Dans une intervention d'une rare véhémence, Mohamed Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS, opposition), a fustigé, mardi 8 avril à Rabat, la dérive autoritaire du gouvernement conduit par Aziz Akhannouch, qu'il accuse de saper méthodiquement les fondations pluralistes et démocratiques de la nation. S'exprimant lors d'une conférence-débat organisée par l'Institut des hautes études de management (HEM), l'ancien ministre a livré une analyse sans concession de l'état politique du pays, dénonçant un exécutif "hégémonique", fermé au dialogue, et imperméable aux attentes sociales les plus élémentaires. «La gouvernance actuelle est stérile, verticale, sourde aux souffrances du peuple. Elle reproduit les schémas du contrôle absolu, étouffe la vie partisane, et fragilise dangereusement la crédibilité des institutions», a-t-il affirmé d'un ton grave. Qualifiant l'expérience gouvernementale en cours de "désastreuse à tous les égards", M. Benabdallah a exhorté les forces vives de la société à ne pas demeurer passives face à ce qu'il décrit comme une régression politique majeure. Il a notamment mis en garde contre la reconduction, lors des législatives de 2026, du "scénario biaisé" de 2021, qu'il juge responsable d'un effondrement de la confiance civique. «Hâtons-nous d'inverser ce cours funeste avant qu'il ne soit trop tard. Le pays mérite mieux que cette mise sous cloche de l'expression citoyenne», a-t-il plaidé. Le chef du PPS a insisté sur le caractère "profondément dévoyé" du fonctionnement institutionnel actuel, marqué selon lui par la concentration excessive des pouvoirs, l'invisibilisation des contrepoids parlementaires, et une logique de gouvernance fondée sur le verrouillage plutôt que sur l'écoute. «Notre position dans l'opposition n'est pas un repli de circonstance : c'est un engagement de principe face à une trajectoire qui met en péril les acquis démocratiques les plus élémentaires», a-t-il martelé. Ni le Rassemblement national des indépendants (RNI), ni ses alliés du Parti authenticité et modernité (PAM) et du Parti de l'Istiqlal (PI) n'avaient, à l'écriture de ces lignes, réagi aux déclarations de M. Benabdallah. Mais la tonalité du discours, sa force d'interpellation et son retentissement médiatique pourraient bien marquer un tournant dans le débat public national.