Le lobbying existe partout ; là où il est organisé il est transparent. Ailleurs, il est source de magouilles et de pots de vin. Qu'en est-il au Maroc? Le terme de lobbyiste a des origines très anciennes. Le premier président des Etats-Unis était logé dans un hôtel avant la construction de la Maison blanche. Il recevait chaque soir, dans le lobby, c'est-à-dire le hall, des gens qui avaient des revendications, des dossiers à défendre, c'est de là qu'est né le terme de « lobbyiste ». Dans les pays anglo-saxons, c'est un métier respectable, organisé. En France, et donc au Maroc par mimétisme idiot, ce terme est très péjoratif même quand il s'agit de gens ou de structures défendant le Maroc à l'Etranger, comme s'il était indigne de défendre les intérêts de son pays. Aux USA, lorsque Clinton a entamé sa croisade anti-tabac, le lobby des cigaretiers a utilisé 3 Nobel de médecine qui défendaient la nicotine, contre tous les résultats de la science. Face aux bureaux de l'Union européenne, tous les immeubles sont occupés par des sociétés de lobbying clairement identifiées. Lobbyistes et cadres de la commission fréquentent les mêmes cafés, les mêmes restaurants et ont des rendez-vous fréquents. Monsanto, passée sous le drapeau d'une entreprise allemande, réussit à bloquer les normes européennes contre les pesticides, en particulier le glyphosate, grâce à deux lobbys, le sien mais aussi celui de l'agriculture productiviste. Ce n'est pas reluisant, mais cela a le mérite d'être transparent. Le lobbyiste construit un argumentaire en défense des intérêts de ses clients. Il participe à une prise de décision qui ne soit pas uniquement idéologique. Le résultat est souvent en faveur des puissances économiques, parce que les partis, les ONG ont moins d'aptitudes techniques. Au Maroc, le terme est banni et pourtant… il n'y a que cela. Les grands agriculteurs, les industriels, les avocats, se défendent par leur présence en masse au Parlement. Les associations professionnelles ne font que du lobbying et c'est leur objet social. Pis, la presse dite spécialisée fait du lobbying à longueur d'éditoriaux, alors qu'elle est censée informer et donc livrer les différents avis. Les parlementaires sont souvent sollicités pour présenter des amendements, cela se passe en aparté, sans que l'on puisse définir s'il s'agit d'adhésion à un argumentaire ou de relation financière. Le mieux serait de donner un statut à cette profession d'exiger de la transparence. Cela élèverait le niveau des débats et évacuerait les soupçons d'enrichissement professionnel. Cela forcera les partis politiques à élever le niveau technique de leurs équipes.