La fièvre du Coronavirus a-t-elle déjà touché l'économie marocaine ? Cette question taraude nombre de Marocains depuis le déclenchement de cette épidémie en Chine, locomotive de l'économie mondiale. En effet, de nombreux importateurs commencent à ressentir les impacts de ce virus sur leur business. Explications et témoignages. Le virus Corona qui sévit actuellement en Chine fait planer beaucoup de menaces sur l'économie mondiale d'après de nombreux économistes. La Chine étant l'usine du monde, un ralentissement sévère de son économie, dû à cette épidémie, aura forcément des conséquences sur la santé de l'économie mondiale. Au Maroc, nombre d'opérateurs importent une considérable quantité de leurs marchandises de l'Empire du milieu. Et ces derniers commencent déjà à ressentir les effets de cette situation sur leur business. « A cause du Corona virus, toutes les grandes enseignes internationales préviennent aujourd'hui leurs partenaires marocains important des produits de Chine pour leur dire qu'ils auront un retard de 9 à 12 semaines. Ce qui est très délicat pour nous, parce que cela représente une perte de 20% voire 30% du chiffre d'affaires d'un importateur. Aujourd'hui, une bonne partie des importateurs est obligée de trouver une autre alternative notamment en importants des autres pays tels que l'Indonésie, la Thaïlande… en attendant qu'une solution soit trouvée pour régler la situation en Chine », explique un importateur marocain. Lire aussi: Corona Virus: Une perte de 28.000 clients chinois pour l'hôtellerie en février A l'heure actuelle, il va sans dire que les effets du Corona virus, s'il venait à s'éterniser, sur l'économie nationale sont à redouter. Force est de souligner que le Maroc importe de la Chine plusieurs types de produits dont notamment le thé vert, les produits industriels légers, les produits textiles, les produits mécaniques et électroniques. Notons qu'environ 1/5 des exportations de thé chinois en 2018 ont été destinés au Maroc. Ce secteur pâtit aujourd'hui d'ailleurs de la crise « Corona virus » puisque les importateurs marocains de thé connaissent des difficultés depuis quelques semaines en ce qui concerne leur circuit d'approvisionnement en Chine. Chaque année, les opérateurs marocains importent de Chine pas moins de 70.000 tonnes de thé vert. Les chiffres de l'Association marocaine des industries du thé et du café montrent que le Maroc est le premier partenaire de la Chine avec plus de 25% des exportations globales chinoises de thé. Un prolongement de l'épidémie mettrait forcément à mal leur business. Cette perturbation dans le processus d'approvisionnement est la conséquence de la mise à l'arrêt des usines et autres unités de production du pays décidée par les autorités chinoises pour limiter les risques de propagation de la maladie. L'aérien ou encore le tourisme sont aussi touchés. Selon la CNT (Confédération nationale du tourisme), l'hôtellerie connaîtra une perte de 28.000 clients rien que pour le mois de février et 24.000 sur le mois de mars à cause du Corona virus. Et ce n'est pas tout. Les opérateurs marocains qui importent du matériel roulant de Chine rapportent également quelques déconvenues, certes de moindre impact pour le moment, même s'ils redoutent un impact réel au cas où le corona virus serait amené à s'éterniser un peu plus que prévu. « Dans le secteur des scooters électriques, nous sommes pour le moment à l'abri parce que nous ne commandons pas chaque jour ou chaque semaine de Chine. Mais, si j'avais fait des commandes il y a dix jours, je n'aurais pas pu parce que les lignes de production en Chine étaient à l'arrêt et mon fournisseur m'avait prévenu par rapport à cela », témoigne Brahim Lazrak, Directeur général de la société e-moto.ma, importatrice de scooters électriques chinois. « Mais, au jour d'aujourd'hui nous pouvons commander, puisque notre fournisseur nous a dit que les lignes de production ont repris. Mon fournisseur m'a rassuré qu'ils viennent d'ouvrir les lignes de production, maintenant je ne sais si elles tournent déjà à plein régime ou non. Et si elles ne tournent pas à plein régime, il est probable que notre secteur soit touché à la longue si l'épidémie devait se prolonger », poursuit-il. Pour sa part, le président du Conseil d'affaires maroco-chinois à la CGEM, Mehdi Laraki, préfère temporiser. « Nous sommes de tout cœur avec nos amis chinois dans cette situation. Aucun autre pays au monde n'aurait pu gérer une situation de ce niveau là tel que les Chinois le font. Même pas les Etats-Unis ou les pays de l'UE. Certes, c'est un moment difficile à passer mais, je reste très optimiste », souligne Mehdi Laraki. « Aujourd'hui, il n'y a rien qui sort de Chine, donc c'est normal que certains opérateurs marocains enregistrent des retards sur leurs délais d'approvisionnement habituels. J'ai parlé avec beaucoup d'entre eux, et je pense qu'ils sont confiants parce qu'ils savent que la situation va se redresser. Pour le moment, les importateurs marocains ont déjà trouvé un plan B puisqu'ils importent des autres pays notamment l'Inde et d'autres fournisseurs. Mais, ils demeurent solidaires avec leurs fournisseurs de base en Chine, et attendent qu'une solution soit trouvée pour que le business reprenne », explique-t-il, ajoutant que plusieurs industriels chinois envisagent aujourd'hui de délocaliser une partie de leurs outils industriels pour pouvoir produire ailleurs qu'en Chine afin de continuer à fournir leurs partenaires à l'avenir en cas d'épidémie ou autres types de crise. « Et, de notre côté, nous avons déjà proposé aux Chinois de localiser certaines de leurs usines au Maroc vu la qualité de l'offre que nous proposons », détaille Mehdi Laraki. Soulignons que la Chine est le quatrième partenaire commercial du Maroc. Selon les chiffres du patronat marocain, au cours des trois dernières années, le volume des échanges commerciaux entre le Maroc et la Chine a progressé de 50%, et les exportations du royaume vers son partenaire chinois se sont raffermies de 60%. Les transactions commerciales de la Chine avec le royaume se sont élevées à 49,8 milliards de DH en 2018 (soit 6,6% des échanges du Maroc).