La situation est on ne peut plus critique. Tout comme le pétrole, les cours mondiaux du blé à l'international sont en train de grimper à une vitesse vertigineuse. Et ce n'est certainement pas le lancement dernièrement de l'appel d'offres marocain pour un approvisionnement de 500.000 tonnes de blé qui va en réduire les effets. Bien au contraire, cette opération, qui a été lancée en une fois, a impacté les cours en leur faisant prendre 6 à 9 dollars la tonne de blé. C'est dire que tous les indicateurs aujourd'hui sont au rouge. Le gouvernement El Fassi, qui vient de se mettre en place, est donc arrivé dans une très mauvaise conjoncture. La situation ne semble pas se détendre et il devra gérer cette situation au plus vite. Ce qui se passe à l'international n'a de cesse de se répercuter sur le marché marocain. Il est vrai que le gouvernement sortant a supprimé tous les droits d'importation sur le blé tendre, alors qu'ils s'établissaient à 30%. Mais, selon des professionnels, cette mesure n'est pas à même de compenser les hausses continuelles du blé sur les marchés mondiaux. Nizar Baraka, le ministre des Affaires économiques et générales, va donc devoir prendre des décisions sensiblement stratégiques en ce début de mandat, d'autant que le temps presse. A l'heure où nous mettons sous presse, les présidents des fédérations des minotiers et des négociants en céréales et légumineuses se trouvent à l'étranger. Que se trame-t-il ? Au 15 septembre, les importations de blé dur ont porté sur une quantité de 7,53 millions de quintaux, alors que le niveau n'était que de 0,25 million à la même période de l'an passé. Cela traduit la situation dans laquelle le Maroc se trouve. Des appels d'offres pour s'approvisionner ont été certes lancés. Mais selon des professionnels, ils restent insuffisants. Le stock de blé n'avoisinerait, lui, que 6,47 millions de quintaux. La dernière commande lancée par les Marocains ne devrait couvrir les besoins que des deux prochains mois. Il reste encore à recevoir près des deux tiers des achats, toutes céréales confondues. Avec les incertitudes qui règnent sur le marché du blé à l'international, des ambiguïtés se font ressentir au niveau local. Surtout que le Royaume doit encore s'approvisionner en grandes quantités. La pénurie du blé guette-t-elle le pays ? Il est encore trop tôt pour répondre à cette question. Mais si rien n'est fait rapidement, nous pourrions en être victimes. Ce sont les ménages qui en pâtiraient puisque la crise du pain serait à nos portes. Et à ce niveau, nul gouvernant ne prendra le risque de déclencher une crise sociale. De la même façon que les anciens gouvernements ont pris les décisions appropriées afin de ne pas trop toucher au prix du carburant à la pompe malgré les hausses vertigineuses, ce gouvernement-là trouvera bien les mesures adéquates pour sortir le secteur de la crise. Pourquoi le prix du blé a-t-il flambé ? C'est que rien ne va plus sur le marché du blé à l'international. Les principaux exportateurs subissent de plein fouet les aléas climatiques (sécheresse…). Des pays comme les Etats-Unis annoncent au fur et à mesure une baisse de leurs perspectives de production. Les stocks de blé finaux pour 2007-2008 sont revus à la baisse, de près de 26 millions de boisseaux (environ 27 kilogrammes). A cela, il faut ajouter la baisse des récoltes des pays comme la Russie et l'Ukraine. La demande excédant l'offre, cela crée alors une tension sur les marchés. Les prix flambent. Le consommateur subit.