Mazars se penche sur les impacts comptables de la pandémie du Covid-19 sur les banques du royaume. Voici ce qu'en dit le cabinet d'audit. Le cabinet spécialisé dans l'audit ainsi que les services comptables et fiscaux passe au peigne fin l' impact de la crise sanitaire sur le provisionnement social et IFRS des créances des banques au Maroc, dans un récent rapport. Mazars rappelle, d'entrée, qu'au niveau des comptes sociaux, le processus de provisionnement est rigoureusement réglementé par les textes de Bank Al Maghrib, notamment la circulaire 19 G 2002 qui précise clairement les critères de provisionnement pour chaque catégorie de clientèle. On y apprend qu'à ce jour, les premiers impacts pourraient venir principalement du marché du retail où la baisse de la capacité de remboursement de la population impactée (hausse du nombre d'impayés et des rééchelonnements des crédits amortissables),induisant par ricochet une dégradation du scoring de ces contreparties. Au niveau des PME/TPE, le cabinet point du doigt la rupture du cycle d'exploitation des entreprises concernées et ses impacts sur les lignes de fonctionnement (hausse des dépassements sur autorisations, rééchelonnements des dates d'échéances, restructurations des lignes de crédit…). Lire aussi: Banque Populaire : nouvelles mesures en faveur des entreprises « Ces faits identifiés impacteront directement les comptes sociaux des banques par une dégradation de la qualité des portefeuilles à l'actif (hausse des créances en souffrance)et une augmentation mécanique du coût du risque (provisions) », explique Réda Hajouji Idrissi, Senior Manager, Financial Services chez Mazars. Le cabinet fait remarquer qu'au niveau des comptes IFRS, le processus de provisionnement des créances client est régi par la norme IFRS9 qui recommande une approche prospective de calcul des dépréciations pour faire face au risque de contrepartie, mais indique que les impacts macro-économiques de cette crise auront des retentissements considérables sur les modèles de notation et modèles de dépréciation. On apprend aussi qu'à ce titre, les principaux impacts que les banques devraient considérer en matière de provisionnement IFRS devraient porter sur le recalibrage des paramètres de calcul du «Forward looking », en intégrant de nouvelles données Macro-économiques (taux de chômage post-crise COVID-19, cours de pétrole….), aussi sur l'intégration d'une marge de prudence / facteur d'aggravation des probabilités de défaut actuelles tenant compte des répercutions de cette crise sur la capacité de remboursement future des débiteurs ou encore sur la reconsidération de notion de continuité d'exploitation principalement au niveau des entreprises dont les cycles d'exploitation sont rompus à la suite la crise COVID-19. « Nous nous attendons à un réaménagement des dispositions de la circulaire 19G pour tenir compte des effets de cette crise sur le coût du risque des banques », soutient le cabinet, ajoutant qu'au fil de l'avancement de cette crise, de nouvelles réflexions verront le jour et les fonctions risques devront mener plusieurs études d'impacts sectorielles permettant d'affiner correctement leurs modèles. « Des initiatives et des projets en cours entre les différentes parties prenantes (banques, régulateurs….) donneront plus de visibilité sur les différents mécanismes de soutien économique pour permettre aux opérateurs économiques de limiter les effets négatifs de cette crise et aux différents secteurs d'activité de redécoller », conclut Mazars.