments (SSA) axée sur la protection des consommateurs et favorisant une compétitivité durable de l'entreprise au niveau national et international », ces conclusions s'inscrivent dans le cadre de l'auto-saisine du CESE sur la question. Elaborée sur la base d'une approche participative, cette auto-saisine, soulignons-le, est le résultat d'un large débat entre les différentes catégories qui composent le CESE ainsi que des auditions organisées avec les principaux acteurs concernés. Son objectif est d'identifier les voies possibles d'amélioration globale de la SSA au Maroc et de proposer des solutions réalistes et viables, adaptées aux contraintes auxquelles font face les professionnels et les autorités compétentes chargées de la gouvernance en la matière. Lire aussi|Freterium, la start-up qui veut digitaliser le transport routier de marchandises Pour Ahmed Reda Chami, président du CESE, les problématiques évoquées sur la sécurité sanitaire des produits alimentaires ne sont pas une exclusivité marocaine, mais un défis universel auquel tous les pays font face. « Au niveau national, les données issues du système national de la surveillance épidémiologique font ressortir que 1.000 à 1.600 cas de toxi-infections surviennent en moyenne chaque année avec un taux d'hospitalisation de 30% à 45% », poursuit-il. Par ailleurs, le président du CESE a mis en avant les progrès importants réalisés en la matière au Maroc et ce, depuis 2009, notamment avec l'adoption de la loi n°25-08 portant création de l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), la loi 28-07 relative à la sécurité sanitaire des produits alimentaires et la loi n° 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur. Il a aussi ajouté que le système de sécurité sanitaire des aliments permet, aujourd'hui, aux produits marocains de pénétrer des marchés internationaux exigeants. « Toutefois, nous constatons qu'une multitude d'établissements ne disposent ni d'agréments, ni d'autorisations sanitaires et mettent, sur le marché, des produits qui exposent la santé du consommateur à des dangers avérés mais non maitrisés », a déploré Ahmed Chami. Il est aussi question d'une utilisation des intrants et pesticides qui n'est pas suffisamment maitrisée au regard des normes en vigueur. Le président du CESE a évoqué également l'absence d'une politique publique intégrée de sécurité sanitaire des aliments induisant plusieurs défaillances qui ont trait à la multiplicité des intervenants, au chevauchement des compétences, à la prédominance de l'informel et au rôle limité des associations de défense. Lire aussi|Bank Al Maghrib passe à la vitesse supérieure Sur la base de ces différents constats, Ahmed Chami a fait savoir que le Conseil préconise trois recommandations stratégiques à même d'améliorer significativement la sécurité sanitaire des produits alimentaires. Dans le détail, il s'agit ainsi de doter le pays d'une politique publique dédiée de sécurité sanitaire des aliments, de passer de manière progressive du système actuel à organismes multiples, vers un système intégré, en créant une Agence Nationale de Sécurité Sanitaire des Aliments, placée auprès du Chef de gouvernement et qui devra être investie de larges pouvoirs de contrôle, de surveillance et de correction et de séparer l'évaluation des risques de la gestion des risques en instituant un comité scientifique indépendant d'évaluation des risques, dont la principale mission serait de fournir un avis scientifique afin d'assurer l'indépendance, l'impartialité et l'intégrité de l'information relative à la SSA. Il va sans dire que l'implémentation des conclusions du CESE participera à l'amélioration de la situation actuelle en matière de sécurité sanitaire des aliments. Tribune et Débats La tribune qui vous parle d'une actu, d'un sujet qui fait débat, les traitent et les analysent. Economistes et autres experts, patrons d'entreprises, décideurs, acteurs de la société civile, s'y prononcent et contribuent à sa grande richesse. Vous avez votre opinion, convergente ou différente. Exprimez-la et mesurez-vous ainsi à nos tribuns et débatteurs. Envoyez vos analyses à : [email protected], en précisant votre nom, votre prénom et votre métier.