Réduire la quantité de goudron pour produire plus de gasoil. C'est ce que se propose de faire la Samir à partir de 2009, ce qui lui permettra de dégager une marge d'exploitation 2 à 5 fois plus importante. Le programme d'investissement est en cours et serait réalisé à moitié. C'est pourquoi les analystes d'Attijari Intermédiation estiment que le cours de la Samir pourrait croître de 48%. Fin de la période des vaches maigres pour le raffineur Samir. Son action vient de passer de 780 à un peu plus de 922 DH entre le 10 et le 24 octobre, s'appréciant de 18%. Mercredi dernier, la société de Bourse Attijariwafa bank a publié une étude recommandant le titre à l'achat. Les analystes de cette société d'intermédiation ont revu à la hausse le cours cible qui passe à 1260 DH contre 1.000 DH dans leur dernière étude. Leur conclusion, qui qualifie la Samir de «titre sous valorisé par le marché, malgré ses perspectives encourageantes», est sans équivoque. Selon Hind Filali, analyste et auteur de l'étude, cela s'explique par deux raisons. «D'une part, l'incertitude par rapport à l'investissement s'estompe. Le niveau de réalisation du projet a atteint plus de 50%, confirmant la confiance accordée au groupe». De ce fait, la prime de risque spécifique de 0,5 point appliquée lors de la précédente valorisation a été supprimée, ce qui compense une partie de la hausse de deux points de prime de risque marché. D'autre part, c'est en 2009 que le nouvel outil de production devrait être mis en œuvre, ce qui permet d'intégrer dans le business plan les prévisions de cash-flows en nette amélioration, notamment ceux de 2010 qui atteignent 1,5 milliard de DH, explique l'analyste d'Attijariwafa bank. Selon elle, ces nouvelles prévisions rehaussent significativement la valeur de l'entreprise. La visibilité des investisseurs Pourquoi le programme d'investissement donne-t-il autant de visibilité aux investisseurs ? En réalité, les nouvelles installations sont à même d'améliorer considérablement la rentabilité du raffineur. Si la Samir affiche des marges opérations variant entre 1% et 3%, c'est parce que son outil de production est d'un autre âge. «De configuration simple, cet outil ne permet pas de produire suffisamment d'hydrocarbures à forte valeur ajoutée tel que le gasoil», explique Hind Filali. Du coup, l'entreprise affiche une faible compétitivité par rapport aux raffineurs internationaux disposant de configurations plus complexes. Ainsi, dans les périodes difficiles, la Samir est plus touchée que les autres raffineurs internationaux disposant d'un hydrocraqueur et pas seulement d'un hydroskiming, comme c'est le cas à Mohammédia. Or visiblement, la fin 2006 et le début 2007 n'ont pas été rose pour la Samir. «Après une année 2005 exceptionnelle en termes de résultats, avec une marge ayant atteint 3,5 dollars/baril (dollars/bbl), Samir subit en 2006 la baisse de ses marges de raffinage qui passe de 3,2 dollars/bbl à 2,5 dollars/bbl», expliquent les analystes. C'est pourquoi, l'année dernière, le résultat d'exploitation du raffineur a subi un sévère repli de 60% à 375 millions de DH contre 976 millions un exercice auparavant. Et le résultat net a reculé de 42% à 435 millions de DH. 2007 ne s'annonce pas mieux, parce que les marges ne sont pas en amélioration et les entreprises du secteur, y compris la Samir elle-même, recourent à l'importation de produits tel que le gasoil. En 2009, la donne devrait changer grâce à l'hydrocraqueur permettant de produire des dérivés légers et en quantité nettement plus importante, afin de répondre à une demande en croissance très forte et d'améliorer sensiblement ses marges actuelles. Car il faut rappeler que la Samir vise trois objectifs. Le premier est de subvenir de manière plus efficace à la demande nationale et conserver ses parts de marché. Le deuxième consiste à développer une activité de raffinage qui puisse être concurrentielle sans soutien tarifaire. Et à travers le troisième objectif, le raffineur entend améliorer la qualité des produits pétroliers marocains, notamment en termes de spécifications environnementales. Puisqu'aujourd'hui encore, le Maroc carbure au gasoil à 350 parts de soufre chaque million de parts (ppm), alors qu'en Europe, la norme est à 50 ppm. Satisfaire d'abord les besoins locaux La Samir pense déjà aux exportations, mais avant d'en arriver là, elle devra d'abord combler les 31% des besoins du marché local couverts par des importations. Pour cela, il suffira d'augmenter la part des produits dits blancs, à savoir le gasoil, l'essence, le GPL, qui devrait atteindre dès 2009 75% du total de la production contre 50% aujourd'hui, avec une part pour le gasoil de 52% contre 39%. Selon les analystes d'Attijari Intermédiation, «le gasoil est un produit à forte valeur ajoutée comparativement au fioul. Alors que ces deux produits nécessitent une même quantité de pétrole brut au départ, le prix du gasoil représente près de 2 fois le prix du fioul sorti de la raffinerie, en raison de la demande importante du gasoil au niveau international. Par conséquent, la marge unitaire sur le gasoil est deux fois supérieure à celle du fioul». En tout cas, l'analyse réalisée estime que la marge opérationnelle doit atteindre quelque 7% contre 1 à 3% aujourd'hui. C'est dire que le titre garde un attrait intéressant, malgré les faibles réalisations de 2006 et du premier semestre 2007.