A peine quelques heures après l'entrée massive, ce lundi, de 350 immigrés subsahariens qui ont réussi à prendre d'assaut la double clôture qui sépare le préside occupé du Maroc, une partie de la presse espagnole commence déjà à pointer d'un doigt accusateur les autorités marocaines rendue responsables de cette invasion, la deuxième en l'espace de 72 heures. Parmi les prétendus « spécialistes du Maroc » auxquels on a fait appel pour commenter cet incident, figure Ignacio Cembrero connu pour son hostilité à l'égard du royaume. Selon ce journaliste qui s'exprimait sur la radio « Onda cero », il n' y a pas de doute: les autorités marocaines ont « ouvert le robinet », allusion aux nombres importants de subsahariens qui ont accédé à Sebta depuis vendredi dernier et dont le nombre s'élève à 850 en deux jours alors que, selon lui, durant toute l'année dernière on a comptabilisé, en tout et pour tout, 1000 subsahariens aussi bien au niveau de Sebta que Melilla. Cembrero qui, rappelle-t-on, avait été licencié par son journal El Pais après avoir été accusé par le Maroc d'apologie du terrorisme, affirme qu'en tournant le dos aux tentatives d'entrée massive des subsahariens à Sebta, le Maroc entend exercer la pression sur l'Espagne et à travers elle, sur l'Europe, après l'arrêt de la Cour de justice européenne estimant que l'accord agricole entre le royaume et l'UE, ne doit pas s'appliquer au Sahara. Selon lui, Rabat craint que l'accord de pêche subisse le même sort d'où son changement d'attitude à l'égard de la lutte contre l'immigration clandestine. Pour rappel, le gouvernement marocain avait porté plainte contre Ignacio Cembrero pour avoir publié en septembre 2013 sur son blog, hébergé par El Pais à l'époque, une vidéo d'Aqmi appelant au jihad contre les autorités marocaines, mais aussi contre le roi. D'autres médias espagnoles en veulent pour preuve du changement d'attitude du Maroc, l'entretien accordé récemment par le ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime Aziz Akhannouch à l'agence espagnole EFE, dans lequel il avait notamment souligné que le Maroc ne peut pas continuellement jouer au gendarme de l'Europe alors que celle-ci « ne veut pas travailler avec nous ». Les propos de l'ancien correspondant d'El Pais au Maroc et au Maghreb en général, et les réactions d'une partie de la presse espagnole après ces deux incidents, sont en contradiction avec ceux des plus hautes autorités espagnoles qui estiment que le Maroc fait tout pour freiner les assauts des subsahariens. En effet, pas plus tard que vendredi, le Secrétaire d'Etat espagnol à la sécurité, José Antonio Nieto, a tenu à préciser à Sebta qu'il n'a « aucun reproche à faire » concernant la collaboration marocaine qu'il a qualifiée d' « excellente ». Selon lui, l'assaut des subsahariens était tel qu'il n'a pu être repoussé, malgré le fait que tout a été fait de la part des marocains. Il a appelé à approfondir cette coopération, tout en insistant sur la nécessité de disposer de technologie pour être plus efficaces. Le responsable espagnol avait également annoncé que le ministère de l'intérieur espagnol entend disposer incessamment de drones ou de globes aérostatiques équipés de cameras thermiques afin d'améliorer la surveillance du périmètre frontalier , et de ne plus dépendre totalement du Maroc et de sa disponibilité à mobiliser des effectifs, ou alerter de l'approche de grands groupes d'immigrés subsahariens. Pour rappel, l'assaut de vendredi avait fait dix blessés parmi les membres des forces de l'ordre marocaines et une vingtaine d'autres chez les subsahariens.