La microfinance se dote d'une stratégie pour la décennie. Si les clients doivent tripler, les encours devraient être multipliés par cinq. Dans l'intervalle, le secteur devra se restructurer et croître en volume pour promouvoir l'auto-emploi. Après une année blanche, le secteur s'est remis sur les rails et a tenu son “symposium international de la microfinance au Maroc" le 11 octobre. Il a été organisé conjointement par la fédération et le Centre Mohammed VI de soutien à la microfinance solidaire (CMS). L'heure est au bilan et à la définition de la stratégie nationale. Un message royal a été adressé aux participants pour encourager l'initiative. Les responsables de la Fédération Nationale des Associations de Microcrédit (FNAM) avancent des chiffres on ne peut plus ambitieux. Ils tablent sur une augmentation de deux millions de clients pour les dix prochaines années. Déjà, le secteur a profité à 800 000 bénéficiaires et généré près d'un million d'emplois lors des dix dernières années. Pour les dix prochaines, le nombre de bénéficiaires devrait passer à quelques trois millions : “Nous avons observé que chaque emploi direct génère 20% d'emplois indirects", expliquent les responsables de la FNAM. Autre chiffre marquant, les encours devraient quintupler dans l'intervalle et passer de 5 milliards à 25 milliards de dirhams. “Pour le moment, le montant des prêts est monté à 40 milliards de dirhams, pour 4,5 millions de prêts", explique-t-on du côté de la FNAM. La microfinance sur les rails Avec l'expérience de la reprise de la Fondation Zakoura par la Fondation Banque Populaire, on s'imaginait le secteur sinistré. Ce que les responsables de la FNAM démentent en bloc. Ainsi, treize associations de microcrédits de différentes tailles sont encore actives sur le créneau, dans les différentes régions du pays. Il va sans dire que les quatre plus grandes parmi elles sont, par ordre d'importance, l'Association Al Amana, la Fondation Banque Populaire, la FONDEP et l'Association Ardi du Crédit Agricole. Elles représentent à elles quatre 90% des prêts accordés. Mais tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes, puisqu'elles doivent faire face à de mauvais payeurs, à l'instar de n'importe quelle organisation de crédit. “Ces mauvais payeurs sont pourtant en mesure de rembourser leurs prêts mais rechignent à le faire. C'est tout naturellement qu'ils seront poursuivis", expliquent les responsables de la FNAM. Mais ce n'est pas pour autant que les mesures prises sont inhumaines. Le secteur compte déjà 700 millions de dirhams investis à fonds perdus. Les emprunteurs en cessation de paiement sont radiés des comptes des associations. Des micro-projets pour du micro-entrepreunariat Si l'auto-emploi a toujours été l'objectif affirmé de la micro-finance, les projets, eux, restent bien définis. Ainsi, 40% des micro-entreprises sont dans le secteur de l'artisanat. Il va sans dire qu'ils collent aux spécificités régionales des investisseurs. Cela va de la fabrication de tapis dans l'extrême Sud, aux travaux de poterie dans la région de Safi. 33% des micro-entrepreneurs opèrent dans le secteur du commerce et des services. L'agriculture, quant à elle ne représente que 37% des projets financés. Au final, si le Maroc veut définitivement en finir avec la précarité, c'est sans aucun doute dans cette voie qu'il devra prospecter. Reste que proportionnellement, les fonds de la microfinance ne dépassent pas les 0,6% du PIB lorsqu'au Pérou il est de 1,6%. Le chemin à parcourir reste long. 3 millions C'est le nombre de bénéficiaires du microcrédit d'ici 10 ans.