Comme à l'accoutumée, l'assureur-crédit, Euler Hermès Acmar, a récemment dévoilé ses prévisions économiques mondiales pour l'année prochaine. Et pour le Maroc, Euler Hermès décoche ses bons et mauvais points. L'assureur-crédit, dans ses analyses, remarque une baisse des défaillances d'entreprises en 2018. Il s'agit d'un repli de 3%. Une bonne nouvelle, certes, mais qui ne va pas durer puisque ces défaillances devraient reprendre leur trend haussier en 2019 (+4%), atteignant un nouveau niveau plus haut. De leur côté, les délais de paiement clients demeurent toujours à 83 jours, ce qui expliquerait d'ailleurs le risque d'accroissement futur des défaillances d'entreprises que pointe du doigt Euler Hermès Acmar. « Le Maroc, en tant que base de production, manque essentiellement d'infrastructures électriques, comme le montre une comparaison avec le Mexique, un grand pays émergent exportateur. Le Maroc, en tant que potentiel grand marché de consommation urbanisé manque aussi d'infrastructures routières, ce que montre par exemple une comparaison avec l'Espagne», fait remarquer Stéphane Colliac, économiste Senior pour l'Afrique chez Euler Hermès. En ce qui concerne le secteur immobilier et celui du BTP, le spécialiste poursuit son analyse en soulignant que le PIB de la construction est proche de la stagnation depuis plusieurs années et que l'enregistrement de la propriété coûte 6,4% de la valeur d'un bien (5,7% en moyenne en Afrique). Le secteur industriel peut mieux faire De même, les transactions immobilières se contractent (-2,8% en moyenne sur les trois premiers trimestres de 2018) et les prix immobiliers suivent. « Malgré une croissance à 4,1% en 2017, le chômage a augmenté, la croissance n'étant pas assez riche en emplois pour absorber la croissance de la population active. La réduction du déficit budgétaire prend aussi plus de temps que prévu », note également Stéphane Colliac. Aussi, nonobstant le développement fulgurant que connaît l'industrie marocaine, notamment en ce qui concerne le secteur automobile et celui de l'aéronautique, Euler Hermès Acmar estime que l'environnement n'est pas nécessairement favorable à une montée en gamme de l'industrie. « Au fur et à mesure que le Maroc a développé son industrie, il s'est spécialisé sur des biens très concurrencés et pour lesquels les coûts salariaux et le taux de change sont primordiaux. De même, les exportations du pays sont particulièrement dynamiques, mais peinent à générer de la valeur. Il y a un rapport compétitivité/prix sous pression et une difficulté sous-jacente à résorber le déficit commercial», précise l'assureur-crédit. Toutefois, Euler Hermès Acmar souligne qu'avec la zone de libre-échange africaine, les débouchés africains du Maroc pourraient croître. « En 2018, ces débouchés devraient atteindre 1,8 milliard de dollars, contre 1,6 milliard de dollars. Un développement contrarié par le protectionnisme croissant dans la zone, particulièrement lorsqu'on considère le recul de l'Afrique du Nord dans la hiérarchie », analyse Stéphane Colliac, ajoutant que le royaume devrait bénéficier de la 5ème croissance du continent en termes d'exportations d'ici à 2030, soit la première d'Afrique du Nord. Aussi, l'assureur-crédit assure que le Maroc est bien placé dans la liste des pays à même d'obtenir une croissance forte de leurs exportations à l'avenir.