Un nouvel assaut d'immigrés subsahariens a été lancé hier lundi pour pénétrer dans le préside de Melilia. Le Maroc est de nouveau montré du doigt par la presse espagnole et les autorités de Mellilia. L'Europe cherche même à lui faire signer un accord lourd de conséquences. Des centaines de ressortissants subsahariens ont donné un nouvel assaut, tôt le matin d'hier lundi, contre la clôture métallique du préside occupé de Mellilia. Il s'agit, selon les autorités espagnoles, de l'une des plus violentes attaques de ce genre sur un total de 25 et ce depuis le début de l'année en cours. Ce nouvel assaut, auquel auront participé près de 700 personnes, a permis à près de 400 parmi elles de passer de l'autre côté grâce à des échelles bricolées et après des affrontements avec la police espagnole. D'ailleurs, les autorités espagnoles de la ville affirment que sept policiers ont été blessés par les assaillants ayant usé de pierres. Dans les rangs de ces derniers, l'assaut d'hier lundi a été soldé par 135 blessés dont cinq dans un état grave. Les assaillants avaient d'ailleurs réussi à faire céder la clôture métallique, hérissée de barbelés, sur plusieurs dizaines de mètres. Le responsable de l'entité autonome de Mellilia, Juan Jose Imbroda, a accusé les autorités marocaines de ne rien faire pour empêcher les assauts des immigrants subsahariens dans des déclarations à une radio espagnole. Il a accusé le Maroc de «baisser la garde» alors que le Royaume vient de renforcer ses dispositifs près de Mellilia et Sebta de 1.600 éléments supplémentaires. Des déclarations en flagrante contradiction avec celles faites récemment par plusieurs membres du gouvernement Zapatero saluant la coopération marocaine en la matière. Sur un autre registre, la Commission européenne est en train de faire pression pour amener le Maroc à signer un accord lui endossant la responsabilité de rapatrier, non seulement ses ressortissants arrêtés en Europe, mais aussi tous les immigrants qui auraient utilisé son territoire comme lieu de transit. Toutefois, dans ce casse-tête autour de l'immigration en provenance des pays subsahariens, le Maroc est pris -et seul- au piège. L'Europe, quand il aborde le sujet, ne parle jamais ou alors rarement du rôle qui doit revenir à l'Algérie pour faire face à cette marée humaine sachant que la majorité des ressortissants subsahariens, avant d'arriver au Maroc, transitent par le pays voisin. Plus même, quand ces derniers sont refoulés, il n'y a aucune garantie qu'ils ne refassent pas le même trajet, parfois à plusieurs reprises pour certains d'entre eux. Alger fait comme si le problème ne la regardait pas. Un quotidien algérien vient d'ailleurs de soulever la question en évoquant le drame de milliers de Subsahariens vivant sur les berges d'une rivière tout près de la ville de Maghnia. Le quotidien «Al Chourouk Al Arabi» parle de plus de 3.000 personnes arrivées en Algérie en attendant de passer au Maroc ou refoulées de ce dernier, en attendant de pouvoir refaire le même trajet à l'assaut de Mellilia ou Sebta. Le journal, qui affirme que cette concentration de Subsahariens vit à l'écart et semble soustraite au pouvoir et à l'administration algérienne, revient sur les conditions dramatiques de vie de ces milliers de ressortissants subsahariens organisés en une quarantaine de groupes selon les nationalités ou les ethnies. La semaine dernière, dans la nuit du 28 au 29 septembre, un assaut a été donné contre la clôture métallique de Sebta par des centaines d'immigrants. Cet assaut a fait cinq morts parmi les assaillants et donné lieu à une polémique sur la responsabilité de ces décès des deux côtés de la clôture. Une enquête est en cours pour élucider la provenance des balles ayant terrassé les cinq morts. Madrid a réagi en envoyant des unités de l'armée renforcer les dispositifs de la Guardia civil sur place alors que du côté marocain, la traque des immigrants subsahariens a été intensifiée et débouchera sur des centaines d'arrestations. Toutefois, cela ramène au même point de départ. Les immigrants subsahariens, dans une grande proportion, vont refaire le même trajet de l'Algérie vers le Maroc pour se retrouver devant les clôtures métalliques des deux présides. Et à attendre, dans de difficiles conditions, l'occasion de pouvoir tromper la vigilance des forces de l'ordre des deux côtés pour partir à l'assaut de grillages à hauteur désormais doublée.