Si la toile s'enflamme depuis quelques jours dans les réseaux sociaux à dénoncer la prolongation au Maroc de l'Etat d'urgence sanitaire décidé récemment par le gouvernement et à railler la division du pays en deux zones soumises à des contraintes et restrictions différenciées, les marocains sont, eux, à bout de nerfs dans la vraie vie. La prolongation de l'Etat d'urgence sanitaire et les mesures qui divisent le royaume en deux zones, suscitent colère et indignation chez les citoyens marocains. En effet, non seulement la situation devient intenable pour une large frange de la population, notamment dans les quartiers à forte densité des villes encore soumises à un confinement à peine allégé, mais le caractère famélique des « allégements » mises en place et la complexité des déplacements inter-villes (notamment entre deux zones différentes ou intra-Zone 2) ont douché les espoirs de millions de marocains qui espéraient reprendre un tant soit peu une vie normale après plus de 80 jours d'Etat d'urgence dans un pays pourtant relativement épargné par la pandémie du Covid-19 avec « à peine » un peu plus de 200 décès pour moins de 9.000 cas de contamination recensés (alors que le nombre des personnes interpellées au cours des trois derniers mois pour non-respect de l'Etat d'urgence est, quant à lui, dix fois plus élevé !). Lire aussi|Déconfinement : la zone 2 pèse près de 60% du PIB national Entre l'interdiction de pratiquer du sport en plein air, faire sortir les enfants, aller chez son coiffeur (notamment dans la Zone 2) ou encore la lenteur des autorisations administratives dont les malheureux candidats ont été priés d'attendre jusqu'à cinq jours, voire les négociations interminables avec des agents d'autorité qui ne comprennent rien à l'entrepreneuriat, les citoyens, les commerçants et les entrepreneurs sont à cran. Certains empêchés de retrouver des parents malades dans une autre ville, d'autres encore d'aller rapatrier une conjointe/des enfants bloqués par le confinement du jour au lendemain dans d'autres villes et d'aucuns parmi les employeurs dégoûtés à voir la maigre reprise de l'activité économique largement obstruée par tant d'arguties administratives. Et pour ne rien arranger à la confusion et au chaos ambiant, la RAM qui avait, depuis début juin, entamé la commercialisation en ligne de ses vols domestiques opérant à partir du 11 juin 2020, a assommé des milliers de marocains en leur annonçant par de simples messages laconiques (dont la plupart à deux heures seulement du départ prévu !) l'annulation de leurs vols « en raison de l'Etat d'urgence sanitaire ». Comme si cela était un scoop qu'on venait de découvrir ! Au moins, du côté de l'autre grand opérateur public du transport, à savoir l'ONCF dont le call-center est toujours joignable on ne s'avise toujours point, à date d'aujourd'hui, à se prononcer sur une quelconque date hypothétique de reprise des TNR et d'Al Boraq sur les autres axes que ceux actuellement opérationnels de Kénitra – Casablanca, Casablanca-Settat et Casablanca-El Jadida et encore moins à commercialiser des billets sur des trajets non encore officiellement ré-ouverts. Lire aussi|Coronavirus : Le Maroc va accélérer son déconfinement à partir du 20 juin Tribune et Débats La tribune qui vous parle d'une actu, d'un sujet qui fait débat, les traitent et les analysent. Economistes et autres experts, patrons d'entreprises, décideurs, acteurs de la société civile, s'y prononcent et contribuent à sa grande richesse. Vous avez votre opinion, convergente ou différente. Exprimez-la et mesurez-vous ainsi à nos tribuns et débatteurs. Envoyez vos analyses à : [email protected], en précisant votre nom, votre prénom et votre métier.